Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 82. (Budapest, 1995)
GABODA, PÉTER: Conclusions historiques (et muséologiques) du trajet d'une statue égyptienne
fut évoquée à plusieurs reprises par des voyageurs hongrois. 17 Sipos n'est donc pas rentré définitivement dans son pays même à l'époque où les conditions le lui auraient rendu possible. 18 Mais il a visité son pays natal à deux reprises (en 1870 et en 1874) pour se réconforter sur le plan spirituel, professionnel et moral. 19 Au Caire, il fut estimé par ses compatriotes qui le considéraient comme leur "père", leur bienfaiteur. Pourtant, l'Association ne fonctionnait pas depuis deux ans quand, en 1877, Sipos a tenté de lui donner un nouveau souffle. 20 Il a légué à son fils György Sipos jr. son métier mais non pas sa langue maternelle! Au tournant des années 1870-1880, la colonie hongroise devait être nombreuse mais après les exactions sanglantes (1882) nourries par la xénophobie, de nombreux Européens ont quitté l'Egypte. 21 Dès ce moment, on perd définitivement les traces de György Sipos. Le transit de Constantinople En revoyant les activités de Sipos à Constantinople, nous tenterons de préciser le rôle que cette plaque tournante des civilisations a joué dans le transit des objets d'art orientaux sur leur chemin vers l'Occident. a. De Constantinople à Budapest Au moment de l'apaisement provisoire de l'absolutisme autrichien, la première réunion du Parlement hongrois (1861) depuis la chute de la guerre d'indépendance a rendu hommage "aux compatriotes vivants en exil à l'étranger" ainsi qu'à leurs pays d'accueil. Le naturaliste et collectioneur Ferenc Kubinyi (1796-1874) a proposé que le Parlement exprime sa gratitude au sultan qui avait offert un refuge aux émigrés. 22 Le Parlement ayant été dissout par le souverain autrichien, ces propositions n'ont pas pu prendre effet. Mais un an plus tard, l'infatigable Kubinyi a réussi à obtenir auprès de 17 Cf.Sz. Török, J., Vasárnapi Újság 20 (1873) p. 156: "On pourrait encore écrire davantage sur les jardins royaux entourant la capitale, pareils à des "îles du Paradis", dont l'existence est duc en partie à un Hongrois, György Sipos qui porte le titre du premier jardinier." Cf. encore le livre de Gy. Czobor sur les pèlerinages austro-hongrois en 1876: "Egyiptomi és Szentföldi Naplóm", Budapest 1881, p. 70-71: "Je devrais avoir l'imagination de l'auteur des "Mille et une nuits" si je voulais décrire les beautés poétiques de ce jardin (...) J'ai eu le plaisir au cœur chaque fois que j'ai admiré le maître hongrois dans les rapports des pèlerins étrangers. Grâce à notre brave compatriote, c'est notre pays qui fut glorifié." 18 Plusieurs émigrés furent déçus à voir, au moment de leur retour au pays, les conditions de vie difficiles qui les y attendaient. De plus, à cette époque, de nombreux citoyens austro-hongrois ont fui la misère en emigrant à l'Orient. En 1871, un décret du ministre de l'Intérieur fut censé limiter l'exode; cf. Reform 1871, n° 270. 19 L'évolution des relations hungaro-égyptiennes a eu un regain d'intérêt quand le fils du viceroi d'Egypte, le prince Tawfik Muhammad (le futur vice-roi) a fait une visite en Hongrie, en même temps que Sipos (juin 1970); la personne de Sipos fut également évoquée à ce propos; cf. Magyar Újság 4 (1870) n° 142, p.3. Sipos fut raccompagné par quatre jardiniers hongrois à la "colonie hongroise" du jardin de Gizeh. Avant son retour, il a consulté notamment l'horticulteur Ferenc Girókuti, le fondateur du Musée de l'Agriculture; cf. Vasárnapi Újság 17 (1870) p. 341. 20 Cziriák, K., Az egyiptomi magyarokról, Fővárosi Lapok 1877, n° 172, 29 juillet, p. 830-31. 21 Juste avant les soulèvements nationalistes, dirigés par Ahmed Arabi Pacha, et les massacres des chrétiens, les Hongrois étaient nombreux en Egypte; rien qu'à Assouan, il y avait une colonie hongroise de 11 personnes, cf. Magyar telep Nubiában, Vasárnapi Újság 28 (1881), p. 189. Par contre, au milieu des années 1880, un voyageur ne mentionne que moins d'une dizaine de Hongrois vivants au Caire et à Alexandrie. Cf. Vadona, 3.,Azöt világrészből, Budapest 1893, p. 14. 22 Cf. Az 1861-i országgyűlés, Pest 1861, vol. I, fasc. III, p. 225 (la séance du 16 mail 1861).