Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 125-132. (Budapest, 1989-1990)
TANULMÁNYOK - ESSAYS - Le Calloc'h, Bernard: Alexandre Csoma de Kőrös n'est pas mort du paludisme
et le marrube blanc (marrubium vulgare) au tome IV, pages 101 et 671. Le saule (salix alba) au tome V. page 629. En outre, dans son „Tratte de pharmacie théorique et pratique" (Paris, Chrochand, 1836), le pharmacologue Eugène Soubeiran attribue formellement à chacune de ces plantes officinales des vertus fébrifuges indiscutables. Au sujet de la camomille, il précise même que:"elle était le fébrifuge par excellence avant la découverte du quinquina", et il rappelle que l'absinthe „est justement appréciée comme fébrifuge". Puisqu'il n'est pas douteux que Csoma de Kőrös souffrait de fièvre, comment ne pas s'étonner que Campbell ne lui ait pas fait boire, au lieu de soupe, à tout le moins une tisane de l'une ou l'autre de ces plantes, que l'on pouvait trouver su place? Mais non, il l'a laissé sans soin, apparemment persuadé que tout cela était sans gravité. 12) Le 9 avril, voyant que Csoma est plus mal, que lui fait-il? Il lui frotte les tempes avec un liquide vesicant (blistering fluid). Un vesicant, dans la mesure où ce n'est pas un simple dérivatif, mais un véritable révulsif, peut se révéler utile dans une affection inflammatoire, comme la pneumonie par exemple, mais certainement pas en cas de paludisme, et le docteur Campbell le savait forcément mieux que quiconque. En se décidant à employer un vesicant, il prouve donc à l'évidence qu'il ne songe nullement à une crise de malaria. Mais il est improbable que Csoma ait pour autant souffert d'une Pneumopathie, connue le croit -seul de son espèce- le comte Béla Széchenyi 3 \ car il nous manque les symptômes principaux que sont le point de côté, la dyspnée, l'accélération du pouls, et la toux. 13) C'est seulement après qu'il a constaté une sérieuse dégradation de l'état du malade que Campbell l'incite vraiment à avaler „quelque médecine", mais toujours sans nous due quel remède précis il préconise. Certes, les ..détails techmques", propres à l'art médical, n'intéressent pas les autorités gouvernementales de Calcutta auxquelles il adresse son rapport. Mais alors pourquoi parler de teint jaune, de langue chargée, de mal de tête? D'ailleurs, Csoma. qui n'a pas fini de nous étonner, estime tout bonnement qu'il est trop tard pour prendre un peu de racine de rhubarbe „parce que le soleil est sur son déclin". Quel rapport mystérieux établissait-il entre la rhubarbe et le crépuscule? C'est ce que Campbell ne nous dit pas puisqu'il nous rapporte les propos de son hôte sans les commenter. Mais tout de même, s'il avait soupçonné la malaria, aurait-il laissé Csoma sans soins? 14) A la lecture de ce texte on a le sentiment pénible que la médecine ne pouvait rien faire pour s'opposer au mal dont était atteint, assure-t-on, le voyageur hongrois. Or, -il faut ici le répéter- la science médicale et pharmaceutique européenne était en mesure de lutter avec quelque efficacité contre diverses formes d'hyperthermies, soit par des fébrifuges généraux, soit par ce fébrifuge spécifique de la malaria qu'est la quinine, ou à défaut l'écorce de quinquina en décoction, poudre, tablette, sirop, électuaire, vin, ou teinture. Le quinquina utilisé en Europe provenait généralement d'Amérique du Sud. Mais nous savons par les ouvrages des botanistes britanniques, notamment ceux de Hooker, qu'il existait en Inde quatre variétés de cinchona poussant à l'état sauvage et spontané: excelsa, gratissima, succirubra et thirsiflora. Les médecins exerçant en Inde ne pouvaient donc raisonnablement être pris au dépourvu. Du reste, comme il a été dit plus haut, faute de quinquina ou de quinine, il restait l'angusture vraie (galipea febrifuga ou galipea officinalis), qui donnait généralement de bons et durables résultats et dont nous savons que la médecine européenne faisait alors un usage fréquent. Faut-il rappeler que c'est un médecin anglais de la Trinité, le Dr Evers, qui avait découvert la valeur curative de cette plante et l'usage thérapeutique de son écorce, administrée en infusion? w Dans son livre de memories intitulé ..Souvenons-nous des anciens" (emlékezzünk régiekről), le comte Béla Széchenyi écrit notamment au sujet de la mort d'Alexandre Csoma de Kőrös: „Le 6 avril, il est pris de fièvre, et le 11, sans doute une pneumonie met fin à la noble vie de ce grand homme" {Április 6-án lázba esett és 11-én alkalmasint tüdőgyulladás vetett véget a nagy férfiú nemes életének).