Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 20. (Budapest 1962)

HARASZTI-TAKÁCS, MARIANNE: Les tableaux de Jan Victors dans les collections de Budapest

autres tableaux. C'est ce fait qui nous invite à voir aussi dans le tableau de Budapest récemment acquis un portrait de famille. La parenté entre les personnages représentés décidément comme des portraits, et rencontrés plusieurs fois aussi dans d'autres tableaux de Victors, nous permet de risquer la supposition selon laquelle le peintre aurait peint dans la scène de la récon­ciliation de Jacob avec Laban les portraits de ses propres frères et de sa jeune femme. Bien que les vers relatifs de la Bible ne parlent pas de Rachel qui s'est appropriée artificieusement des teraphim de son père, sa présence dans le premier plan n'est absolument pas contrairant et l'enfant qu'elle tient sur ses genoux peut­être identifié sans aucune difficulté avec Joseph enfant. Par contre on ne trouve dans le texte biblique pas d'explication de la présence du garçon tendant la pomme et de la fillette épluchant l'orange, qui dans le plan central du tableau se présentent comme les peronnages principaux de la composition. Jacob eut une seule fille, Dinah, née de Lea, et le garçon tendant la pomme ne pourrait être que le fils de Lea ou de l'une des servantes, qui dans cette scène n'ont pu obtenir aucun rôle. Aussi Dinah n'entre-t-elle en scène dans le chapitre 34 de la Genèse, que bien plus tard. D'autre part, si le peintre avait voulu représenter la réconciliation d'une famille quelconque — tel que l'a démontré Pigler d'une manière si convainquante au sujet du tableau de J. W. Delff — ou bien de sa propre famille, où les frères nés de trois mères différentes ont dû fournir abondamment de prétextes à la discorde et à la réconciliation, la présence des enfants sur le tableau s'explique aisément. Connaissant la situation pécuniaire très modeste de Victors, il est imaginable qu'il ait choisi ses modèles parmi les membres de sa propre famille, ce qui expliquerait aussi la ressemblance des personnages figurant dans ses tableaux apparus au cours des années. Le peintre, qui jusqu'en 1642 vit dans la maison de son père, épouse Jannetie Béliers, 24 âgée de 19 ans. Supposé que notre tableau, mis en parallèle aux autres oeuvres de Victors signées et datées, ait été exécuté vers 1650, il est vraisemblable que le modèle de la charmante jeune Rachel soit la femme du peintre dont le premier enfant naquit à notre connaissance vers 1655, ou peut-être sa soeur aînée, Syntge Vie­tors, tandis que la jeune fille épluchant l'orange peut-être Lydia Victors vivant dès 1658 à Aachen avec son mari, le garçon tendant la pomme soit Victor Victors, né en 1640, et l'enfant assis sur les genoux de sa mère soit l'un des frères cadets de l'artiste, ou éventuellement son fils. Au jeune homme visible entre Laban et Jacob, c'est peut-être le frère aîné, Adriaen Victors qui a posé comme modèle. On dirait que ce sont encore les modèles choisis dans la famille qui expliquent la présence de la charmante jeune Rachel, mais surtout du petit garçon aux cheveux ondulés et jouant avec un chien, dans le tableau de Copenhague, intitulé «Jacob enfouit les idoles de sa famille», dans lequel les personnages vêtus à demi de costumes bibliques idéalisés et à demi de costu­me des petits bourgeois hollandais, n'appartiennent pas strictement au récit biblique. Si nous examinons la manière dont Victors avait représenté ses tableaux de sujet biblique, nous arrivons à la conclusion surprenante que cette manière narrative, anecdotique, s'étendant sur nombreaux détails de la vie intime, reflètent l'esprit des années 1620, donc des temps antérieurs à Rembrandt, et non la conception du grand maître dont il était l'élève. Le tableau ici étudié, comme aussi les autres oeuvres de Victors, accusent nombreux traits communs avec la composition de Pieter Lastman, le maître de Rembrandt, exécutée en 1622, qui représente la rencontre de Laban avec Jacob. Les personnages principaux du tableau redondant, présentant nombreuses figu­24 Bredius, A.: op. cit. p. 597. 5* 67

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