Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 36. (Budapest, 1971)

G. AGGHÁZY, MARIE: La statuette équestre de Léonard de Vinci

La figure du guerrier assis sur un cheval cabré a préoccupé Leonard de Vinci pendant plusieurs dizaines d'années: dans l'arrière plan de l'Adoration des Rois Mages (vers 1481), sur les ébauches et projets des deux monuments de Milan non réalisés (celui de Sforza, entre 1483 et 1499), et de Trivulce entre 1508 et 1511), et dans la période entre ces deux derniers, sur les esquisses faites pour la bataille d'Anghiari, destinée à Florence (vers 1503). C'est surtout dans les études de détails faites pour la bataille d'Anghiari qu'on observe la surtension, soulignée par Lomazzo, qui caractérise non seidement les chevaux, mais aussi les visages humains durcis et déformés dans la chaleur du combat. Contrairement aux visages de ces guerriers, les traits de visage du cavalier de Budapest sont tranquils et c'est plutôt une désinvolture qui en émane. A savoir, ce cavalier n'est pas un guerrier, mais le héros vainqueur d'un tournoi historique, qui, comme le témoigne le casque à couronne et au dragon, est un personnage royal. Les historiens ont déjà souvent étudié le casque au dragon 19 en évoquant un dessin de jeunesse de Léonard (Londres, British Museum), sur lequel un guerrier au visage dur porte un casque et une ar­mure encore plus fantastiques. On a rattaché ce dessin aux reliefs de l'atelier de Verrocchio, subsistant en plusieurs versions et représentant Darius, Alexandre le Grand et Scipion. Les reliefs originaux en bronze furent envoyés en cadeau à Mathias roi de Hongrie par Laurent de Médicis. Malheureusement, ces reliefs ont disparu. 20 Le dragon en tant qu'insigne de guerre est, selon András Alföldi, d'origine germanique et était connu déjà par les Romains au temps du Bas-empire. 21 Il ap­partient aux emblèmes animaux destinés à infliger la peur à l'ennemi et est arrivé en Europe des territoires des steppes. On le rencontre aussi sur la tapisserie de Baveux et il figure, également comme ornement de casque et insigne de guerre, chez le poète anglais: Monmouth, le premier qui a rassemblé la légende d'Arthur, vers 1140. 22 Donc le fait que dans le chapitre de Lomazzo consacré aux saints, aux héros, etc., l'attribut d'Arthur, le casque au dragon, a un fond sérieux. L'un des protagonistes d'une histoire du genre épique chevaleresque français, «Les neuf preux» est le roi Arthur vaincu. Et la personnification des neuf preux est demeurée populaire pendant si longtemps que même François I er s'est volontiers chargé de jouer le rôle de l'un ou de l'autre preux. 23 * Rappelant les vers de B. Tasso qui parlent du cheval, il convient de remarquer qu'il a nommé le cheval de bataille représenté par notre statuette «destrier». A la suite d'Eustache Deschamps (vers 1340 — début du XV e siècle) et du Glossaire Latin de Charles du Fresne Ducagne (1010— 1688) 24 nous apprenons que le «destrier» est un cheval au corps puissant et que les cavaliers l'ont utilisé seulement pour la 19 G o 1 d s c li c i d c i-, L.: Leonardo da Vinci. London, 1951, p. 24, pl. 5, fig. 42 — 45­20 B a 1 o g h, -L: A művészet Mátvás királv udvarában (L'art dans la cour du roi Mathias). Budapest, 1900, pp. 513-516, fig." 409-414, dans le volume Blanches pp. 284-287. 21 Schramm, P.E.: Herrschaftszeichen und Staatsymbolik. Beiträge zu ihrer Geschichte vom dritten bis zum sechzehnten Jahrhundert. I —III. Stuttgart, 1954. L'opinion d'And ras Alföldi citée et toute la question dans le tome II, à partir de p. 659. 22 S c h r a m m, P. E. : op. cit., II, p. 662, III, p. 989. 23 Les textes de l'époque de la chevalerie française et leur commentaires les plus amplement dans: Sainte — Palaye, J.-B. de la Curne de: Mémoires sur l'ancienne chevalerie. Avec une introduction et des notes historiques par Ch. Nodier. Nouvelle édition. Paris, 1829, I, pp. 359 et 412, note 28, p. 464. 24 Cité : J.-B. de la Curne de Sain te — Palaye: op. cit., I, p. 41, note 35. 0Í)

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