Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 42. (Budapest, 1974)
G. AGGHÁZY, MARIE: Nouvelles données relatives aux themes de quatre sculptures
Salvini, 8 qui nous invite à supposer que ce soit un détail de la tradition orale - diffusée par les moines irlandais déjà («Scotti peregrini») établis en Lombardié dans plusieurs villes, — qui fut sculpté dans la pierre à Modène. Revenant à notre représentation bien plus récente, les antécédents ci-haut décrits rendent probable (pie nous soyons en présence d'un épisode de la légende de Tristan devenue très populaire. Cette question fut soulevée déjà plus tôt, à l'occasion d'une exposition qui eut lieu on 1913, à Paris ; Koechlin par contre, dans son vaste ouvrage (vol. II, n° 377) signale qu'il n'a trouvé aucune preuve de cette hypothèse. Dans le roman en vers de Beroul, écrit vers 1200, la première mise en oeuvre intégrale de l'histoire de Tristan, il n'y a en effet pas question de la maison forestière en bois, et à l'exception du vieux Gouvernai il n'y a personne qui serait au service des amoureux dans leur solitude. Ce n'est que la hutte de branchages construite par eux-mêmes qui les protège contre les intempéries. Dans la série des versions en prose, nées entre la fin du XIII e et le XV e siècle, on rencontre des différences, comme par exemple, dans la forêt de Morois ils ((s'installent dans une maison située au pied d'une roche et construite par un demoiseau de Cornouaille, qui y avait amené sa dame. . .», mais aussi une dame d'honneur d'Iseut est restée avec eux. Et Gouvernai put procurer dans un château voisin, outre les aliments trouvables dans la forêt, des vivres nécessaires 9 . Et chez Malory (l re éd. Londres, Caxton 1485) il «Brought her (La Beale Isoud) into a forest to a fair manor, and Sir Tristram there abode with her.» 10 Le renoncement complet au luxe, au comfort de la vie de cour affronté pour l'amour s'est donc graduellement adouci. Les versions en prose françaises ne nous donnent aucun renseignement sur la route que les amoureux ont parcourue pour arriver dans la forêt. Ce n'est que par Malory (pie nous savons que lorsque, un peu plus tôt, Palamède ravit Iseut de son époux royal «Queen Isoud was set behind Palamides, and rode his way». (Vol. I, Livre VIII, Chap. 30, p. 280). Ils étaient donc assis ensemble sur le même cheval. Or, lorsque invités par Lancelot, elle et Tristan se sont décidés de quitter définitivement Cornouaille pour, en passant vers Logres devant le Camaaloth d'Arthur, arriver au château de doyens (bird, tous deux durent affronter un voyage à cheval extrêmement fatigant. Il est possible (pie les différents motifs répétés se soient sur notre sculpture un peu mélangés, ce (pie Löseth considère du reste caractéristique des compilations de la Table Ronde italienne. Toujours est-il qu'avec le temps la rigueur de l'abnégation dont les amoureux se chargent dans leur solitude, s'adoucit quelque peu. C'est un phénomène analogue à l'adoucissement de la rigueur originale des ordres religieux de temps en temps réformés ou récemment constitués. 11 8 8 a 1 V i n i, R. : Il Duomo di Modena. Modène, 196(5, p. 68, 97. — L e j e u n e, 11.: La légende du roi Arthur- dans l'iconographie religieuse médiévale. Archeológia. Paris, 19(57. N° 14, p. 51 — 50. — Q u i n t a V a 11 e, A. C. : Romanico padano, civiltà d'occidente. Florence, 1969. p. 25. — B r o o ke, Chr. : The Twelfth Century Renaissance. Londres, 1969. p. 11, fig. 1. ;) L ö set h, E. : op. cit. sous le n° 3, p. 43, par. 52. 10 M a 1 o r y, Sir Thomas: op. cit., vol. I. Book VIII, Chap. 35, p. 289. 11 Walz, A.: Compendium históriáé Ordinis Praedieatorum. Rome, 1930, p. 193 et 587, noie 76. Par exemple, le premier statut des Dominicains, datant de 1259, prescrit que: «ne de caetere in nostris conventibus habeantur imagines nisi pictae, nec fenestrae vitreae nisi albae cum eruee, nec litterae aureae in libris nostris.» VA en 1298, c'est en général seulement «inhibemus quad in conventibus nostris, in picturis, vel sculpturis (!) seu in quibuseumque aliis similibus nulle curiositates notabiles fiant.» E v a n s, J. : Art in medieval France. Londres, 1948. p. 146.