Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 20. (Budapest 1962)
HARASZTI-TAKÁCS, MARIANNE: Les tableaux de Jan Victors dans les collections de Budapest
et l'explication de la Bible. Le bras levé de Jacob peut-être pris pour le geste de la promesse, son visage exprime l'esprit résigné du gendre devenu riche, qui s'était auparavant enfui de Laban dont le visage un peu inquiet traduit le scepticisme léger du beau-père dupé et réconcilié. Victors, dans ses tableaux de sujet biblique, se plaisait à représenter l'histoire d'Agar, d'Isaac et de Jacob errant dans le désert. Un tel sujet est figuré sur le tableau provenant d'une collection privée de Budapest, intitulé « Isaac reçoit Rebecca », 18 où dans l'arrière-plan l'homme avec le chameau et dans le premier plan la jeune Rébecca, ressemblant à la jeune femme de notre tableau, servent d'illustration exacte aux versets 61—64 du chapitre 24 de la Genèse. La caravane aux chamaux dans l'arrière-plan — bien que le sujet ne l'ait pas imposée — figure sur un seul tableau de Jan Victors, connu par une description. Sur ce tableau, vendu en 1889 à Cologne à la vente de Zschille — qui selon la description représentait la famille Witte, peinte en Isaac, Rébecca, Jacob et Esau, — figurait également une caravane. 19 Selon Wurzbach, ce tableau était signé et la date difficilement lisible peut-être celle de 1652. Dans l'oeuvre de Jan Victors c'est le seul portrait de famille connu que le peintre a transposé en scène biblique. André Pigler, dans son excellent article a déjà démontré que les portraits de famille conçus comme des scènes historiques, mythologiques ou bibliques ne furent pas rares dans la peinture néerlandaise. 20 Aussi W. Martin eut-il la même idée en parlant des portraits de famille composés comme des scènes arcadiennes, mythologiques et bibliques. 21 Le tableau de Victors, cité par Wurzbach, duquel nous n'avons en dehors de la description laconique, pas encore réussi à savoir autre chose, a dû avoir le même caractère que la « Réconciliation d'Esau avec Jacob » par Jacob Willemsz. Delff l'aîné, toile conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne et publié dans l'article mentionné ci-haut d'André Pigler. 22 L'article, en présentant plusieurs exemples des ces genres de tableaux, 23 démontre que les peintres de ceux-ci, tout en se tenant au texte de la Bible, ont fait figurer les personnages secondaires dans le premier plan de leurs tableaux indépendamment du rôle que leurs modèles ont joué dans la famille. C'est la raison pour laquelle dans notre tableau, bien qu'il suive exactement le texte de la Bible, quelques personnages importants, qui dans le récit biblique sont absents, figurent pourtant dans la composition. Tels sont Rachel et les trois enfants que le chapitre de la Bible ne mentionne pas, ainsi que l'homme vu de profil, assis derrière Laban sur le côté gauche, et le jeune homme visible de face entre les deux personnages se serrant la main, figures que le peintre a rendu avec bien plus de plasticité que les personnages épisodiques de ses 18 Huile s. toile. 155 X 166 cm. Publié dans : P i g 1 e r, A. : Barockthemen. Budapest, 1956. I. p. 51. Actuellement au Musée des Beaux-Arts. 19 « Die Familie Witte als Isaac und Rebecca mit Jacob und Esau umgeben von einer Karawane. » 20 Gruppenbildnisse mit historisch verkleideten Figuren und ein Hauptwerk des Johannes van Noort. Acta Históriáé Artium II, 1955. pp. 168—187. 21 « Men ziet uit een en ander dat, naast Arcadie, ook mythologie, allégorie en godsdienst in de portretkunst konden worden geintrodiceerd ». Op. cit. I, p. 40. 22 Op. cit. p. 170, fig. 1. 23 Bien que l'article ne prétende pas à une plénitude, il convient de mentionner qu'au milieu du XVII e siècle un maître non moindre que Thomas de Key ser avait représenté comme portrait de famille l'histoire de « Loth et ses filles », qui d'ailleurs, est fort peu appropriée pour une scène do famille (publié : Martin, W. : op. cit. I, p. 41, fig. 21). Un tableau analogue est celui de Barent Fabritius, intitulé « Pierre dans la maison du centurion Cornelius » (Braunschweig, Musée,), exécuté en 1653. où une famille nombreuse vêtue à la mode de l'époque est agenouillée devant le saint (publié : ibid. II. p. 134, fig. 74).