Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 19. (Budapest 1961)
PIGLER, ANDRÉ: L'élément nordique dans l'art de Lorenzo Lotto
L'ÉLÉMENT NORDIQUE DANS L'ART DE LORENZO LOTTO Il y a longtemps que les historiens de l'art ont remarqué les attaches nordiques, plus exactement allemands, de l'art de Lorenzo Lotto. Bernard Berenson signale à plusieurs reprises, aussi dans sa seconde monographie écrite sur le maître, les éléments allemands ou nordiques très frappants. A la suite de cet auteur, nous ne citerons que quelques exemples. Le tableau de Naples, le premier en date de la série des portraits : le portrait en buste de l'évêque Bernardo de'Rossi, a été auparavant considéré d'après ses propriétés stylistiques comme l'oeuvre d'un maître allemand et comme le portrait d'un Allemand. 1 Dans les fresques représentant des hérauts du monument funéraire Onigo à Trévise, le caractère «teutonique» est d'une force déterminante. 2 C'est aussi le cas pour le dessin de l'Albertina figurantun jeune homme. 3 La scène du «Christ et la femme adultère» du tableau du Musée du Louvre accuse l'influence d'Albert Dürer et de Lucas de Leyde. 4 La «Vierge» des Offices, datée de 1534, est une traduction italienne de la «Sainte Anne Trinitaire» allemande 5 et le «Saint Jérôme dans sa cellule» 6 de Lotto, actuellement dans la collection Zocca, à Rome, se rattache encore plus directement à la gravure sur cuivre de Dürer. Ces éléments nordiques demeurent, selon Berenson, les mystères de l'art de Lotto ; une seule donnée nous en fournit une explication, et c'est que l'un des théâtres de l'activité du jeune Lotto était Trévise, située sur la route commerciale allant de Venise à Augsbourg. 7 Bien entendu, cette explication à elle seule laisse ouverte la question de savoir pourquoi c'est justement dans les décades qui suivirent ses années trévisanes que les facteurs allemands sont les plus nombreux. C'est cette période qui était «la fase più nordieizzante dell'attività lottesca» comme le dit très justement R. Pallucchini. 8 Nous pensons que ce n'est pas dans l'un ou l'autre des éléments allemands plus ou moins frappants, ou dans leur présence plus ou moins suivie que l'on doit voir l'essentiel. Les chercheurs italiens, qui naturellement sont les plus sensibles aux facteurs étrangers se présentant dans leur art national, ont très justement signalé que «di un substrato nordico, che più o meno velato affiora in tutta l'opéra del Lotto, non 1 Berenson, B.: Lorenzo Lotto. London, 1956. p. 2, pl. 7. 2 Berenson, B. : op. cit. p. 11, pl. 28, 29. 3 Berenson, B. : op. cit. p. 16, pl. 35. 4 B e r e n s o n , B. : op. cit. p. 82, pl. 253. s Berenson, B. : op. cit. p. 85, pl. 276. 6 Berenson, B. : op. cit. p. 124, pl. 351. 'Berenson, B. : op. cit. p. 19. 8 Pallucchini, R. : Veneti alla «Royal Academy » di Londra. «Arte Veneta» V, 1951. p. 219. — Les deux ouvrages suivants, d'un caractère synthétique, n'ont pas contribué à la solution du problème. Haendcke, B. : Der französisch-deutsch-niederländische Einfluss auf die italienische Kunst. Strasbourg. 1925. p. 47, 48 ; Hetzer, Th. : Das deutsche Element in der italienischen Malerei des sechzehnten Jahrhunderts. Berlin, 1929. p. 157. 3 Bulletin 19. 33