Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 9. (Budapest, 1956)

GARAS, CLAIRE: Le retable du Calvaire de Memling

assis à dos de cheval, alors que sur le tableau de Lübeck il est à pied, etc. Nombreux détails sont analogues, mais aucun n'est identique : tous sont des variantes et non des copies. A en juger par les analogies, il est certain que l'artiste qui a peint l'un des tableaux, avait connu et conservé le souvenir de la composition et des figures de l'autre. Dans le Portement de Croix du volet senestre la concordance est plus marquée : la zone inférieure —• abstraction faite de la figure du donateur — est presque identique dans les deux retables. Par contre sur le volet consacré à la Résur­rection, le peintre présente, à l'encontre de celui de Budapest, deux scènes : la Mise au tombeau et la Résurrection. Analysant les différences, et les concordances, et comparant soigneusement la composition, le style et la facture des deux tableaux, nous arrivons au résultat que la composition du tableau de Budapest est bien supérieure à l'autre ; elle est plus réfléchie, plus organique et de quelque manière plus complète. Tout y est explicitement à sa place, tandis que dans le retable de Lübeck les groupes s'entas­sent les uns sur les autres ; le rapport et les proportions des personnages sont plus satisfaisants et justes sur le panneau de Budapest qui au point de vue de la compo­sition et de la conception est plus vigoureux et authentique, Quant à sa qualité, il reste bien en arrière du retable de Lübeck. L'exécution du triptyque de Budapest est bien plus faible que celle de Lübeck, les couleurs sont plus effacées, le dessin est pointilleux et fatigué et il manque dans les détails de la finesse et de la sûreté qui caractérisent les oeuvres sorties de la main de Memling. La comparaison entre les compositions nous autorise à établir que c'est celle de Budapest qui est la plus originale, nous estimons par contre inimaginable que le triptique de Lübeck, oeuvre tardive et authentique, soit un dérivé de celui de Budapest, bien plus faible et atone. 3 C'est une variante récemment apparue du tableau de Budapest qui nous aide à résoudre les contradictions et à dénouer le problème qui nous est posé. Le triptyque attribué à Gérard.David (94x70, 94x33), passé de la collection Koenigs dans celle du Musée de Frans Hals de Haarlem, et dont le panneau central représente le Calvaire, et le volet dextre la Résurrection est la réplique exacte jusqu'aux détails, de celui de Budapest (l'Adoration de l'Enfant représenté sur le volet senestre ne figure pas sur le volet de Budapest).* Les publications n'ont jusqu'à présent pas accordé beaucoup d'attention à ce tableau d'une excellente qualité. C'est W. Schöne qui pour la première fois en fit mention en 1939, lors de l'exposition Memling, dans sa note relative au Calvaire de ce maître, 5 ses rapports avec le tableau de Budapest n'ont cependant pas encore été étudiés de plus près (fig. 17—19). 6 3 C'est ce fait qui autorise Baldass (op. cit. p. 49) à écrire au sujet du tableau de Budapest : ,,Memlings Erfindung offenbart sich vielleicht noch reiner" et Dülberg (op. cit. p. 124) à dater le tableau de Budapest de quelques années avant celui de Lübeck. 4 Catalogus van het Frans Hals Museum. Haarlem. Haarlem, 1954. Le tableau avait fait antérieurement partie de la collection du prince Reuss à Stonsdorf. Exposé en 1945 à La Haye. (Nederlandsche Kunst van de XVde een XVIde eeuw. No 6). 5 Pantheon, 1939. p. 291. Selon Schöne: op. cit. p. 105. le panneau de Haarlem est une copie libre faite par Gérard David d'après celui de Budapest : „die Kopie erscheint dem Original überlegen". Schöne pose en même temps la question de savoir si le rapport entre le triptyque de Lübeck et celui de Budapest est bien défini par les termes : original et copie 8 ? Â son avis il ne faut pas passer outre à la possi bilité que la copie de Haarlem n'ait pas été faite directement d'après le tableau de Budapest, mais d'après une oeuvre perdue de Memling. 6 B a a r d, H . P. : Drieluik School von Gerard David einde XV. euw. Jaarverslag Vereenigung Rembrandt over de jaren 1948—49. p. 12. Il attribue le triptyque de Haar­lem à Gérard David. Selon lui le Calvaire a été exécuté d'après le tableau de Lübeck de Memling. Son rapport avec le Calvaire de Budapest n'est mentionné ni dans le compte rendu, ni dans le catalogue de l'exposition de La Haye (1945).

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