Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 22. (Budapest 1963)
KATONA, EMERIC: La Prédication de Saint Jean-Baptiste de Bruegel
tableau — selon d'anciennes suppositions il représenterait Hans Franker, et d'après Auner, ce serait Thomas Armenteros 45 — qui, se détournant du prédicateur, se fait lire l'avenir dans la main par le tzigane placé en face de lui. Il est évident que. par leur attitude, le seigneur espagnol et le tzigane qui lit dans sa main, expriment leur indifférence envers la prédication. 46 D'après les anabaptistes et même déjà selon les taborites aussi, avant la fin du monde le Seigneur séparera les bons des méchants et les condamnera à un sort contraire l'un de l'autre. Sur la peinture de Bruegel, en effet, l'auditoire se partage en différents groupes selon leur réaction à la prédication. Immédiatement devant St. Jean-Baptiste, sur la tente du tertre qui coupe transversalement le tableau, se trouve le groupe des repentants. L'artiste a peint leurs visages couverts de plaies et de cicatrices. Leurs yeux et leur maintien reflètent l'amertume et le tourment. En face d'eux et du prédicateur sur le talus de la clairière se trouve l'autre camp, le groupe des « Témoins de Dieu », parmi lesquels Bruegel lui-même en vêtements de cérémonie, avec ses longs cheveux, et sa longue barbe, qui écoute, le dos un peu engourdi. 47 Dans sa peinture le portement de croix et dans le dessin de l'Albertina il se représente sous le même aspect et dans le même caractère, 48 mais chaque fois l'expression de son visage reflète un état d'âme différent. Tandis que dans le Portement de croix il s'applique à lui-même l'humiliation et l'opprobre du Christ, là il souligne qu'il vit et qu'il est heureux de revoir le Christ ressucité. Sur le dessin de l'Albertina. son état précuniaire précaire le rend soucieux. Devant lui, sa femme est assise, et près d'elle, en robe violette, sa belle-mère Maria Bessemers. pleine de dons et de vitalité qui survécut de cinquante ans son mari, de trente ans son gandre et qui éleva même ses petits-enfants après la mort de sa fille. 19 Mais non seulement le seigneur espagnol du centre du tableau et Bruegel, sa femme et sa belle-mère placés sur le tertre nous sont connus, les autres personnages sont aussi pour la plupart dos contemporains de l'artiste : politiciens, religieux, militaires, marchands, artisans et paysans. Il est évident que Bruegel actualise, et qu'il peint des personnages de la bible parmi les contemporains comme pour souligner que tôt ou tard, les descriptions de la bible se réalisent dans la vie terrestre. « L'homme en robe de lin blanc, portant sur le dos un signe particulier », qui est placé à la gauche du tableau paraît aussi être une de ces figures bibliques (Bible Károli). Aux temps bibliques, la robe de lin était d'un usage courant, ainsi qu'en témoigne le Livre des Prophètes et d'autres passages. Pourtant, avant de nous occuper du sens et du rôle de ce détail, examinons les déclarations de Gustave Glück, d'après lequel l'homme à la robe de lin est un religieux du même ordre que les deux moines à cagoule du centre du tableau ; mais tandis que la couleur et la coupe de leurs vêtements indiquent l'ordre de ces deux figures, l'autre porte brodée sur sa robe grise une lettre T qui prouve son appartenance à l'ordre de St. Antoine. 50 Sous ce nom, depuis les premiers âges du christianisme jusqu'à nos jours, plusieurs congrégations religieuses se sont rattachées à la figure demi-légendaire de St. Antoine l'Ermite ; la plupart d'entre elles, en Orient, mais aussi à l'Occident, La branche d' Aleppo, les religieux de l'Ordre de St. Antoine de l'Orient, autrement 45 A u n e r, M. : op. cit. p. 116. 46 Auner, M. : op. cit. p. 116. 47 Auner, M. : op. cit. p. 114. 48 Ibid. L'autoportrait de Bruegel de l'année 1572, conservé à l'Albertina, est héroïsé et porte les marques du romantisme classique. Selon Auner (114) il a été exécuté d'après l'autoportrait de Bruegel visible dans la « Prédication de Saint Jean-Baptiste ». 49 Ibid. 50 Glück, G. : op. cit. p. 46. ,
