Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 9. (Budapest, 1956)
GARAS, CLAIRE: Le retable du Calvaire de Memling
copies de détails et des emprunts de motifs qui permettent de conclure à leur existence. 12 C'est parmi ces tableaux néerlandais perdus du milieu du XV e siècle que nous devons chercher la composition qui remonte à Rogier van der Weyden, et qui a servi de point de départ au triptyque de Memling. Le British Museum conserve un dessin à la plume du XV e siècle, représentant des différents groupes et figures de la scène du Calvaire. 13 Les figures juxtaposées s'y rangent inorganiquement et de manière serrée, évidemment détails d'un ensemble plus grand et cohérent. Nombreux motifs de ce dessin figurent, avec des modifications plus ou moins grandes, dans le Calvaire de Lübeck et de Budapest — Haarlem, tels par exemple le capitaine levant le bras du tableau de Haarlem, la Vierge et Saint Jean du tableau de Lübeck, Marie Madeleine se tordant les mains, dans tous les deux tableaux. Sur le dessin cependant l'expression est plus rigoureuse, les costumes sont plus archaïsants et les types (par exemple le groupe des pleureuses et Marie Madeleine) évoquent Rogier van der Weyden. Nous rencontrons dans nombreuses représentations du Calvaire, néerlandaises et allemandes du XV e siècle, des motifs communs, souvent répétés, qui prouvent l'existence d'un modèle dénotant le style de Rogier van der W^eyden, maître connu dans un vaste cercle et ayant eu un grand effet sur les peintres de l'époque. Par exemple Marie Madeleine représentée de profil agenouillée et levant les bras, figure sur un tableau du Calvaire daté de 1491 (Munich, Bayer. Mus. de Wasserburg), sur un dessin à la plume du XV e siècle (Francfort), etc. 14 Quelques détails de ce dernier (la femme se tordant les mains* sur le bord gauche derrière la femme soutenant la Vierge, Saint Jean) se répètent dans un Portement de Croix qui remonte également à Rogier van der Weyden. 15 Les concordances et emprunts de motifs frappants indiquent le tableau du Calvaire perdu, oeuvre présumée de Rogier. C'est d'après celui-ci qu'a dû être exécuté le dessin de Londres, qui, vu les particularités du style, est l'oeuvre de Memling. 16 Ce peintre, semble-t-il, s'est tenu là aussi, comme dans nombreux autres cas (Beaune, Danzig, Munich, Madrid) aux compositions de Rogier, en utilisant plus tard les détails et les éléments constructifs empruntés dans le Calvaire de Lübeck et dans l'original perdu du tableau de Budapest — Haarlem. CLAIRE GARAS 12 Détail du Calvaire, dessin dans la manière de D. Bouts, conservé dans la collection Masson à Paris. Le même figure sur un tableau en possession d'une collection privée anglaise (Schöne: op. cit. Pl. 75). Le Calvaire, tapis série d'Arras, Cathédrale de Saragosse, et une tapisserie de Bruxelles. Bruxelles, Musées Royaux (G ő h e 1, IT.: Wandteppiche. Leipzig, 1923. p. 192 et 219). 13 P o p h a m, A. M. : Catalogue of drawings of dutch and flemish artists. British Museum. Londres, 1932. p. 33. Probablement un dessin de Memling, éventuellement un copie d'un tableau perdu. En rapport avec le costume archaïsant, le corsage froncé et la coiffe plissée de la femme soutenant la Vierge, caractéristiques des années 1440, voir la Mise au tombeau de Rogier, dessin conservé au Louvre, etc. 14 Stift und Feder. Francfort, 1926. No 17. Les tableaux sont publiés sur les Pl. 75 a, cet 76 a, b de l'ouvrage cité de Schone. 15 Winkler, F. : Der Meister von Flémalle und Rogier van der Weyden. Strasbourg, 1913. Pl. XVIIT, N° 49. La moitié dextre de cette même composition se trouve sur un dessin du XV e siècle, conservé à Nuremberg. (W inkier: op. cit. Pl. XVIII). 16 Les représentations du Calvaire mouvementées, à nombreuses figures sont fort fréquentes dans la peinture de Westphalie du XVe siècle. Les motifs qui y accusent une parenté avec les Calvaires de Memling et avec celui du Calvaire éventuel de Rogier van der Weyden sont les suivants : le jeune cavalier vu pour la plupart de dos, et Longinus, se tenant à gauche de la croix, saisissant tous les deux la même lance ; l'arrangement analogue des soldats jouant au dès. (Stange, A. : Deutsche Malerei der Gotik. Berlin, 1954. VI. p. 51, 63-64, 65 — 66, etc.)