Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 29. (Budapest,1966)
MOJZER, NICOLAS: Le huitieme tableau de chevalet du Maître MS
une manière aristée et vigoureuse, où les fortes réflexes rougeâtres de la ceinture jaune sont les variantes plus anciennes, appropriées au sujet et aux dimensions plus grandes, de la technique transparente et fusible des panneaux connus comme les oeuvres du Maître MS. Déjà sur ce tableau on voit apparaître les jaunes-bruns bien connus dans les détails rocheux de l'arrière plan, dans le sol et les pierres de l'avant plan, ainsi que les détails identiques qui eux aussi trahissent le peintre : la facture des buissons verts sous la croix, l'arrière allongé du crâne, les figures de l'arrière plan légèrement brossées, les cheveux de la Madeleine et la barbe de Joseph d'Arimathia sont les mêmes que les détails correspondants des tableaux postérieurs. C'est sur ce panneau qu'on rencontre pour la première fois des portraits. 19 Les figures caractéristiques et magistralement peintes du donateur agenouillé, de ses deux fils, de sa femme et de sa fille (fig. 76), indiquent que leur peintre était un portraitiste excellent. Ce sont là des visages réels qui furent exécutés sans aucun doute par un peintre qui a bien connu les personnes portraiturées. A part cela ils accusent parfois aussi une certaine parenté avec les personnages des panneaux. Le donateur a les yeux coupés en amande, comme l'homme se tenant sur l'échelle, et la Vierge a un visage s'amincissant un peu vers le bas, comme l'homme se tenant sur l'échelle ou la Vierge et l'Elisabeth de la «Visitation». Est caractéristique le modelé varié, plastique et nerveux des bouches : un trait général des figures du Maîtres MS. A ces cinq portraits s'ajoute logiquement, en tant que sixième, la figure du roi vu de face (fig. 77), aux regard un peu mélancholique, de «l'Adoration des Mages» de Lille. Que l'homme au visage marqué, particulièrement saisissant soit un donateur ou un autoportrait, est pour le moment une question irrésolue : chronologiquement il appartient de toute façon aux oeuvres les plus tardives du maître. 20 sommeillant sur le côté gauche de la «Résurrection», auquel c'est le paysan de la gravure de Schongauer, intitulée «Wappenschild mit dem Flug, von einem Bauern gehalten« (B. 102) qui servit de modèle. 19 A notre avis l'artiste a peint les personnages sur le tableau déjà exécuté, pas beaucoup après. Les personnages sont vêtus du costume poméranien. Morelowski, dans son étude citée, signale le costume que porte la princesse sur le tableau d'autel de Mestwina (Zukow, Poméranie, près de Kartusén), costume qui ressemble à celui des femmes agenouillées sur la Descente de Croix. 20 G e n t h o n, I. : A régi magyar festőművészet (La peinture ancienne hongroise). Vác, 1932. p. 113. — Le visage de la Madeleine du tableau de Toruh a été lui aussi dessiné d'après une gravure (ou inversement?): Dans ce cas l'exemple est la femme pécheresse de la feuille de Veit Stoss, intitulée «Le Christ et la femme adultère» (P. 7). L'importance de cet emprunt est double et ne peut être assez accentuée. D'une part il est important de savoir que le Maître MS s'est inspiré aussi des gravures de Stoss, rattachées étroitement à l'art de Schongauer, et, dans le même esprit, de l'art de Rogier van der Weyden, de Schongauer ou des figures de Dürer. Dans le cas de la Madeleine seul le visage est emprunté, la coiffe et les cheveux sont autres ; le geste de la figure agenouillée indique aussi l'exemple de Stoss, et en dehors de la gravure citée, la femme agenouillée de la «Résurrection de Lazare» (B. 1, I —II). — D'autre part cette identité est importante du fait qu'elle témoigne de l'influence jusqu'ici connue (1495) — et cela sur un tableau de chevalet — des gravures de Veit Stoss. Les gravures de Stoss furent exécutées, pour servir de modèle en premier lieu à des oeuvres sculpturales, authentiquement avant 1496, donc encore à Cracovie (S a w i c k a, S. : Ryciny Wita Stwosza. Warszawa, 1957 ; l'auteur situe les gravures au temps de l'exécution de l'autel de Cracovie). Ainsi le visage de la Madeleine de Torun pourrait constituer en lui-même un argument décisif pour prouver que la gravure de Stoss, représentant la Femme adultère, a été faite avant 1495. — Cependant, la question se pose de savoir si ce n'est pas Veit Stoss qui avait emprunté la figure de la Madeleine au peintre du tableau de Torun (sûrement pas de Toruh !). Le visage visible sur la gravure en contre-partie pourrait bien étayer cette hypothèse. Or, en ce qui concerne les costumes du gothique tardif, et la représentation plus riche des figures chez Stoss, nous devons prendre position plutôt pour la priorité de la gravure. C'est plutôt la manière de dessiner du Maître MS qui montre l'influence de Stoss qu'inversement. Les mains et les pieds du Christ, la main gauche de Nicodème accusent une parenté frappante avec la gravure de Stoss représentant la Déploration du Christ mort: et ici c'est la gravure qui est antérieure au tableau. La question doit être laissée pour le moment en suspens.