Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 39. (Budapest, 1972)
SZILÁGYI, JEAN-GEORGES: Deux canthares apuliens
paupières supérieures et inférieures. 7 Ce dut être le cas aussi pour la première conception du dessin des yeux sur la tête de Budapest, autant (pie les restes de la ligne en relief permettent de le discerner (fig. 8). Par contre, dans l'exécution définitive le peintre a dessiné l'oeil gauche non selon la manière habituelle de rendre le visage vu de face ou de trois quarts, mais d'une façon qui était de coutume pour les visages vus de profil, bien plus fréquents: entre les paupières supérieure et inférieure il y a une large fente dans laquelle la pupille est marquée non d'une tache noire ronde mais d'un gros arc, répondant à la vue de profil, seniblablement aux yeux des personnages représentés sur la face B, et aux yeux des visages vus de profil sur les deux faces de l'autre canthare. La manière de représenter sur le même visage vu de tiois quarts l'oeil droit vu de face et l'oeil gauche vu de profil — dont on connaît quelques autres exenqoles dans la peinture de vases apulienne de l'époque 8 — est particulièrement frappante, car nous l'avons vu, il nous faut la considérer comme la correction de la première conception «traditionnelle». Cette simultanéité des deux différentes vues nous est connue en premier lieu par le cubisme, dans la théorie aussi bien que dans la pratique. Toutefois, le principe fondamental lui-même a existé déjà bien plus tôt, et il peut être démontré aussi dans l'art grec au moins jusqu'à la fin de l'époque archaïque. 9 Bien entendu, on n'oserait guère penser (pie le peintre de vases apulien ait été consciemment le précurseur de la conception spatiale analytique de la peinture moderne. Il est cependant incontestable que le principe qu'on voit réalisé dans la représentation du visage du canthare de Budapest, et dont on connaît les analogies italiques de l'époque, 10 était la critique pratique de la conception perspectivique et naturaliste de l'espace, triomphant dans les oeuvres des grands peintres classiques grecs, et qu'il n'est, en tant (pie la manifestation d'une tendance, dans le fond contraire à l'art classique grec, pas unique dans l'art contemporain de l'Italie. 11 Une différence digne d'attention entre cette conception et celle du XX e siècle est que ces phénomènes ne sont apparus dans la civilisation de l'hellénisme ancien de l'Italie en général qu'à un niveau artistique très bas, pour ainsi dire dans la périphérie de la production artistique. Déjà ce fait nous interdit de penser à une archaïsation, à une remontée consciente à la conception artistique déjà existante dans les périodes antérieures cihaut mentionnées. Il est plutôt question du fait que la force des traditions classiques grecques a cessé d'être obligatoire; par conséquent on a vu se libérer et apparaître — bien qu'elles n'aient pas représenté un système cohérent — des formes d'expression artistiques «anticlassiques» qui constituaient déjà antérieurement les idées maîtresses de l'art de l'une et de l'autre culture ou période, et qui, dans notre siècle, redevinrent actuelles dans de nouveaux contextes et désirèrent exprimer un " Quelques exemples parmi tant d'autres: CVA Milano 1, IV D, pl. 7,1 ; (JVA Varsovie 4, pl. 43,3; Baur, P. V. C. : Catal. Stoddard Coll. New Haven, 1922, p. 166, fig. 69; L a n g 1 o t z, E. : Griechische Vasen in Würzburg, pl. 245, n° 8(57 ; J u e k e r, H. : op. cil . (ci-haut note 3), fig. 123, 1 26 — 8; S z i 1 á g y i, J. G., Acta Debrecen (ci-haut note 3), pl. 1 2 ; S i c h t e r m a n n, H. : op. cit., (ci-haut note 4), passim. 8 Cf. par ex. O 1 i v e r, A. : The Reconstruction of Two Apulian Tomi) Groups. Hern, 1968, p. 5,4 et la représentation d'un vase de Gnathia: CVA Tarante 3, IV D, pl. I 9, 3. 9 W a 1 t e r, O., ÖJh 38 ( 1950) pp. 17 et suiv., en particulier p. 34 (sur la représentation dans l'art grec archaïque des deux yeux l'un vu de face et l'autre de profil). 10 Cf. par ex. les représentations d'oenochoés sur une fresque de la Tomba Golini d'Orvieto, P o u 1 s e n, F. : Etruscan Tomb Paintings. Oxford, 1 922, fig. 32; Ducat i. P. : Die etruskische, italo-hellenistische und römische Malerei. Wien, 1941, pl. 19; pour la datation P a 1 1 o t t i n o, M. : La peinture étrusque. Genève, 1952, p. 97. 11 Cf. Szilágyi, J. Gy., dans: Festschrift G. v. Lücken. Rostock, 1968, pp. 790 — 7 et Acta Antiqua Acad. Scient. Hung. 18 (1970) pp. 240 et 260-61.