Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 76. (Budapest, 1992)

ILLYÉS, MÁRIA: Giorgio Morandi au Musée des Beaux-Arts

39. Giorgio Morandi: Nature morte. Bologne, Musée d'Art Moderne de la Ville entre deux états, entre deux époques, comme l'humble bâtisse de ce dépôt, ou cette cour entourée de mur, ou ce chemin au pied d'un talus, qui pourraient bien faire partie d'un site disparu du siècle passé. Pourtant Morandi n'est pas un paysagiste du XIX e siècle qui se met devant le motif. Il vaut la peine d'attirer ici l'attention sur un passage cité par le catalogue de Budapest, extrait d'un texte de Giuliano Briganti (I paesaggi di Morandi, Torino 1984). Sa remarque met en lumière une des caractéristiques du paysage morandien. Selon celle-ci l'artiste avait l'habitude de prendre un détail de la vue maintes fois observée de sa fenêtre, et de l'agrandir à l'aide de jumelles; les arbres, les bâtiments, le ciel, doublement filtrés par la vitre et les lentilles semblent être de la même matière. L'air ne vibre dans l'atmosphère, l'espace n'a pas de profondeur. Tout comme dans les natures-mortes : la distance entre les objets se rétrécit. Ni l'espace, ni le temps ne se mesurent dans cet univers étroit, dans cette solitude et silence traversés par une vague impression de malaise et d'incertitude. Le sentiment de sécurité que suggère le spectacle quotidien des objets et du monde, chronologiquement et topographiquement définissables est absent, tout comme l'ambiance de tous les jours, la chaleur de l'intimité: qualités de la peinture réaliste. Ici, tout est silencieux, énigmatique et étranger, comme si ce monde faisait partie d'une autre réalité. L'inquiétante étrangeté de ce monde muet, l'énigme des objets les plus ordi­naires, le sentiment d'insécurité créé par un curieux ellèt spacial et l'effet d'ombres et de lumières, et l'impression que l'on a de l'existence d'une autre réalité (pour citer de Chirico: que seules les personnes choisies peuvent percevoir dans les rares moments de clairvoyance), ce sont bien les caractéristiques de la peinture métaphy­sique. Joan M. Lukach a, la première, attiré l'attention sur le fait que l'on a beau chercher cet atmosphère magique dans les œuvres de jeunesse de Morandi, pendant sa période métaphysique (Giorgio Morandi and Modernism in Italy between the

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