Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 23. (Budapest 1963)
KUTAL, ALBERT: La «belle Madone» de Budapest
(ou sa réplique) à Prague. 23 Mais on pourra encore préciser le terminus ante quem. Wiese a découvert, sur le tympan du portail de l'église d'Irrsdorf, bâti en 1408, un type de Madone qui ne peut être qu'un écho artistique de la statue de Wroclaw. 24 Son modèle était donc un peu plus vieux. Mais je pense que même le terminus post quem puisse être précisé avec beaucoup de certitude. C'est la Madone cle Krumlov qui nous fournira cette précision. En comparant la Vierge de Wroclaw aux autres statues du même groupe on constatera deux traits fort différents. L'Enfant Jésus ne tend pas ses deux mains vers la pomme, comme c'est le trait commun des statues du groupe de Torun. mais une seule main, l'autre étant occupée à tenir le bout du manteau maternel. Pour que l'Enfant pût exécuter ce geste, l'artiste a été obligé de placer au côté opposé les grands plis reculants qui sont d'ordinaire situés sous le flanc gauche. Si l'on examine le bout du manteau on constate qu'il est rejeté pardessus le bras de la Vierge, et que par conséquent le geste de l'Enfant Jésus n'est pas motivé. Ce geste est emprunté à la Madone de Krumlov où l'Enfant est obligé de tenir le bout du manteau qui n'est pas rejeté par-dessus l'avant-bras de la Vierge et qui ne pourrait pour des raisons de composition se trouver où le sculpteur l'avait placé, s'il n'était soulevé par l'Enfant. Comme il est peu probable de supposer la priorité d'un tel motif du mouvement dont il faudrait ultérieurement motiver l'objectivité, il en résulte que la Madone de Wroclaw est plus jeune que celle de Krumlov. Elle a été créée entre la fin du XIV e siècle et 1408. Mais quel est le rapport entre les autres statues du groupe de Torun et la Madone de Wroclaw ? Cinq parmi celles-ci conservent sans changement un système de composition qui est substantiellement plus simple et — on peut prétendre — plus logique. Le manteau est soulevé au flanc droit et est serré au corps par le coude. De l'autre côté, le système des plis reculants est bien développé. C'est une variante de la tenue particulière des Madones françaises du XIII e siècle (Reims : le portail central de la façade ouest ; la Vierge dorée à Amiens ; Paris, Notre-Dame, le portail du transept nord). Au siècle suivant, ce système est en France assez rare, surtout dans la plastique monumentale. 25 11 est plus fréquent dans la petite plastique en ivoire, mais il y cède sa place aussi aux autres types, notamment à celui où le manteau est court et deux cascades de plis en forme de tuyau retombent des deux côtés. Si l'on a appliqué aux cinq statues du groupe de Torun un type de composition plus ancien que la composition de la Madone de Wroclaw, cela ne touche pas leur rapport chronologique, car les tendances rétrospectives du beau style n'étaient pas trop restreintes. Mais si cette composition devient plus compliquée et moins claire dans la statue de Wroclaw — et en sus par une instigation extérieure —, elle sert de preuve de son origine postérieure. Bien sûr, on peut arriver au même résultat en partant d'une autre direction. C'est la Madone de Düsseldorf, la plus simple et la plus positive des cinq statues déjà citées qui nous en offre une occasion fructueuse. On lui a voué, jusqu'alors, que W. Paatz. «Mit einem gemalten Band». Festschrift Kurt Bauch. 1957. p. 132, considère comme une seconde variante des « belles Madones» françaises, ne peut-elle être tenue pour un antécédent des oeuvres tchèques. Certes le rapport intime avec la France existait, mais point dans le sens de reprendre un type évolué. 23 O e 11 i n g e r, K. : Der Illuminator des Erzherzogs Ernst des Eisernen, Festschrift für Adolf Goldschmidt. Berlin, 1933. Si la Madone publiée dans Cicerone XX, 1928. p. 350. provient réellement de Cesky Krumlov, ce serait une preuve de plus du fait que le type de la Pietà de Wroclaw était usité en Bohême. 24 W i e s e, E. : Zur Datierung der « schönen Madonnen». Zeitschrift f. Bildende Kunst 61, 1927 — 8. pp. 358 et s. 25 Bien que dans une forme réduite, les Madones mentionnées dans la note n° 14, avaient conservé cette tenue.