Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 125-132. (Budapest, 1989-1990)

TANULMÁNYOK - ESSAYS - Le Calloc'h, Bernard: Alexandre Csoma de Kőrös n'est pas mort du paludisme

En vérité, sa santé a dû se détériorer pendant son séjour à Titaliah. dans le haut Bengale, ou peu de temps après son retour. Nous savons, en effet, par une lettre de James Prinsep au professeur Hammer de Purgstal, conseiller aulique près la cour d'Autriche, datée du 9 septembre 1838 32 . qu'à cette date la vue du savant est déficiente (his eyes are failing), signe probable d'une déficience plus générale, car bien des troubles ophtalmologiques proviennent moins d'une faiblesse de l'appareil oculaire que de carences ou avitaminoses, dues à la malnutrition, à des insuffisances organiques, ou à une mauvaise assimilation cellulaire par fatique générale. Il doit y avoir là un symptôme de vieillissement, dont on ne peut même pas dire qu'il est précoce, puisqu'en 1838 Csoma est dans sa cinquante-cinquième année 33 . Il est donc certain qu'en 1842 sa capacité de résistance à la maladie est notablement diminuée, sans qu'il s'en soit peut-être rendu compte aussi longtemps qu'il a exercé à Calcutta le métier éminemment sédentaire de bibliothécaire. C'est pourquoi, dans l'entreiten qu'il a eu quelque temps plus tôt avec le peintre hongrois Auguste Schoefft, il a cru pouvoir lui dire souhaiter rester encore une dizaine d'années en Asie avant de songer à s'en retourner définitivement au pays. Aurait-il, du reste, entrepris le voyage qui devait, pensait-il, l'emmener jusqu'à Lhassa et au delà, s'il n'avait eu la conviction qu'il en avait encore la force? 9) Quand, devant constater que sa maladie se prolonge, il se décide à prendre „un vieux morceau de rhubarbe desséchée" - suivant en cela un conseil que lui aurait donné l'explorateur William Moorcroft, lui-même médecin-vétérinaire - Campbell m y fait nulle objection. Au contraire, il l'y encourage, alors que. dans l'état où est le malade, l'absorption d'une racine laxative est évidemment une absurdité. 10) Quand le malade lui dit qu'il va prendre aussi un émétique lui avait jadis recommandé un médecin persan, il ne lui signale pas que, sous le climat tropical, ajoutée à l'influence de la rhubarbe, celle de l'émétique ne contribue en aucune façon à le soulager, à plus forte raison à le guérir, mais que, en revanche, ces deux remèdes sont contre-indiqués et ne peuvent que précipiter sa perte. Le médecin expérimenté qu'il était, après plus de quinze années de pratique en milieu tropical, ne pouvait l'ignorer. 11) Le plus étonnant, c'est que Campbell ri administre aucun fébrifuge. Il n'y fait même pas allusion, alors que, s'il avait vraiment cru qu'il se trouvait en face d'un cas de malaria, il n'aurait pas pu ne pas lui prescrire ce genre de médicament. A supposer qu'il n'ait eu sous la main ni quinquina ni sulfate de qui­nine - hypothèse peu vraisemblable - il avait la ressource de lui faire boire une décoction d'angusture vraie que ses confrères anglais de l'Inde utilisaient couramment. A supposer qu'il n'ait pas eu non plus de ce dernier médicament, il pouvait encore lui faire boire, par exemple, une infusion d'absinthe, de petite centaurée, de tanaisie, de marrube blanc, de camomille, ou bien une décoction de saule, toutes plantes connues depuis longtemps pour leurs propriétés quelque peu fébrifuges, quoique beaucoup moins efficaces que le quinquina. Or, au lieu de cela, il lui envoie de la soupe, alors qu'il a constaté de l'embarras gastrique! On pourrait objecter que peut-être l'on ne trouve pas ces plantes dans le sous-continent indien et que les faire venir d'Europe n'est point chose aisée. Mais tel n'est pas le cas. Nous en avons la preuve à la lecture de l'ouvrage du botaniste Hooker „Flora of British India" (Londres, L.Reeves, 1896—97), lequel Hooker était, d'ailleurs, l'ami intime du docteur Campbell et fut plusieurs fois son hôte à Dardjiling. La camomille (anthémis nobilis), la tanaisie (tanacetum vulgare), l'absinthe (artemisia absinthium) y fiqurent au tome III, respectivement aux pages 312, 318 et 328. La petite centaurée (erythrea centaurium) J: Lettre publiée par Imre Ress dans J.evéltári közlemények" volume LVI, 1985, Budapest, page 248, dans un arti­cle sur „Les sources relatives à Alexandre Csoma de Kőrös dans les archives d'Autriche" (Ausztriai levéltári forrá­sok Körösi Csoma Sándorról). 33 Si l'on admet qu'il est né en 1784, comme cela est la règle habituellement, malgré certaines thèses opposées.

Next

/
Thumbnails
Contents