Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 25. (Budapest,1964)
POGÁNY BALÁS, EDITH: Quatre aquarelles de Giacinto Gigante et Gonsalvo Carelli
n'est donc nullement absurde de vouloir démontrer dans l'oeuvre de Gigante et de quelques-uns de ses contemporains napolitains les aspirations des grands peintres européens de l'époque, tout comme il n'est pas besoin d'hypothèses aventureuses pour expliquer l'épanouissement de l'art de Charles Marko ou de Nicolas Barabás par l'exemple des sommets de l'art d'il y a 150 ans. L'Allemand Blechen, l'Anglais Turner, le Français Corot, le Russe Chtchedrin et notre Charles Marko ont, chacun à sa façon, contribué à la propagation de ce doux style de paysage intime et familer, à l'évocation rêveuse des visions méditerranéennes; ils ont, sans le savoir, aidé les écoles italiennes à dépasser une certaine importance locale et à devenir une source nécessaire à l'essor de la peinture du XIX e siècle. L'Ecole de Posillipo est caractérisée par la vivacité de la représentation, l'éclat de la lumière, la matérialité resplendissante, autant de particularités qui se dégagent de la façon la plus nette de l'oeuvre de Gigante. Ce qui frappe sur ces peintures c'est l'effet atmosphérique, l'art de la représentation plastique, l'ombre profonde donnant du relief aux formes. Les peintres talentueux travaillant sous sa main utilisent avec beaucoup d'adresse les moyens picturaux de leur maître. Son élève le plus brillant fut Gonsalvo Carelli; dans ses tableaux à couleurs vives et translucides l'exactitude du dessin dépasse même celle des dessins de Gigante. Devant ses aquarelles représentant le golfe de Naples on en vient à se demander quel pouvait être le rôle de la peinture de Charles Marko l'aîné dans le développement du style de Posillipo. Sur un tableau de notre maître, datant de 1832 et intitulé Bacchus et Ariadne, 12 le paysage du golfe de Naples est vu du même angle que dans celui de Gigante : les deux peintures accusent du reste une certaine ressemblance aussi en ce qui concerne la tonalité finement estompée de l'atmosphère. Ce petit tableau de Marko a été fait en Italie, il est parmi ses premières oeuvres. Le peintre au lieu de composer l'ensemble à partir des détails idéalisés présente le paysage caractéristique avec la fraîcheur de l'expérience vécue. Une lettre de Marko datée de Rome se réfère même à ses voyages faits à Naples. Y étant allé à plusieurs reprises, il dût nécessairement entrer en contact avec Pittloo, professeur à l'Académie, et avec ses élèves. Les années 1832—35 sont pour Marko l'époque des couleurs les plus fraîches, des solutions de lumière les plus légères et les plus sereines. La comparaison des deux tableaux au point de vue de leur composition permet également de conclure à des rapports directes. Voici ce que Somarè écrit de Gigante: 13 «il peignait et dessinait sans cesse, peignait la baie dans le crépuscule du soir ou sous le soleil de l'après-midi et la mer, ce marbre liquide de Virgile, les ténèbres effrayantes d'une grotte et la beauté de quelque fleuve clans lequel une jeune fille est en train de se baigner ». L'art de Gigante est réaliste et en même temps issu de l'imagination. Il travaillait pour la famille royale des Bourbons, pour la cour russe et l'aristocratie napolitaine a fin de gagner l'argent que nécessitait l'entretien de ses huit enfants. Les difficultés de faire vivre une grande famille le rapprochent aussi de Charles Marko. Il voyagea beaucoup, visita Paris et les plus belles contrées du royaume do Sicile, de Naples. Le tournant politique survenu en 1800 provoqua en lui une grande inquiétude : il accueillit les événements avec réserve et méfiance qui, toutefois, finirent par disparaître au moment où Victor Emmanuel lui confia le soin de décorer la Chapelle de San Gennaro. A côté de l'influence du langage pittoresque de W. Huber et Pittloo, son art subit celle de l'école de Posillipo, en particulier d'Achille Vianelli et de Raffaelo Carelli. 12 P é t e r, A. : A Fruchter gyűjtemény (La collection Frachter). Magyar Művészet, 1931. p. 63. 13 S o m a r è, E. : op. cit., p. 100.