Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 25. (Budapest,1964)

GERSZI, THÉRESE: Deux feuilles d'étude de Jacques do Gheyn

DEUX FEUILLES D'ÉTUDE DE JACQUES DE GHEYN Le rôle et l'importance de l'art du dessin sont dans les périodes de style inter­médiaires en général accrus. Ce phénomène s'est manifesté, autour de .1600, surtout dans le Nord, et même à l'intérieur de l'oeuvre des divers maîtres, dans le déplacement de l'accent. La qualité des dessins des maîtres illustres dépasse souvent celle de leurs tableaux, et comme dans le cas de Goltzius, Elsheimer ou Jacques de Gheyn, c'est dans leurs dessins que leur personnalité artistique s'exprime le plus parfaitement. Aussi leurs experiments et leurs nouveaux résultats artistiques se sont-ils affirmés souvent plus intégralement dans leurs oeuvres dessinés que peintes. Sans ses dessins nous estimerions Jacques de Gheyn un artiste doué d'un talent médiocre, tandis que son oeuvre dessiné permet de le classer parmi les maîtres les plus marquants de l'époque, ce qui peut être expliqué par la qualité de ses dessins d'une part, et d'autre part par leur importance pour l'histoire du style. Ses oeuvres peintes et graphiques nous renseignent seulement sur les diverses étapes de sa carrière, tandis que ses dessins donnent une vue d'ensemble de son développement allant du maniérisme tardif jusqu'au réalisme prérembranien. Ce sont surtout ses feuilles exécutées à l'âge avancée qui montrent nettement le rôle important qu'il avait joué dans l'évolution du réalisme hollandais renaissant. Les dessins que nous présenterons dans ce qui suit contribuent aussi à la connaissance de l'évolution de l'art national hollandais se profilant dans les premières décades du XVII e siècle. La feuille d'étude provenant de la collection Esterházy et portant diverses têtes (fig. 57) a été classée jusqu'à ce jour parmi les dessins inconnus du XVII e siècle. 1 Les têtes d'étude tracées avec une plume rapide et énergique font l'impression d'im­provisations géniales: de divers idées et souvenirs fixés par l'artiste dans son album de croquis. Bien que ces têtes ne soient pas dessinées d'après le modèle, elles disputent en intimité et en l'analyse du caractère les études faites d'après nature. L'artiste s'efforçait ici non seulement de représenter les traits caractéristiques du visage, mais de rendre aussi l'allure, l'humeur, le sentiment fuyant, donc les propriétés psychologiques et l'état d'âme. Il a représenté les têtes dans une attitude spontanée et naturelle et a porté un soin particulier à l'expression des yeux. Le regard vif et avide de l'homme tel un satyre, ou le regard pénétrant de l'homme âgé vu de face, témoignent d'une analyse psychologique approfondie. Une proche analogie de la feuille de Budapest est, tant pour l'iconographie que le style, une feuille de Jacques de Gheyn conservée à l'Albertine de Vienne et pro­1 «Artiste néerlandais, début du XVII e siècle»: Feuille d'étude portant des têtes. Plume et bistre, 100x158 mm. Collection Esterházy (27. 15. Gheyn), Budapest, Musée des Beaux-Arts, n° d'inv. 1656. 6 Bulletin 25 81

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