Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 38. (Budapest, 1972)

DOBROVITS, ALADÁR: Le Chacal dans la Barque

ment à la sphère des Enfers. Mettre en rapport les chacals — errant à la tombée du jour et la nuit parmi les tombes du désert et sortant en glissant des arbustes de tama­risque - avec le domaine des morts, était une idée naturelle et compréhensible en soi-même. Le fait que le chacal a volé les offrandes déposées à l'intention des morts, a pu mener — par suite d'un raisonnement rencontré fréquemment dans l'histoire des religions — au résultat que c'est justement le dieu-chacal qui fut considéré comme le protecteur suprême des offrandes funéraires et alimentateur des défunts, telle l'expérience, en vertu de laquelle le chacal a déterré, dépiécé et éparpillé les cadavres dissimulés superficiellement sous le sable ou pas suffisamment protégés, qui put également mener à la formation de l'idée du dieu-chacal considéré comme le 23rotecteur suprême des tombes et de l'intégrité des cadavres, ainsi que de l'embau­mement. C'est cette même idée qui a pris forme aussi dans le fait que le chien domes­tiqué dérivant d'une espèce de chacal soit devenu l'aide suprême de l'homme en premier lieu du chasseur et du berger, et le gardien de la maison de l'homme établi. L'ensevelissement des chiens était de coutume en Egypte dès les temps préhistori­ques. Quant à la coutume de déposer des statues de chiens dans les tombeaux, celle­ci a survécu jusqu'à l'époque hellénistique. Une coutume généralement connue des canidés, et particulièrement à l'Orient — où elle peut être observée même de nos jours - est de dévorer à tout bout de champ des déchets, des ordures et des excréments humains et animaux. Or, nous connaissons la conception suivant laquelle les morts qui ne furent pas enterrés con­formément aux règles rituelles, ou qui ne participèrent point aux offrandes funérai­res régulières, furent contraints à errer sur les chemins et à se maintenir de déchets, et même d'excréments. C'est le même raisonnement qui conduisait de l'idée du chacal volant les offrandes funéraires, errant parmi les tombes et déterrant et dépiè­çant les cadavres, à celle du dieu-chacal protecteur des tombeaux, alimentateur des morts et assureur de l'intégrité des cadavres; c'est lui qui de canidés dévorant les déchets et les excréments se transforme en dieu-chacal délivrant les défunts du danger de devoir consommer les excréments. La peur de la honte d'avoir à manger les excréments était, à l'époque de l'ori­gine du texte des Pyramides cité et se rapportant au texte, apparamment encore une idée vivante; les Textes des Pyramides en montrent encore une unité logique, tandis que dans le Chapitre Cil du Livre des Morts nous la trouvons déjà mêlée à des élé­ments étrangers de caractère magique, la contrainte de manger les excréments étant à cette époque déjà une idée absurde, à plus forte raison que la nécessité de l'approvisionnement des morts par d'offrandes effectives et continues se relégait de plus en plus au second plan. Et c'est justement pourquoi — malgré que le rôle des dieux-chacals en leur qualité d'alimentateur des morts ait subsisté jusqu'à la fin de l'histoire égyptienne — la peur d'avoir à manger des excréments est omise dans le texte traitant de l'alimentation des défunts, ainsi que nous le voyons aussi dans le cas de la stèle de Budapest. ALADÁR DOBROVTTS

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