Garas Klára szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 60-61. (Budapest, 1983)

HARASZTI-TAKÁCS, MARIANNA: Deux portraits de Goya. Manuela Ceán Bermúdez et José Antonio de Caballero

corpulent, aux minces lèvres ne faisait que renforcer la position de Caballero dans la cour si pleine d'intrigues. La ,.caractéristique" que donne Goya sur ce portrait qui rend la pure vérité implacable avec des moyens artistiques, corres­pond à l'opinion des contemporains. Cet homme dans son habit de cour rouge­noir brodé à l'or, sans la perruque portée jusqu'à la fin du siècle, avec le ruban de satin pour les décorations sur sa poitrine, est représenté avec les nets con­tours devant le fond verdâtre comme un homme discipliné et mesuré. Con­naissant les opinions sur son caractère, seul le visage permet d'en déduire une personnalité le moins du monde attirante. Quant à la marquise, le maître nous montre non seulement son aspect extérieur répugnant, mais aussi toutes ses qualités désagréables, et ce sans aucune considération. Les manches courtes et le décolletage de la robe sont décorés de tulle plissé d'une finesse éthérée. Sa coiffure suit également la nouvelle mode plus naturelle, les boucles crêpelées, ,,coquettes" qui tombent sur son visage, portent un bouquet de fleurs. Tout le visage est dominé par la mince bouche qui, avec le nez courbé dessus, fait disparaître l'impression plus agréable produite par les cheveux foncés et les yeux, et prête au tableau un caractère de caricature. Les gros bras et le regard exprimant le désir de régner, rappellent un peu la reine. Après les portraits de Dona Manuela et de Ceán Bermúdez, devenu immortel comme écrivain d'art, simples et intimes, qui créent un rapport intime avec le spectateur et le peintre, les portraits de Caballero et de son épouse nous transmettent l'atmosphère pleine d'intrigues d'une cour à son déclin. MARIANNA HARASZTI-TAKÁCS en grand secret à s'enfuir en Amérique, et par là monta le peuple aussi contre la famille royale. (Cf.: D'Abrantès, Madame la Duchesse: Mémoires. Paris, sans date. VII. 126) Tous ceux qui parlent de lui, désignent Caballero comme représentant de la ligne réactionnaire, Godoy et Urquijo aussi étaient ses ennemis. Godoy écrit de lui qu'il obtint sa fonction élevée sans avoir lu une seule page d'histoire, sans avoir connu le droit et les lois, sa philosophie (il doit penser plutôt à sa conception de vie) est une mauvaise dialectique ridicule, ses connaissances étaient fournies par quel­ques vieux commentaires du droit romain et espagnol. (Cf.: Memóriás. II. 354—356). En fin de compte, Caballero suivit la cour à Bayonne et, après l'expulsion de José Bonaparte, émigra en 1812. Son portrait en pied, oeuvre d' A. Esteve, se trouve à la collection de Villavicencio. Il y paraît plus jeune que sur les portraits peints par Goya en 1802 et en 1807. (Cf.: Sori a, M. S.: Augustin Esteve y Goya. Valencia, 1957. 123, fig. 71). Le portrait de Caballero, provenant de l'ancienne collection Oscar B. Cintas (fig. 92) n'est probablement pas une oeuvre autographe de Goya.

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