Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 22. (Budapest 1963)
KATONA, EMERIC: La Prédication de Saint Jean-Baptiste de Bruegel
La lutte entre les forces du fascisme et celles qui influençaient la transformation démocratique a amené deux sortes de figures de Münzer contradictoires. Le camp progressiste a esquissé la figure du vrai Münzer, pour mettre à la tête des Allemands un. combattant révolutionnaire, intrépide, issu de son propre sang, s'appuyant sur les masses. Le camp conservateur, et non en dernier lieu les fascistes ont aussi campé une figure de Münzer, pour inspirer à la foule la terreur de la révolution. Ce n'est qu'avec des réserves et des restrictions que les démocrates adoptèrent Münzer et ses enseignements. Les démocrates allemands appartenaient à la grande et à la moyenne bourgeoisie, quant à Münzer il était indiscutablement le chef des plébéiens paysans et citadins et représentait en premier lieu leurs intérêts. Les recherches sur Münzer prirent un nouveau tournant lorsque les représentants de la classe qui avait en son temps fourni sa principale force sociale à la révolution de Münzer apparurent sur l'aire de la vie politique et scientifique. Selon Marx. Engels et Lénine, l'importance de la guerre paysanne et du rôle de Münzer réside 1 en premier lieu en ce que ce fut sous sa direction que les forces de la révolution bourgeoise européenne entrèrent en jeu pour la première fois. 23 Après la catastrophe de Münster, les idées de Münzer ne perdent pas leur fondement, et subsistent dans certains enseignements de l'anabaptisme. Et même si ces enseignements ne se font pas ouvertement, certaines des tendances de l'anabaptisme (hutténistes, melchiorites, etc.) — conservent leurs tendances révolutionnaires sociales. Les déclarations selon lesquelles par la suite les tendances anabaptistes sont sans rapport avec les idées de Münzer et ne représentent et n'annoncent qu'une révolution spirituelle, sont contraires à l'essence même de l'anabaptisme. Dans ces conceptions c'est encore le point de vue anti-révolutionnaire de l'historiographie bourgeoise qui se fait sentir directement ou indirectment. Pour comprendre la conception sociale fondamentalement nouvelle et révolutionnaire de Münzer, il faut partir de la prise de position de Luther. D'après Luther, il y a deux ordres : le spirituel et le profane. L'ordre profane est fondamentalement déterminé par le fait que la plupart des hommes ne sont pas chrétiens. C'est pourquoi l'ordre extérieur créé et entretenu par le pouvoir de l'État est nécessaire. Cette puissance générale extérieure, selon Luther, ne peut être chrétienne, mais c'est pourtant la base de la coexistence humaine. Les normes de cet ordre constituent le droit naturel qu'assure l'ordre intérieur et la consolidation de la société. Sans lui, l'ordonnance sociale cesserait et personne ne pourrait assurer en sécurité ses propres conditions de vie. D'après Luther, toute attaque contre le « droit naturel » sape les bases de la vie et compromet les possibilités d'existence des chrétiens. Par contre, Münzer ayant rejeté l'idéal luthérien des deux ordres, prétendit que, seule, la perfection peut régner sur le monde réel tout entier. Selon Münzer il n'y a qu'un ordre : celui de la bible qui, tout comme celui de l'au-delà est également valable pour la vie terrestre. Conformément à ces principes Münzer s'efforça de faire découler le programme de ses activités de l'évangile et d'y puiser les mots d'ordre nécessaires à la mobilisation des hommes, à la mise en action des masses. Münzer et ses adeptes croyaient fanatiquement à la venue de la fin du monde tout comme un siècle plus tôt y avaient cru les taborites, ou plus tôt encore Joachim 23 S z m i r i n, M. M. : Münzer Tamás népi reformációja (La réformation populaire de Thomas Münzer). Budapest, 1954. Basé sur p. 34 et autres passages. — B u c s a y, N". : Münzer Tamás teológiája és a német parasztháború (La théologie de Thomas Münzer et la guerre des paysans allemande). (Remarques sur l'ouvrage de M. M. Szmirin intit. r << La réformation populaire de Thomas Münzer et la grande guerre des paysans ».) Egyháztörténet 1958. Fase. 2-3, pp. 97—137.