Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 76. (Budapest, 1992)
ILLYÉS, MÁRIA: Giorgio Morandi au Musée des Beaux-Arts
GIORGIO MORANDI AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS L'exposition Morandi, présentée au Musée en mai et juin 1991 dans le cadre des journées italiennes, sous l'égide des gouvernements italiens et hongrois, par les soins de M mes S. Evangelisti, B. Cifka et M. Castagnoli, promettait d'être un événement digne d'intérêt. Comme la majorité des artistes du XX e , Morandi n'est connu en Hongrie que d'après des reproductions. L'importance de son œuvre dans l'art moderne n'est point ignorée, mais les peintures elles-mêmes qui portent témoignage de son prestige n'avaient jamais été vues dans l'original. Il est vrai que sa peinture évoluait en silence, et ensemble avec elle sa renommée grandissait aussi imperceptiblement. Il serait malaisé de définir exactement la date à partir de laquelle il commençait à compter parmi les grands créateurs du siècle. Avant la seconde guerre, en Italie, sa réputation n'était pas encore généralement répandue, et en dehors des frontières de son pays peu connaissaient encore son nom. L'artiste avait toujours participé, depuis ses débuts, à des expositions mémorables, nationales ou internationales. Toutefois le fait, qu'il ne fut pas inclus à la grande exposition d'art moderne italien en 1936 à Budapest, manifestation organisée par les gouvernements italiens et hongrois, et ayant présenté à travers plus de cinq cent œuvres de Carra à Modigliani, de Severini à de Chirico tous ses contemporains connus, mériterait une remarque. Plus tard quand les grandes rétrospectives Morandi ont montré, à la fin des années soixante-dix, aux deux extémités géographiques de l'Europe, à Moscou et à Londres, l'œuvre du peintre, son attrait n'était plus à découvrir, son importance était déjà devenue lieu commun. Car celui qui avait vu auparavant, rien que sur une de ses toiles, les objets disposés de façon bizarre, les uns serrés contre les autres, ou bien ses eaux-fortes où joue le contraste du noir et du blanc, ou encore ses paysages ternes dont les ombres menacent d'un danger sans forme, celui donc qui avait aperçu, ne serait-ce qu'une seule fois, cet univers homogène, tout d'un bloc, dans lequel l'homme est absent, n'avait plus oublié le nom de Morandi. L'homme y est absent, pourtant tout est sa création. L'empreinte de la volonté humaine, de l'esprit créateur a marqué les paysages et les objets du monde de Morandi, mais l'homme lui-même n'est plus là, d'où vient une impression de manque. L'être absent est un contemporain de l'artiste, à en juger par le broc en fer-blanc, l'entonnoir à pétrole, le petit pot émaillé, ou la boîte en carton, le vase en verre, fabriqué en série, la bouteille vide, tout ce bric-à-brac sorti du capharnaiim du grenier, ne pouvant plus servir, mais pas encore prêt à être jeté. Monde transitoire,