Radocsay Dénes - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 10.(Budapest, 1957)
CZOBOR, AGNES: „L'Arrestatiori du Christ" du Caravage
cas figurer dans l'original, les mains derrière l'épaule de -Judas — leur rôle ayant été éelairci d'après les nouvelles copies — se cramponnant dans le manteau couleur de rouille du jeune garçon fuyant. Lossow, d'après la description de Bellori, a interprété de manière erronée la figure du garçon comme étant celle de Saint Jean. C'est AV. Friedlaender 3 qui a démontré que le garçon n'était pas Saint Jean Evangéliste, mais le garçon figurant dans l'Évangile selon Saint Marc, qui lors de l'arrestation du Christ, sautant du lit se précipitait, enveloppé d'un manteau, sur les lieux de l'événement. 11 n'a résussi à s'évader qu'en laissant son manteau dans la main des soldats, se sauvant luimême tout nu. Selon les exégètes de l'Ecriture Sainte ce jeune homme serait Saint Mare lui-même. Nous rencontrons dans les représentations de l'Arrestation du Christ, dès le haut Moyen Age, le garçon abandonnant ses vêtements : au XI siècle surune miniature datée de 1045, de l'Evangélière de Henry ill, sur la célèbre «Maesta» de Sienne de Duecio, 8 chez Jean Fouquet, Dürer et Je Corrège, et finalement dans la composition de Cavalière d'Arpino, mentionnée ci-dessus. Ce personnage très en faveur dans les Mystères médiévaux, apportent de la vivacité même dans l'art dramatique. Selon F. Mâle, 7 c'est sous l'influence des mystères de la Passion qu'il a passé dans les arts plastiques, constatation à laquelle contredit le fait que cette représentation iconographique est peut-être antérieure même au XI e siècle. 8 liest à supposer que le (.laravage ait intégré sous l'influence directe du tableau d'Arpino cette figure dans la composition pour la rendre plus mouvementée. Les antécédants du garçon abandonnant ses vêtements et fuyant, sont, dans l'œuvre du Caravage lui-même, la figure de la Méduse, celle de Holofcrnc, d'Isaac et celle du garçon courant , du Martyre de Mathieu. Dans l'iconographie baroque ce personnage disparaît pour ainsi dire complètement des représentations de l'Arrestation du Christ. L'«Arrestation du Christ» est un tableau des plus dramatiques de l'époque romaine tardive du Caravage. C'est l'une des compositions fort rares «à éclairage nocturne», qui, par leur problèmes d'éclairage, ont exercé une grande influence sur ses disciples. Par exemple, dans le tableau de Dirk van Babureu conservé à la Galerie Borghese. représentant l'Arrestation du Christ, l'influence de la composition perdue du Caravage se fait fortement sentir (fig. 11). Le Christ joint les doigts de la même façon que chez le Caravage, le visage de Judas, le soldat bardé de fer au bras tendu, ainsi que les autres types, remontent également au Caravage. Le garçon courant ne figure point dans le tableau de Dirk van Baburen. La datation de 1'« Arrestation du Christ » est dans les publications fort variée. Longhi et AV. Fried laender 9 la considèrent comme une œuvre de jeunesse et la situent à la seconde moitié des années 1590 ; Denis Mahon 10 l'a datée, en 1592, de 1601— 1602. tandis que R. Ilinks la croit plus tardive 11 et accepte la datation antérieure de Mahon, des années 1603—1604. 12 Les gestes très expressifs, la composition centrifuge mouvementée sont, selon Ilinks, les caractéristiques du style des dernières années que le Caravage a passées à Rome, même celles des années qui suivirent ce séjour. L'atmosphère sombre, mélancolique, le sérieux solennel, de même que le 5 F r i e d 1 a o n d e r, W. : op. cit. p. 173. 0 R é a u. L. : Iconographie de l'art chrétien. I. Paris, 1955. p. 263. 7 Maie, É. : L'art religieux, de la fin du moyen âge. Paris, 1925. III. p. 6 3. H Beau, L. : op. cit., p. 173. 8 F r i e d 1 a e n d e r, W. : op. eil. p. 174. 10 Mahon, D. : Addenda to Caiavaggio. The Burlington Magazine, 1952. p. 19. 11 H i n k s, R. : Michelangelo Merisi da Caiavaggio. London, 1953. p. 111. 12 Mahon, D. : Kgregius in Vile pietor : Caravaggio revised. The Burlington Magazine, 1951. p. 234.