Garas Klára szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 52. (Budapest, 1979)
KAPOSY, VÉRONIQUE: Maîtres français suivant la voie du néoclassicisme
A ces oeuvres se rattache une aquarelle de grandes dimensions, conservée au Musée des Beaux-Arts de Budapest, oeuvre de Simon Julien (Toulon 1735— 1800 Paris), 12 exécutée, selon la signature de l'artiste en 1777 (fig. 55). 13 Du côté gauche de la composition se trouve le bateau, comme sur le dessin de Boichot, avec plusieurs personnes qui s'appliquent à l'accoster. Sur la passerelle posée par terre, Agrippine, l'urne à la main, s'avance vers le bord. A côté d'elle marche son enfant aîné s'accrochant au manteau de sa mère, tandis que le cadet est dans les bras d'une des dames de sa suite. Dans la foule compatissante, en deuil, un soldat ouvre le chemin pour les arrivants. Du côté droit, sur la colonne qui se dresse dans le fond, on voit des fasces suspendus dans un sens inverse en signe de deuil, et devant la colonne, d'un vase luxueux, s'élève la fumée d'un sacrifice. Il est à remarquer que sur les oeuvres connues, précédant le dessin de Julien, Agrippine est toujours accompagnée de deux enfants grandelets (par exemple sur les oeuvres de B. West et de G. Hamilton, sur la gravure d'après Gravelot et même sur la feuille de Biochot qui est probablement postérieure au dessin de Budapest), seule sur la peinture d'A. Renou, datant de 1779, se voit encore l'enfant en bas âge. La colonne ornée de fasces revient sur le tableau de H. Hamilton, mais le vase brûle-parfums ne figure que sur le dessin de Julien. Il s'ensuit que cet artiste connaissait bien le texte de Tacite (Liber III. Cap. 2) et qu'il s'y tenait jusqu'aux menus détails. Les personnages sont alignés comme sur une frise, et seule la colonne dépasse les tourbillons de fumée et de brouillard du fond. Agrippine, gracieuse, porte l'urne appuyée contre son épaule et sa hanche, le voile couvrant sa tête laisse libre son sérieux visage, son ample vêtement, comme agité par le vent, ondule abondamment suivant ses pas, l'écharpe flotte autour du vase contenant les cendres. La même brise agite le pavillon du bateau et le manteau du soldat romain. L'austérité de la scène est soulignée par les tons foncés du dessin, le coloris blanc-grisâtre et brun. Dans le dessin des personnages, dans la reproduction des gestes, Julien rappelle souvent les grands maîtres du XVII e siècle (Le Sueur, Le Brun), mais le caractère ondulatoire, mouvementé, typique du XVIII e siècle, marque toute sa composition. Dans l'oeuvre du maître ce dessin constitue par là une transition, qui conduit de son style plus pondéré, plus lié aux maîtres du XVII e siècle, — représenté par le tableau „Le sacrifice de Manoa" (Le Mans, Musée de Tessé) 14 exécuté en 1760, — à la période tardive où la structure des tableaux est plus compliquée et où les vifs mouvements des drapés accompagnent les gestes fougueux des personnages, rendant ainsi vibrant l'atmosphère des scènes (p. e. Jésus chasse du Temple les marchands, 1798, Louvre). 13 Simon Julien s'est adressé à l'histoire antique pour choisir le thème de son dessin de Budapest. Comme source, il se servit de Tacite, si préféré par les artistes du XVIII e siècle, sa composition a des analogies avec les premiers maîtres anglais du néo-classicisme, quant à la forme et le style, il se rattache aux traditions classiques de la peinture française du XVII e siècle. Nous connaissons 12 No d'inv. 2995, plume, bistre, rehauts de blanc, 370x980 mm. Collection Esterházy (II. 32). Figura à l'exposition du Musée des Beaux-Arts: Hoffmann, E.: Francia rajzok (Dessins français). Budapest, 1933. No 69. 13 „Sim. Julien Toi ... fecit 1777" " Rosenberg, P.: Le siècle de Louis XV. Peinture française de 1710—1774. Exp. des Musées Nationaux du Canada. Ottawa, 1976. No 50. 15 Rosenberg, P. — Reynaud, N. — Compin, I.: La peinture au Musée du Louvre. Catalogue illustré. Ecole française XVII e et XVIII e siècles. Paris, 1974. Vol. I. No. 371.