Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 76. (Budapest, 1992)

BODNÁR, SZILVIA: Un dessin d'Arcimboldo

aussi bien par les allégories des quatre éléments et des quatre saisons que par la figure de Vertumnus régnant au-dessus des saisons et des éléments, et portant les traits de Rodolphe II, ou encore par les conceptions des jeux de fête; à l'invention et à la réalisation desquels Arcimboldo participait régulièrement, tout au moins fut-ce le cas dans la période allant de 1570 à 1585. Depuis la Renaissance, le but des tournois, des cortèges et festivals organisés à l'occasion de couronnements, de mariages ou d'autres événements de grande portée, par exemple, en l'honneur des personnalités de haut rang visitant la cour, était de rehausser le prestige des souverains, de faire reconnaître le caractère légitime de leur pouvoir. La propagande politique se faisait dans la majorité des cas prévaloir par l'intermédiaire de programmes allégoriques compliqués et complexes dont les auteurs comptaient sur les connaissances mythologiques et historiques du public.

7 Selon les sources, parmi les cérémonies conçues par Arcimboldo, la série de festivités ayant duré deux semaines et organisées à l'occassion du mariage du prince Charles et de Marie de Bavière ont remporté le plus grand succès qui est sans doute la cause du grand nombre de témoignages contemporains s'y rapportant.

8 Cela vaut la peine de conter plus en détail l'un de ces épisodes, parce qu'il offre un arrière-plan et une interprétation à une partie considérable des dessins faits par Arcimboldo. Deux jours après la cérémonie nuptiale tenue le 26 août 1571, le 28 août on avait organisé un concours de cerceaux (un jeu de grâces)

9 et les membres de la haute société arrivaient aux lieux du jeu en cortège solennel. Les participants de ce défilé — et, parmi eux, les membres de la famille impériale — illustraient dans le cadre d'une histoire allégorique ce qu'Arcimboldo voulait suggérer sur l'harmonie du monde se manifestant par la concordance du microcosme et du macrocosme, et sur les Habsbourg en tant que seigneurs de cet ordre et de cette harmonie. La discorde de Junon et d'Europe figurait au centre du programme : de ces deux la première marchait en tête, en tant que patronne des mariages. Parmi les rois des trois continents appartenant à son escorte, notamment l'Afrique, l'Asie et l'Amérique, les deux premiers étaient représentés par le prince Ferdinand et le prince Charles. Iris descendant des nuages proclama la demande de Junon, de désigner l'enceinte du combat sur les continents qui étaient placés sous son égide. Europe confrontée à ceux-ci, entra sur les lieux du concours sur le dos d'un taureau accompagnée de sirènes et d'hommes symbolisant les sept arts libéraux. Le groupe suivant composé de nobles et d'amazones habillés en fauves et en sauvages, était conduit 7 Jacquot, J. (éd.), Les Fêtes de la Renaissance, I—II, Paris 1956, 1960, 1975; Vocelka, K., Die politische Propaganda Kaiser Rudolfs IL (1576-1612), Vienne 1981, pp. 56-63; Scheicher, E., dans Zauber der Medusa, Europäische Manierismen Kat. Vienne 1987, pp. 81-90. 8 Les manuscrits de G. B. Fonteo dans la Österreichische Nationalbibliothek: Cod. 10466 (le programme allégorique des noces, du mariage), Cod. 10206 (les documents concernant la fête). Cf. sur ce sujet Kaufmann, T. DaCosta, op. cit. (n. 6), pp. 33-40 et idem, loc. cit. (n. 2), pp. 276-277, pp. 292-293 et n. 12, 14, 61; un témoignage imprimé de l'époque, illustré de gravures sur bois : Wirrich, Fl., Ordentliche Beschreibung des Christlichen hochloblichen und Fürstlichen Beylags . . . Vienne 1571; voir les détails du texte de Fonteo et Wirrich chez Vocelka, K.. Habsburgische Hochzeiten 1550-1600, Vienne-Cologne-Graz 1976, pp. 46-85, pp. 168-183; Zwiedenick, H., Mitteilungen des Historischen Vereins für Steiermark Al (1899) pp. 193-213; Alfons, S., Giuseppe Arcimboldo, Malmö 1957, pp. 74-85. 9 Sur le concours des jeux de grâces faisant partie des tournois et provenant d'Italie (Ringelrennen) voir Vocelka, op. cit. (n. 8), p. 82.