Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 41. (Budapest, 1973)
HARASZTI-TAKÁCS, MARIANNE: Quelques problemes des bodegones de Velasquez
Q U E L Q U K S PROBLÈMES J) ES HO J) EGON ES DE VELASQUEZ La renommée de Diego Velasquez, le plus grand maître du XVII e siècle — l'âge d'or espagnol — a dépassé relativement tard les frontières de son pays. En 1023, à l'âge de 24 ans, il entra au service du roi et exécuta la grande majorité de ses tableaux pour servir de décor aux palais et châteaux royaux où ils demeurèrent pendant plusieurs siècles. En premier lieu portraitiste, il peignit les portraits de Philippe IV et de sa famille, et ceux des hauts dignitaires et des personnes appartenant à la cour. Hors l'Espagne ses tableaux authentiques ne sont passés dans un plus grand nombre que dans les pays où, en raison des rapports dynastiques, ils arrivèrent à titre de cadeau. Sa seconde femme, Marianne d'Autriche, et les fiançailles de Marguerite-Thérèse, sa fille cadette, avec Leopold I er empereur et roi, ont rattaché Philippe IV à la maison d'Autriche, tandis que le mariage de sa fille aînée Marie-Thérèse avec Louis XIV, roi de France, le liait à la cour de France. C'est ainsi qu'on retrouve à Vienne et à Paris une importante série des portraits de Velasquez. Le nombre de ses tableaux peints pour des particuliers est — du moins à notre connaissance — très restreint. A côté de sa vocation de peintre de la cour et des offices importants qu'il y a remplis, il n'eut ni le moyen, ni le temps de s'occuper des clients privés. Tout autre, cependant, est la situation pour ses oeuvres de jeunesse exécutées à Seville. La plupart de celles-ci sont des tableaux de genre, dits bodegones, 1 dans lesquels il présente des gens simples assis autour d'une table 1 Le bodegón signifie, dans l'acception d'aujourd'hui, une nature morte et un tableau de genre hérissé d'éléments de nature morte. Au XVII e siècle on entendait sous le bodegón un tableau qui représentait des gens simples prenant leur repas modeste dans une auberge ou dans une cuisine de paysans. On appelait bodegón les tableaux représentant — pour la plupart en demi-figure — des musiciens, des muletiers des femmes faisant la cuisine, parmi des objets minutieusement peints. Le mot «bodega» lui-même se rattache aux notions de cave, cellier, épicerie dans les ports et n'est employé dans la langue espagnole d'aujourd'hui que dans les villes andalouses et en Amérique Latine. Conformément aux lois de la linguistique, formulées par F. de Sausseure, l'idée et l'expression se sont reléguées aux périphéries conservatrices. A Montevideo, en Transylvanie, à Cadiz et à Havane on voit même de nos jours le nom «Bodega» en tant qu'enseigne des cabarets et épiceries des périphéries des villes. L'acception du mot comme cellier, épicerie et cabaret explique la variété des tableaux de genre de Velasquez et d'Alejandro de Loarte, son aîné, qui eux entrent presque tous dans l'interprétation de Cervantes des auberges espagnoles. Car l'«Ahnuerzo» deBudapest (le Repas des paysans), où prennent leur repas des bergers ou valets, aussi bien que le «Déjeuner» de Leningrad, où mange un jeune homme possédant un sabre, peut-être un pauvre hidalgo, et la Femme friant des oeufs ou le Porteur d'eau, ou les deux jeunes hommes attablés ou les laveuses de vaisselles, même le «Repas à Emmaüs» transformé auparavant en bodegón, peuvent représenter un intérieur de cuisine. Surtout si nous considérons les descriptions des «posada» de Cervantes, ou le compte rendu de Mme d'Aulnoy qui décrit avec horreur les conditions en Espagne, par exemple l'auberge de Burgos où la même pièce sert de cuisine et de salle à manger, et dans quelques cas aussi d'écurie (La Cour et la Ville de Madrid vers la fin du XVII e siècle. Relation de voyage d'Espagne par la comtesse D'Aulnoy. Paris, 1874. 92. Première édition en 1705. Elle fit