Hedvig Győry: Mélanges offerts a Edith Varga „Le lotus qui sort de terre” (Bulletin du Musée Hongrois des Beaux-Arts Supplément 1. Budapest, 2001)

CLAUDE VANDERSLEYEN: Les peintures minoennes de Tell el-Dab'a (Avaris) et l'hypothese d'un mariage princier?

de sang crétois. Cette hypothèse d'un mariage princier reprend une ancienne théorie, remontant à Eduard Meyer, 14 au début du 20 e siècle; 20 elle repose toute­fois, en partie, sur quelques confusions anciennes et sur quelques coïnci­dences. Le beau cercueil 21 qui contenait armes et bijoux aux noms de Kamosis et d'Amosis n'est pas celui de la mère de ce dernier; car cette Ahhotep-là ne porte pas le titre de mère de roi. Ce titre se lit en revanche sur le cercueil d'une autre Ahhotep, 22 celle qui est vraiment la mère d'Amosis, celle-là même qui était "souveraine des rivages des Haou-Nebouf '. Ce titre ne doit pas être néces­sairement associé aux décors "égéens" des armes ni au visage du cercueil de l'autre Ahhotep. La confusion entre les deux cercueils remonte au Livre des Rois de Gauthier. 23 Quant aux Haou Nebout, ils occupaient sans doute une partie des "îles qui sont au milieu de ouadj our". Pendant longtemps on a traduit cette expression par "îles qui sont au milieu de la mer". Comme les habitants de ces îles étaient fi­gurés avec une allure "égéenne" dans deux tombes du temps de Touthmosis III, la tombe d'Ouseramon (TT 131) et celle de Rekhmiré (TT 100), et que, dans cette dernière, ils étaient figurés en compagnie d'habitants du pays Keftiou, d'allure "égéenne" eux aussi et dont on ne peut les distinguer - ils forment un groupe homogène -, on en a conclu que «les 'îles qui sont au milieu de oudj our», étaient des îles de la mer Egée et que les habitants du pays Keftiou étaient les Crétois. Le mot ouadj our, en fait, ne désigne jamais la mer, mais une particularité de la vallée du Nil, la verdure luxuriante produite par l'i­nondation annuelle. 24 L'endroit où l'alluvionnement dû au Nil a formé le plus " Bietak, op. cit (note 12), p. 80 et n. 141. Le point de vue de Meyer a été repris par Alexandre Moret qui le résume ainsi : «On se demande, avec lid. Meyer, si la veuve de Seqenjcnrâ [Séqénenré] n'était pas originaire des îles méditer­ranéennes, ou alliée par le sang avec quelque Egéen, ce qui aurait donné à son fils, Ahmès I [Amosis], l'appui de la flotte et des mercenaires crétois? En fait, Ahmès I affirme que "tous les Haounebou disent de lui : 'Nous le servons!'". Ces titres signifient tout au moins que le commerce avec la mer Egée et la maîtrise de la mer appartiennent à l'Egypte et à ses alliés du Nord. D'autre part, les nombreux bijoux d'or, sertis de pierres préciseuses, et les armes d'apparat, déposés dans le cercueil de la reine Ahhotep, sont décorés dans le style créto-mycénien et suggèrent des rapports entre la cour de Crète et celle de Thèbcs» (Moret, Histoire de l'Orient, II, Paris 1936, p. 488). 20 Cf. la note précédente et Bietak, op. cit. (note 12), n. 141. :l Caire CG 28501; PM I 2 600. 22 Caire CG 61006; PM V 660. 23 Cf. Cl. Vandersleyen, Les deux Ahhotep, SAK 8 (1980), pp. 237-241. L'erreur se perpétue puisque, dans le catalogue Pharaonen und Fremde Dynastien im Dunkel, Vienne 1994, le cercueil de la figure 13 (p. 29) n'est pas celui de la mère d'Amosis, mais celui de l'autre Ahhotep, celle qui n'est jamais appelée "mère de roi"; même erreur dans J.P. Corteggiani, L'Egypte des Pharaons au musée du Caire, Paris 1979, n° 45, p. 108, où Séqénenré est appelé à tort "l'époux de la reine" (inchangé dans la 2 e édition).

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