Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 78. (Budapest, 1993)
ZENTAI, LORÁND: Remarques a propos d'un dessin de Domenico Ghirlandaio
tion : en effet, les éléments du style de dessin indépendant de Ghirlandaio ne purent encore se développer à cette époque, alors que les dessins exécutés au cours de la même période à l'atelier de Lippi — mention en fut déjà faite — se rattachaient à un style de dessin de type linéaire du milieu du siècle, totalement différent. 18 L'intérêt de Ghirlandaio vis-à-vis de l'activité de Lippi à Prato dut être éveillé à l'époque de l'exécution des fresques de San Gimignano, c'est-à-dire vers le milieu ou dans la seconde moitié des années 1470. Par suite des ressemblances dans la disposition des figures et dans la manière de peindre qu'on y observe, nous pouvons supposer que les études faites au verso furent, elles aussi, exécutées à la même époque; la datation du style de ce dessin sec, un peu angulaire du milieu des années 70 correspond grosso modo à la chronologie que Cadogan établit au cours de son analyse des études de draperies de Ghirlandaio. 19 Le dessin du recto est incontestablement plus « moderne », et quant à sa technique et son style, il s'apparente plutôt aux œuvres mûres ou tardives de Ghirlandaio. Cadogan data l'étude de draperie faite pour la figure de saint Jérôme avec les dessins de Lille et de Rennes du début des années 1480 ; mais si nous considérons la technique de plume et de pinceau plus enlevée et plus riche, les contours plus dilués et le style de draperie plein d'élan comme une tendance d'évolution permanente chez Ghirlandaio, alors contrairement à la datation du dessin de Lille, paraissant plus traditionnel, dont la création peut être fixée sans aucun doute à la première motié ou au milieu des années 80, il serait plus justifié de dater le dessin de Budapest un peu plus tard, c'est-à-dire dans la deuxième partie des années 80. En ce qui concerne les analogies les plus frappantes de l'étude de draperie du recto, nous pourrons les découvrir dans certaines parties des fresques peintes pour la chapelle Tournabuoni de l'église S. Maria Novella (p. ex. certaines figures agenouillées des scènes représentant le couronnement de la Vierge ou la Nativité ou encore l'Adoration des bergers) et qui furent achevées justement au cours de ces années. 20 Finalement, bien qu'il soit hasardeux de tirer des conclusions définitives des corrélations des dessins du recto et du verso de certaines feuilles, quant à la chronologie, une preuve indirecte pour la datation tardive du dessin de Budapest peut être, que dans le cas du dessin de Ghirlandaio de Darmstadt, dont le style est le plus étroitement lié au recto de la feuille de Budapest on voit des deux côtés de la même feuille d'une part, une copie d'après Lippi au recto (les deux figures de jeunes filles de la fresque de Prato), d'autre part une esquisse pour sa propre peinture 21 de 1489, qui sont très proches l'une de l'autre du point de vue du style et de l'exécution. Tout ceci attire l'attention sur l'influence prolongée de Filippo Lippi sur Domenico Ghirlandaio. Comme nous venons de le voir, ce fut une fresque dans la manière de Ghirlandaio utilisant les éléments de la draperie de Budapest, mais de qualité inférieure qui 18 Cf. n. 7. 19 Op. cit. (n. 12) pp. 36-37. 20 D'après le témoignage des documents qui nous sont restés, la décoration par des fresques de la chapelle Tornabuoni de l'église de S. Maria Novella fut exécutée entre 1486 et 1490, cf. Lauts, J., Domenico Ghirlandajo, Wien 1943, p. 52. 21 On trouve cette date dans la peinture représentant Judith et sa serveuse (Berlin, Dahlem, n° d'inv. : 21) ; l'œuvre provient probablement de l'atelier de Ghirlandaio.