Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 20. (Budapest 1962)

CZOBOR, AGNES: Un tableau d'Antonio Tempesta récemment identifié

la couleur et des taches du marbre, la composition et la manière sont même dans les menus détails tellement ressemblantes qu'une comparaison entre les deux tableaux nous convainc de façon à ne laisser subsister aucun doute qu'ils sont sortis de la même main, et que le tableau de Budapest est une version plus habile de celui de la Galerie Doria Pamphili. Les motifs (les nombreuses petites lances des soldats défilant dans l'arrière­plan du tableau de Budapest, incisées au burin tantôt comme des brins d'herbes parallèles, tantôt croisées, les vaches dans le premier plan à droite, etc.) visibles dans le tableau de Budapest, mais absents sur celui de la Galerie Doria Pamphili, se retrouvent dans d'autres tableaux de Tempesta. Le motif des lanciers défilant se répète sans fin ni trêve sur ses feuilles graphiques, entre autres sur le tableau de la Galerie Borghese, également peint sur marbre et représentant également le «Passage de la mer Rouge», 21 tandis qu'on retrouve la vache dans 1'« Adoration des Mages», conservée dans la même galerie. 22 Les personnages du tableau de Budapest accusent une forte influence de Raphaël. Le peintre qui travaillait pendant assez longtemps dans le palais du Vatican, s'est fortement inspiré des fresques de Raphaël dont il a imité les person­nages avec une fidélité parfois servile. Dans ses illustrations de la Bible, il a utilisé plusieurs fois les compositions des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, représentées dans la Galerie des Loges. Au fond, c'est la structure de la scène du «Passage», des Loges, composée de plusieurs groupes indépendants qu'il a adopté dans le tableau de Budapest. On retrouve en outre les modèles de ses divers per­sonnages, même des animaux, dans les fresques ou dans les tableaux de chevalet du Vatican. La figure de la femme debout sur le côté droit du tableau de Buda­pest, portant sur la tête un ballot et dont la robe plissée par le vent retombe dans des plis décoratifs, est une troisième variante vue de face, des deux figures de jeunes femmes visibles sur le côté droit de 1'« Incendie du Borgo » ; le geste de la femme visible en bordure gauche, tenant de ses bras levés un tambour, nous est connu par l'ange du « Couronnement de la Vierge » de la Galerie du Vatican, et par la femme tenant des fleurs figurant sur la fresque conservée à la Parnesina, représentant l'Amour et Psyché. On rencontre dans des dimensions bien plus grandes, les chevaux cabrés ou vus de dos, faisant chez Tempesta souvent l'effet de chevaux à bascule, dans la fresque de la « Bataille de Constantin », et les agneaux massés figurant dans la composition du « Buisson Ardent » des Loges du Vatican. Les chameaux ont eux aussi leurs ancêtres dans la scène de «Joseph vendu par ses frères», etc. Presque tous les personnages et motifs témoignent de la forte influence que Raphaël a exercé sur ce peintre. Cette constatation est du reste valable pour le tableau de la Galerie Doria Pamphili, comme aussi pour les autres tableaux de Tempesta. La finesse du dessin, trait dominant du tableau de Budapest, est due au travail pa­tient et minutieux de l'artiste habitué au burin. Les couleurs un peu crues de notre tab­leau causeraient peut-être du chagrin à Baglione, et le manque du pittoresque désole­rait éventuellement le Vicomte Giustiniani, toutefois ses marques du style témoignent de la période mûre, assez tardive du maître. Le tableau de Tempesta récemment identifié vient d'enrichir la Galerie des Maîtres Anciens de Budapest de l'oeuvre d'un maître qui jusqu'à présent n'était pas représenté dans sa collection. AGNÈS CZOBOR 21 D e 11 a Pergola, P. : Galleria Borghese. I dipinti. II. Roma, 1949. n° 79. 22 D e 1 1 a P e r g o 1 a, P. : op. cit. n° 81.

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