Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 17. (Budapest 1960
GARAS, CLAIRE: Carlo Innocenzo Carlone
CARLO INNOCENZO CARLONE 1686—1775 Le connaissance de la peinture européenne du XVIII e siècle présente, encore de nos jours, de grandes lacunes. Les proportions dans lesquelles l'activité artistique de cette époque nous est présentée par les divers ouvrages, ne répondent pas à la situation réelle de l'époque, donc à la vérité historique. Nos connaissances sur les divers pays et écoles, par exemple sur la peinture vénitienne du XVIII e siècle ou le rococo français, dépassent de loin et éclipsent pour ainsi dire celle des autres tendances artistiques également importantes. Alors que parmi les peintres de tableaux de chevalet — leurs oeuvres connues étant très répandues — même les maîtres mineurs et de moindre importance sont amplement étudiés, l'oeuvre des plus grands maîtres de la peinture de fresques est aujourd'hui encore en partie inconnue. Malgré les initiatives sérieuses des derniers temps, il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. La publication des fresques difficilement accessibles, le dépouillement des sources authentiques, l'éclaircissement des rapports entre les divers territoires et les courants artistiques offrent une multitude de tâches non encore achevées. C'est en partie le hasard qui, au cours de l'étude de l'oeuvre de Franz Anton Maulbertsch et son école, a amené l'auteur à examiner la question de l'activité de Carlo Carlone, un autre fresquiste célèbre du XVIII e siècle. Le Musée des Beaux-Arts conservait dans ces derniers temps une toile du XVIII e siècle, représentant la « Descente de Croix, »* dont les attaches stylistiques avec les oeuvres connues de Carlo Carlone permettent de l'attribuer incontestablement au maître natif de Como (Scaria) qui exerçait également en Autriche et en Allemagne (fig. 62). Le tableau s'est avéré l'esquisse du tableau d'autel de la chapelle de la Sainte Trinité de Paura, près de Lambach. Carlone, qui, dès 1719, travaillait sur les fresques de la chapelle, a conclu en 1722 un contrat en vertu duquel il se chargea de peindre pour la somme de 900 pièces d'or, le tableau d'autel de la chapelle, une « Déposition de Croix ». Le contrat souligne que le tableau d'autel doit, à la différence de l'esquisse présentée « noch in ainer Glori Gott Vatter und also die allerheyligste Dreyfaltigkeit Vorgestöhlt werden. » 2 Etant donné que sur l'esquisse de Budapest c'est justement ce détail qui fait défaut, et que la composition avec le groupe sous la croix — le corps du Christ reposant sur un linceul blanc, la Marie-Madeleine aux cheveux blonds et les mains jointes, la figure allongée de la Vierge des douleurs, sur l'extrémité droite, et Saint Jean et les deux pleurants — concorde parfaitement dans l'une et l'autre versions, nous reconnaissons à juste titre dans le tableau de 1 Collection privée de Budapest, huile s. toile, 60x37 cm. 2 Österreichische Kunsttopographie XXXIV. Stift Lambach. Wien, 1959. p. 427, fig. 547.