Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 78. (Budapest, 1993)
ZENTAI, LORÁND: Remarques a propos d'un dessin de Domenico Ghirlandaio
suggéra à Cadogan l'idée de définir le dessin du recto comme une œuvre de Ghirlandaio. On peut supposer que soit Ghirlandaio, soit l'un des artistes talentueux de son atelier exécuta un tableau à la base de cette esquisse : c'est au moins ce que nous pouvons conclure d'une autre variante de la composition — également de faible qualité — dont les nombreux éléments semblent être les variantes plus ou moins modifiées de la fresque de Bargello, tandis que certains de ses détails témoignent de son affinité avec le dessin de Budapest. 22 Puisque le peintre médiocre ne put exécuter la composition compliquée uniquement d'après le dessin, nous supposons que les deux versions furent créées à partir d'une composition de peinture antérieure et de meilleure qualité. La grande popularité 23 de la figure de saint Jérôme pénitent dans la seconde moitié du XV e siècle, à Florence, et l'apparition de certains types de composition en de nombreuses variantes sont illustrées par toute une série de représentations du saint. Ces œuvres sont d'ailleurs attribuées à Jacopo del Sellaio. Ces tableaux se distinguent les uns des autres dans de nombreux petits détails, mais la figure de saint Jérôme, qui ne diffère guère du type de dessin de Ghirlandaio (la position de la main droite, la draperie jetée sur les épaules et les pieds nus) est reprise avec une régularité surprenante sur chacune des œuvres. 24 La préfiguration de la série, comme Degenhart l'affirma, se trouve dans l'autel de Piero Pollaiuolo, peint en 1483, mais Botticelli influença considérablement lui aussi, la manière de 22 Santa Barbara, Cal. (Etats-Unis), Collection Morgenroth. La photo du tableau est conservée à la Photothèque du Kunsthistorisches Institut de Florence en tant que l'œuvre de Jacopo del Sellaio (?). 23 Après l'étude fondamentale de Millard Meiss (Scholarship and Penitence in the Early Renaissance : The Image of St. Jerome, Pantheon 32 (1974) pp. 134-140), plusieurs auteurs étudièrent les causes du culte de saint Jérôme, et celles de la fondation des ordres des hiéronymites et des confréries y appartenant ; ils analysèrent et systématisèrent le nouveau type iconographique né de ce culte dynamique qui s'épanouit tout spécialement au XV e siècle, à Florence. A part l'atmosphère de crise créée par suite des catastrophes naturelles, économiques et sociales et la crise de conscience des humanistes, les recherches récentes se penchent avant tout sur différentes questions concernant les rapports de l'évolution de la religiosité moderne, des aspirations de réformes au sein de l'Église et de sa volonté de renouvellement moral. Voir p. ex. : Ridderbos, B., Saint and Symbol. Images of Saint Jerome in Early Italian Art, Groningen 1984 ; Wiebel, Ch., Askese und Endlichkeitsdemut in der italienischen Renaissance. Ikonologische Studien zum Bild des heiligen Hieronymus, Weinheim 1988 ; Henderson, J., Penitence and Laity in Fifteenth-Century Florence, in Christianity and the Renaissance. Image and Religious Imagination in the Quattrocento (publié par Verdon, T. — Henderson, J.), Syracuse — New York 1990. 21 Les peintures sont conservés dans les collections suivantes (les données relatives à celles dans des collections privées sont fournis par la Photothèque du Kunsthistorisches Institut, 1992) : Stockholm, Nationalmuseum, n° d'inv. : 2366 (Van Marie, R., The Development of the Italian Schools of Painting 12, La Haye 1931, p. 385, fig. 253) ; Bonn, Provinzialmuseum, n° n'inv. : 259 (Degenhart, op. cit. (n. 2), p. 50 et Van Marie, op. cit. p. 387, fig. 254, la même peinture est inventoriée dans les Photothèques de la Villa I Tatti et du Kunsthistorisches Institut comme l'œuvre conservée au Kaiser Friedrich Museum et périe en 1945, n° d'inv. : 1139) ; Reali, collection particulière — variantes horizontales. Paris, Louvre, n° d'inv. : 1658 ; El Paso, Texas/USA/, Museum ; Munich, collection S. Boehler — variantes verticales. Les petites dimensions et les petits formats des peintures indiquent sans aucun doute qu'elles furent exécutées à des fins de dévotion domestique. D'après le Catalogo dei Fratelli du XVIII e siècle, la Compagnia di San Girolamo, fondée en 1410, comptait 700 membres environ au cours du XV e siècle, dont de nombreuses familles patriciennes de Florence. Les auteurs de la commande des peintures de Sellaio, et peut-être ceux du tableau de Ghirlandaio disparu mais exécuté d'après le dessin de Budapest provenaient probablement de leur milieu, dans les deux dernières décennies du siècle, cf. Ridderbos, op. cit. p. 77. Les recherches récentes supposent une relation plus étroite de Sellaio et de Ghirlandaio, même une coopération au cours des années 1480, voir La Pittura in Italia. Il Quattrocento 2, Milan 1987, p. 657.