Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 30. (Budapest,1967)

GARAS, CLAIRE: Le tableau du Tintoret du Musée de Budapest et le cycle peint pour l'empereur Rodolphe II

à Déjanire, l'artiste a représenté Nessos avec le même corps velu, aux cornes et aux oreilles d'animal que le faune visible sur le tableau de Budapest. Donc, cette trosième scène du cycle, tout en montrant Héraclès comme le vainqueur du péché, le faune intrus, signale aussi son destin, les incidents causant sa perte. Selon les lois des ensembles allégorico-mythologiques, la quatrième représentation terminant le cycle dut se rapporter à l'apothéose du héros, à sa victoire céleste. La descrip­tion de Ridolfi qui, pour sujet du quatrième tableau mentionne les Muses, harmonise elle aussi avec cette hypothèse. Giraldi met lui aussi Héraclès en rapport avec les Muses, et l'accord final des allégories héracléennes du XVI e siècle — ainsi qu'il ressort des nombreuses sources contemporaines — a été souvent une scène solennelle qui comprenait les Muses, Apollon et les trois Grâces. 38 C'est précisément cet ensemble qu'on voit sur le «Parnasse», qui, en 1632, est passé du château de Prague à Dresde et était attribué autrefois au Tintoret. Étant donné que c'est justement ce tableau que la tradition contem­poraine met en rapport avec l'empereur Rodolphe, il convient de peser si c'est en effet ce tableau qui constituait la quatrième pièce du cycle. Cette peinture ne figurait guère dans la littérature sur le Tintoret, 39 elle ne fit jamais l'objet d'une étude approfondie, et étant disparu pendant la guerre, nous ne sommes pas en mesure de l'analyser et de l'apprécier avec une certitude absolue (fig. 30). Sur le tableau de grand format est disposé, devant une rideau de feuillage vert, un groupe de Muses, un sur chaque côté, tenant leurs attributs, des instruments de musi­que, le livre et le masque. Dans le plan central les trois Grâces dansent en ronde, en haut plane Apollon avec l'arc et le violon, à droite on voit apparaître de derrière les arbres Mercure, à gauche dans l'arrière plan on voit le Pégase ailé. Une partie des per­sonnages, par exemple, le groupe des Muses sur le côté droit, nous est connue par la plus célèbre représentation de Muses du Tintoret, le tableau signé de Hampton Court. Nombreuses versions subsistent du tableau de Hampton Court qui provient de la collec­tion Gonzaga de Mantoue et de la galerie de Charles I er , roi d'Angleterre. Une variante, enrichie de la figure d'Apollon, se trouvait, déjà en 1659, dans la collection de Vienne de l'archiduc Léopold-Guillaume (actuellement au musée d'Indianapolis — fig. 34), et une esquisse de détail ( ?) est connue dans la collection Lanz d'Amsterdam. 40 Le grand «Parnasse» de Dresde est, quant à la disposition et le type des figures, sans aucun doute apparenté à cette composition populaire du Tintoret, mais son arrangement est plus décousu et plus libre, et les éléments de paysage y jouent un rôle plus important. Dans la mesure où la photographie le permet de constater, ce tableau dut être exécuté par les 38 P a n o f s k y, E. : op. cit., pp. 86, 91, 94. V. le texte de Gregorius Arvianator, subsistant dans la traduction allemande de Pankraz Schwentner: Historie des Lebens, Sterbens und Wun­derwerck des hochberühmten Streitters manlichen Überwinders Herculis (1515), fig. VII. 39 P o s s e, H. : op. cit., oeuvre d'un disciple du Tintoret. Il est cité par H a d e 1 n, D. von: Originals and Replicas from Tintoretto's Studio. The Burlington Magazine, XLIII, 1923, p. 293, dans une note, comme la réplique du tableau de Hampton Court, représentant les Muses, peint par un imitateur. Il est encore cité par B e r c k e n, E. von: Die Gemälde des Jacopo Tintoretto. Alünchen, 1942, p. 108, comme l'oeuvre d'un disciple du Tintoret. 40 Hampton Court, Royal Collection, n° 77. «JACOMO TENTORETTO EN VENETIA» ; Sur un tableau de Vérone, représentant les Muses, exécuté sans doute comme plateau d'un instrument de musique, Tintoretto illustre le concours des Muses et des Piérides, dans l'arrière plan les Piérides transformées en pies. (V. Vérone, Museo Civico.) La littérature cite erroné­ment plusieurs tableaux du Tintoret comme représentations de Muses, tel avant tout, le grand plafond conservé à Kingston-Lacy, sur lequel on voit Apollon avec sept femmes, qui, cependant, ne sont pas des Muses. Le thème central est la glorification, le couronnement d'une figure de femme allégorique accompagnée de deux femmes, sans doute le couronnement de la Poésie. Le tableau de Dresde figurant des femmes faisant de la musique a pour sûr lui aussi un sens allégorique, ainsi que l'indique Ch. de To 1 n a y dans une étude (The Music of the Universe. The Journal of the Walters Art Gallery, VI, 1943, p. 101) ; la représentation fait allusion, à la musique des sphères.

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