Balogh Jolán szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 2. (Budapest, 1948)

Balogh, Yolande: Titien et Marie de Hongrie

presentation extérieure, avec ses planches d'un style caractèristiquement vénitien, la range à juste titre parmi les plus remarquables incunables de Venise. L'ornementation de l'encadrement du frontispice se compose de petites scènes empruntées à l'histoire romaine; parmi elles, l'image de Romulus et de Rem us avec la louve est une allusion manifeste à l'endroit de la publication. Sur le folio 1 nous trouvons le portrait de l'auteur, de Barletius, et à la tête des chapitres de très belles initiales formées d'éléments végétaux que Bernardinus de Vitalibus reprit de la même façon plus tard dans sa publication vénitienne de 1498 (Sabellicus: Enneades).

23 La plus remarquable illustration du volume est le magnifique portrait de Scander-beg gravé avec une force extraordina.irement caractéristique et des riches moyens picturaux et auquel une excellente peinture vénitienne, exécutée entre 1460, et 1470, a dû servir de modèle. Par suite de sa parenté surprenante avec les portraits de doges il faut chercher le maître de l'oeuvre originale dans l'entourage de Gentile Bellini. Le graveur a transporté l'excellent modèle avec une grande science et beaucoup de sens artistique dans le style xylographique. Avec la riche distribution des ombres il a même réussi à rendre sensible l'éclat des tons. Il était probablement lui-même vénitien. Son remarquable ouvrage que nous pouvons déjà maintenant faire dater de 1493 surpasse tous les portraits sur bois de son époque. La belle édition de Bernardinus de Vitalibus a dû éveiller un vif intérêt à Rome et c'est pourquoi il y eut une réimpression dont il n'est plus nécessaire, eu connaissance de l'édition de 1493, de reculer la date de publication jusqu'en 1508: elle a pu être imprimée éventuellement encore au cours de la dernière décade du XV

e siècle. Hélène Balogh. TITIEN ET MARIE DE HONGRIE À 1 'époque où Marie, reine douarière de Hongrie, était régente des Pays

—• Bas elle comptait parmi les mécènes et les admirateurs les plus zélés de Titien. Sa riche collection

1 pouvait s'enorgueillir de beaucoup d'oeuvres du grand peintre vénitien; il s'y trouvait des compositions religieuses ou mythologiques aussi bien que des portraits de famille (Charles-Quint, Ferdinand I

er etc.). Les portraits de la reine ellemême et de son mari, le roi Louis II de Hongrie décédé dans sa jeunesse, comptaient au nombre de ces derniers. Malheureusement tous les deux sont perdus: celui de Marie s'est égaré, celui de Louis II a été consumé dans une incendie. Leur souvenir n'est conservé que par quelques brèves notes d'inventaire. L'inventaire de la succession de Marie, dressé en Espagne lors de sa mort (1558), mentionne le portrait de la reine.

2 Par chance cette note laconique n'est pas la seule à témoigner de l'oeuvre de Titien: de nombreuses copies nous en sont restées. Parmi les portraits de la reine apparaît fréquemment une composition caractèristiquement titianesque représentant, conformément à la note d'inventaire, Marie vêtue, selon son habitude, de deuil: une robe noire avec une écharpe blanche sur la tête. Il n'est guère contestable que ces toiles sont des copies de l'oeuvre perdue de Titien.

3 Jusqu'à présent 23 C. Castellani : L'arte délia stampa. Venise (Ongania), 1894, Il> partie, p. 29. 1 A. Pinchart: Tableaux et sculptures de Marie d'Autriche, reine douarière de Hongrie. Revue Universelle des Arts, III. 1856, p. 127—146. 2 Pinchart : Op. cit. p. 139. 3 L'auteur de cette étude s'occupa pour la première fois en 1926 du portrait de la reine Marie par Titien (cf.: Arch. Ért, 1926, p. 208). À cette époque j'ai pris comme point de départ de la reconstruction la petite peinture provenant de la collection d'Ambras car la caractéristique des traits du visage y montre de la parenté avec le portrait de CharlesQuint. Plus tard, en 1929, lorsqu'on fit offre du tableau de Londres au Musée, sa photographie m'est parvenue et j'y reconnus immédiatement la composition de Titien si longtemps 2* 19