Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 21. (Budapest 1962)
PIGLER, ANDRÉ: Notices sur quelques portraits néerlandais
NOTICES SUR QUELQUES PORTRAITS NÉERLANDAIS L'art du portrait a des règles d'une validité plus ou moins générale, des éléments habituels, dont l'observance et la présence, telle une chose implicite, ne frappent pas la vue du spectateur. On regarde, par exemple, comme naturel qu'à partir du moyen âge la grande majorité des portraits présente la personne portraiturée dans sa tenue la plus élégante ou du moins dans ses plus beaux vêtements, en la détachant du monde de tous les jours. Évidemment il a pu y être et il y avait certes des exceptions, des courants opposés de la mode, qui demeuraient valable même pendant une ou deux dizaines d'années. Sur quelques portraits d'homme de Van Dyck, de Largillière, de Ghislandi ou de Kupetzky les personnes représentées se plaisent justement à se montrer en négligé. Un contraste encore plus extrême au costume de gala est la nudité idéalisante tendant à imiter les modèles antiques, ce qui n'est point seulement le propre de quelques portraits de l'époque empire. Déjà Bronzino avait de cette façon présenté Andrea Doria et quelques peintres de l'atelier des Clouet ont reçu des instructions de commettre une indiscrétion non ordinaire de représenter certaines dames de la cour de France assises dans leur baignoire. Mais nous connaissons aussi au XVII e siècle des autoportraits d'artistes qui se peignaient nus. Néanmoins, même ces contre-exemples ne changent rien à la coutume générale selon laquelle l'homme du moyen âge ou de l'époque moderne, n'importe qu'il soit roi, aristocrate ou bourgeois, désirait se montrer à ses descendants dans un habit distingué et dans les dehors les plus représentatifs. Les portraits des siècles Renaissance et baroques font, aussi dans une autre «question d'étiquette», preuve d'une certaine unité de vue. Les doubles portraits ont eu leur loi non écrite. Les peintres ou sculpteurs, en représentant des époux ou des fiancés, soit séparés sur deux tableaux ou bas-reliefs, c'est à dire sur des pièces faisant pendant l'une à l'autre, soit sur un champ pictural commun, disposaient généralement le mari sur le côté droit et la femme sur le côté gauche dans le sens héraldique du terme. Selon le dogme religieux, c'est le côté droit qui revient à la personne relevée et honorée (Ps. 109, 1 ; Marc 14, 62 ; 16, 19 ; Act. Ap. 7, 55) ; d'autre part c'est encore la Bible qui nous enseigne qu'en vertu de l'ordre et du comment de la création la femme est au pouvoir de son mari (Genèse 3, 16 ; Corinth. I, 11, 3, 7—10 ; Ephès. 5, 22—-24). C'est pourquoi le fiancé se tient pendant le mariage religieux à la droite de la fiancée, et c'est la raison pourquoi dans une sépulture commune le mari gît sur le côté droit et la femme sur le côté gauche. Cette conception et coutume se sont, bien entendu, fait sentir aussi dans le domaine des arts majeurs. Dans les représentations des premiers parents de l'homme où les figures des époux sont présentées plus ou moins relevées du récit du péché originel, c'est Adam qui occupe le côté droit héraldique. En dehors des volets supérieurs du retable de l'Agneau mystique, des exemples généralement connus font preuve