Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 29. (Budapest,1966)
BALOGH, YOLANDE: Statues gothiques allemandes
fragile, svelte et mince du Christ est finement taillé, les formes sont plates et sculptées par plans, les bras sont tendus horizontalement et les pieds sont posés l'un sur l'autre. Bien qu'il appartienne au type du Christ de douleurs, il a beaucoup conservé de l'ancien type du Christ triomphant de l'époque romane. Les bras tendus horizontalement et le modelé par plans sont l'héritage des crucifix romans, 2 et le léger redressement du corps rappelle le type de crucifix dont un bel exemple du XIII e siècle se trouve à Sens, dans la cathédrale. 3 La structure et les contours du corps accusent une ressemblance frappante avec le Crucifix du dôme de Modène 1 (fig. 17) qui, selon Francovich, date du troisième quart du XIII e siècle et est l'oeuvre d'un maître anonyme allemand ou italien. Parmi les Crucifix du Tyrol du Sud il y a deux 5 qui peuvent être rapprochés du nôtre: l'un se trouve à Innichen (Kapitelhaus — fig. 19) et l'autre à Brixen (Diöcesanmuseum — fig. 18) ; tous deux furent exécutés au milieu du XIV e siècle. Sur le premier ce sont les bras tendus horizontalement qui rappellent notre Crucifix, et sur le dernier la posture des pieds et la légèreté de la structure du corps. Sur l'un et l'autre sont analogues le modelage linéaire et plat du corps et la manière de tailler le perizonium aux plis retombants, propre au style gothique. Ce détail est sur le crucifix de Budapest extrêmement fin ; son gai coloris bleu pâle accentue tendrement ses lignes. La tête du Christ et les traits du visage (fig. 21 — 23) s'accomodent bien au type connu du Tyrol du Sud. Il n'est pas très éloigné du Crucifix de Brixen (fig. 18) ci-dessus mentionné, même il y a en lui quelque chose de la beauté austère du grand Crucifix roman de Bozen, 0 bien que ses formes soient plus floues. La tendre beauté de la tête, son calme douloureux et résigné, le geste de grâce des bras tendus nous font voir d'une manière convaincante le sacrifice du Golgotha. La profondeur de l'expression se marie avec la beauté harmonieuse des nobles contours du corps délicat. Ce sont ces deux traits qui confèrent au Crucifix son attrait et sa valeur artistique. Dans ses formes délicates on sent aussi la proximité de l'art italien. En effet, ce Crucifix est un monument digne d'attention de l'art du gothique primaire du Tyrol du Sud de la première moitié du XIV e siècle." Chronologiquement, la pièce suivante est une figure de femme (fig. 26) sculptée en calcaire. 8 A en juger par son attitude et ses gestes, elle est vraisemblablement une Vierge 2 V. le type que représente le Crucifix exécuté par un maître allemand (1250—1275) et se trouvant à Brindisi (Duomo, Cappella del Crocefisso — Francovich, G. de: L'origine e la diffusione del crocefisso gotico doloroso. Kunstgeschichtliches Jahrbuch der Bibliotheca Hertziana. II. 1938. p. 174). 3 Francovich, G. de: op. cit. p. 159 (vers 1250). 4 Francovich, G. von: Holzkruzifixe des XIII. Jahrhunderts in Italien. Mitteilungen des Kunsthist. Institutes in Florenz. V. 1937—1940. pp. 158—159 (seconde moitié du XIII e siècle), 162 (il est contestable s'il est l'oeuvre d'un maître allemand ou italien). 5 M ü 11 e r, C. Th. : Mittelalterliche Plastik Tirols. Berlin, 1935. p. 46, fig. 75 (Innichen), p. 45 fig. 74 (Brixen). 6 R a s m o, N. : La scultura romanica nell'Alto Adige. Cultura Atesina — Kultur des Etschlandes. VII. 1953. pp. 29—30. 7 M ü 11 e r situe les crucifix d'Innichen et de Brixen au milieu du XIV e siècle (op. cit. pp. 45, 46). Par contre, le Crucifix de Klosterneuburg, sur lequel la tête, le haut du corps et les bras sont plus penchés, date, selon Kieslinger, de 1338 (K i e s 1 i n g e r, F. : Zur Geschichte der gotischen Plastik in Österreich. Wien, 1923. fig. 13). Donc c'est un type plus récent, mais attribué à une haute époque — dans le cas où la date de la consécration de l'autel (1338) peut être mise en rapport avec le Crucifix. C'est pourquoi nous pensons que le Crucifix du Tyrol du Sud du Musée des Beaux-Arts n'a pas pu être exécuté plus tard que dans le second quart du XIV e siècle. — Pour le type et la date cf. encore : Crucifix provenant de Constance, des environ de 1460, Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum (S t a f s k i, G.: Die Bildwerke. . . bis 1450. Nürnberg, 1965. pp. 198—199, n° 178). 8 Calcaire. Hauteur: 90 cm. Elle provient de la collection de Maurice Leopold Herzog.