Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 79. (Budapest, 1993)

CZÉRE ANDREA: Valentin Lefebre dans la sphere d'attraction des arts vénitien et romain

de La Hyre et Nicolas Poussin qu'avec Lebrun. 5 C'est également lui qui perçoit la parenté stylistique entre l'œuvre de Lefèbre et ceux de Van Dyck, des Rubéniens et de Francesco Ruschi, surtout jusqu'en 1661, date de la mort de ce dernier 6 qui fut tenu pour son maître déjà par Arslan. Plusieurs œuvres récemment découvertes de Lefèbre semblent aussi étayer cette hypothèse. D'aucuns cherchent à rapprocher son art de celui de Giovanni Coli et de Filippo Gherardi qui, comme lui, travaillèrent un moment au Couvent S. Giorgio de Venise et lui firent connaître l'art du peintre romain, Pietro da Cortona." Lefèbre, en possession de l'idéal artistique et des procédés du classicisme, aborde la peinture vénitienne du Cinquecento, et d'une façon si personnelle qu'il put contri­buer à la faire survivre sous des formes particulières. A partir de copies, il parvient, grâce à son intuition et à son sens esthétique, à recréer du Veronese au point de faire naître un style d'un niveau élevé et d'une nouveauté impressionnante et qui diffère foncièrement du modèle imité. Les citations prises chez les grands maîtres de la peinture vénitienne, Veronese et Titien, émaillant également son Opera Selec­tiora, traduisent de la part de Lefèbre un souci de s'inscrire dans le courant des plus nobles traditions de l'art vénitien. Son aspiration se trouve en même temps au parfait diapason de la mode qui à l'époque dicta aux visiteurs de Venise d'en revenir avec de petites répliques et variantes de Veronese en guise de souvenirs. Rien ne prouve mieux, au demeurant, l'engouement collectif pour ce genre de produits que la parution massive à Venise d'estampes et de séries d'estampes d'après les œuvres de maître 8 dont précisément V Opera Selectiora précitée de Lefèbre, ayant connu trois éditions successives dans les années 1680. 9 Chez Lefèbre, le recours aux procédés stylistiques des classicismes français et romain du XVII e siècle, tels que symétrie, proportions plus étirées du corps par rapport à l'idéal renaissant, mise en relief prononcée de la ligne, affirmation des principes géométriques dans la composition et le modelé, sert de toute évidence à « contrebalancer » les splendeurs coloristiques et le goût du pictural accentués dans la peinture vénitienne au détriment de la pureté des formes. A Veronese il a emprunté la composition parallèle au cadre du tableau, évoquant la disposition des bas-reliefs, ordonnée telle une scène de théâtre, avec souvent une estrade à marches au milieu, ainsi que l'accumulation des personnages, procédé cher au maniérisme. Dans le même temps, il a tenu aux gestes simples, à la mise en relief sans équivoque de l'action principale. L'emprunt, avec fonction décorative, de détails architecturaux fermant l'espace du fond constitue d'ailleurs une pratique dont sont également coutumiers les artistes vénitiens du XVIII e siècle, tels Sebastiano Ricci et Giovanni Battista Tiepolo. Les dessins de Lefèbre traduisent le jeu chatoyant des couleurs sur les draperies somptueuses dans le langage de la décorativité linéaire. Tous ces traits ont pu être dégagés à partir d'une vingtaine de tableaux et de près de 90 dessins identifiés comme étant les siens, car, à propos de Lefèbre, même 5 Ruggeri, U., Drawings by Valentin Lefèbre, Master Drawings 26/4 (1988) p. 336. 6 Ruggeri, op. cit. (n. 1) 1984, pp. 419-420. 7 Ruggeri, op. cit. (n. 5) 1988, p. 336. 8 V. p. ex. la série de gravures réalisées par Giacomo Barri en 1667, Ticozzi, P., Immagini dal Veronese. Incisioni dal sec. XVI al XIX dalle collezioni del Gabinetto Nazionale délie Stampe. Cat. Roma 1979, p. 46. a 1680, 1682, 1684, v. Thieme-Becker, 22, Leipzig 1928, p. 558.

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