Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 22. (Budapest 1963)

KATONA, EMERIC: La Prédication de Saint Jean-Baptiste de Bruegel

ces offices célébrés en plein air aient été de plus en plus fréquents dans les Pays-Bas, il s'agit ici de toute autre chose. Alors qu'ils n'étaient que des rassemblements, des démonstrations politiques où les hommes paraissaient avec des piques et des pistolets, pour rentrer le soir dans leurs foyers en chantant des psaumes, ici, on ne saurait parler de rassemblement ni de démonstration. Un autre esprit anime ce tableau de Bruegel. Son Baptiste n'est pas un prédicateur calviniste militant et manifestant, mais un prédicateur voyageur préparant à la fin du monde, au retour du Christ, les fidèles qu'il avait recrutés dans la forêt profonde, en guise de démonstration. D'après Auner, ces anabaptistes ne sont déjà plus les adeptes fanatiques de Thomas Münzer et de Jean de Ley de, qui voulaient réaliser la Jérusalem céleste par le feu et par les armes, mais une assemblée de fidèles humbles et pacifiques, aspirant à l'apaisement personnel. Leurs enseignements ne sont déjà plus caractérisés par le grand tournant du monde et l'attente du cataclysme mondial qui s'y rattachait, mais par la pensée du rétablissement de la simplicité de la joie de vivre et de la sévère discipline morale. Bien que l'idée de la fin du monde parût parfois dans leurs ensei­gnements, elle perd de plus en plus son sens social et son levain de révolution inté­rieure. 21 Auner en vient donc à conclure que la Prédication de St. Jean-Baptiste a été exécuté sous l'influence do mobiles anabaptistes, mais à la vérité il n'arrive pas à discerner l'essence, l'objectif du mouvement anabaptiste. Alors que d'autres — particulièrement les investigateurs précoces de Bruegel — avaient souligné la com­bativité de Bruegel. quoi'qu'on l'ait attribuée à son calvinisme supposé, Auner, bien que reconnaissant l'anabaptisme de l'artiste, prive justement Panabaptisme de son essence intérieure, de sa combativité et par là — bon gré, mal gré — il revient à proprement parler aux résultats des recherches précédentes. Donc, les recherches sur Bruegel effectuées jusqu'ici ont eu un double résultat. Ainsi — surtout selon les chercheurs précoces — le point de vue s'est propagé et consolidé que Bruegel avait entretenu avec les humanistes tolérants de son temps 22 non seidement des rapport personnels, mais aussi spirituels, ainsi que le prouve l'influence spirituelle d'Ortelius et de Coornhert. Charles de Tolnay et A. E. Popham considèrent surtout cette donnée comme importante dans la question de l'apparte­nance spirituelle de Bruegel. A leur avis, Bruegel était partisan du calvinisme sympatisant avec l'humanisme. Auner considère que Bruegel était l'adepte d'une secte anabaptiste ayant perdu sa force et son importance, bien éloignée du radicalisme de Thomas Münzer et Jean de Leyde, indifférente aux mouvements sociaux de l'époque. Donc, tandis que la conception précédente souligne le radicalisme du calvinisme de Bruegel, Auner fait ressortir l'opportunisme de l'anabaptisme de Bruegel. De la sorte, l'idée extrê­mement complexe et pleine de contradictions que nous avons pu nous faire de Brue­gel à la suite des recherches effectuées depuis longtemps, se complique et s'élargit de nouveaux éléments contradictoires. Pendant des siècles, les historiographes allemands se sont efforcés de dénaturer la place et le rôle de la tendance de Münzer basée sur les masses paysannes, dont le rôle est important dans l'analyse de la conception du monde de Bruegel. En 1933, dans l'ouvrage qu'il publia immédiatement après l'avènement du fascisme au pou­voir, Franz Günder. se basant sur ses propres suppositions plutôt que sur les faits, pré­sente l'activité révolutionnaire des foules comme identique à la lutte poursuivie pour les anciens droits. Il traite de rebelles et de communistes les vrais chefs du peuple. 21 Ibid. pp. J10—111. 22 F o p h a m, A. E. : op. cit.

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