Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 22. (Budapest 1963)
KATONA, EMERIC: La Prédication de Saint Jean-Baptiste de Bruegel
du signe Tau. Si, comme Ezechiel en témoigne, l'homme à la robe de lin reçoit vraiment la mission divine de détruire Jérusalem il ne peut être douteux que dans cette peinture nous nous trouvions en face de l'arrivée de la fin du monde prophétisée par Münzer et ses adeptes — de la nouvelle Jérusalem, de l'idée apocalyptique déjà représentée par Dürer, c'est-à-dire de sa conception iconologique particulière. En comparant le St. Jean-Baptiste de Bruegel au tableau de Joachim Patinier, peint quelques dizaines d'années plutôt, où le Baptiste, au fond, parle comme dans le vide, devant une foule indifférente, nous sommes frappés par le contact psychologique nettement discernable entre le prédicateur et son auditoire. Dans le tableau de Patinier, l'attitude de la foule qui écoute la prédication est uniforme, tandis que dans celui de Bruegel les paroles de St. Jean-Baptiste provoquent des effets différents sur certains groupes ou personnages de l'auditoire. Sans aucune équivoque, Bruegel représente les différents maintiens psychologiques par lesquels se manifeste le rapport de certains groupes ou de certains personnages de la foule avec le sermon. Alors que le Baptiste de Patinier — comme les évangélistes — parle en général de la fin du monde et de l'avènement du royaume du Christ, Bruegel lui, en forme un tableau concret et particulier bien qu'on trouve aussi chez lui les attributs traditionnels de l'iconographie médiévale : l'eau, les troncs d'arbre, le chien, etc. qu'il subordonne cependant à son nouvel objectif. Cette peinture de Bruegel — comme le Portement de croix —- ne représente pas uniquement une épisode, mais la succession chronologique d'une série compliquée d'événements. La représentation de la chronologie des différentes actions l'incite à employer un système compliqué de symboles. C'est presque comme un drame que le tableau condense les événements, les rassemble, en compose ceux qui suivront. Apparemment, St. Jean-Baptiste n'est pas la figure centrale du tableau, mais toute la composition est basée sur ses paroles à la suite desquelles s'anime cet enseignement déterminé et particulier de la fin du monde auquel Bruegel a donné une conception picturale. St. Jean-Baptiste. « fibule », trait-d'union entre l'Ancien et le Nouveau Testament, joue déjà un rôle important dans les mouvements hérétiques du moyen âge. Selon les enseignements dualistiques des patarins, c'est à dire des cathares, St. JeanBaptiste était à proprement parler un être démoniaque qui ne faisait profession de foi en Jésus que parce qu'il y était contraint. 53 Dans les enseignements des anabaptistes St. Jean-Baptiste était envoyé « pour que tout le monde ait la foi par lui. Lui même n'était pas la lumière, mais il était venu pour témoigner de la lumière. » Dans le tableau de Bruegel, St. Jean-Baptiste a le même rôle. L'artiste lui fait exprimer sa propre conception religieuse. Ceci explique pourquoi il ne place pas le Baptiste au centre, mais il souligne plutôt l'accomplissement de la prédication et les personnages qui y jouent un rôle. C'est pourquoi il est motivé que l'attention du spectateiir soit tout d'abord dirigée sur les personnages groupés sur le devant du tableau autour de l'homme à la robe de lin, desquels non seulement ressortent ceux qui sont près de lui et qui causent avec lui, mais aussi ceux qui marchent devant eux. L'un d'eux, le petit oiseleur qui se tient près du soldat joue le même rôle que ceux qui marchent devant eux sur le sentier qui conduit à St. Jean-Baptiste. Le groupe se compose donc de six personnes, tout comme dans le texte d' Ezechiel cité. La connexité des six figures d'hommes est frappante au premier regard. Pour que le rôle et l'importance de ces personnages s'élucide, que la place qu'ils occupent 53 K a r d o s, T. : A huszita biblia keletkezése (La genèse de la Bible hussite.) Magyar Tudományos Akadémia I. Osztályközleményei III/ 1 — 2. p. 150. — Stein mann J. : St. Jean-Baptiste et la spiritualité du désert. S. d. pp. 51 —100.