Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 125-132. (Budapest, 1989-1990)

TANULMÁNYOK - ESSAYS - Le Calloc'h, Bernard: Alexandre Csoma de Kőrös n'est pas mort du paludisme

dans son laboratoire de Plaistow * Il y met tant d'ardeur qu'il devient trés vite l'un des plus grands experts pour tout ce qui touche à l'utilisation thérapeutique du quinquina. Il exporte sa production dans le monde entier, et particulièrement aux Indes orientales, où elle fait merveille. La culture de l'arbre à quinquina n'y sera toutefois introduite, ainsi qu'à Ceylan, qu'à partir de 1861, alors qu'elle 1' est dès 1854 à Java par les Hollandais, bait remarquable et qui mérite ici d'être signalé spécialement, cette cul­ture connaîtra une expansion spectaculaire au Sikkim, précisément dans la région de Dardjiling, à partir de 1862, ce qui permettra à Broughton d'y commencer en grand la fabrication du „Totaquina", mélange peu précis, certes, mais d'une efficacité indiscutable, supérieur de beaucoup au „remedé de Talbor". De toute façon, dès avant la découverte de Pelletier et Caventou, l'on savait administrer aux patients l'écorce pilée, sous forme de décoction, d'extrait, de teinture, ou d'élixir, ce qui ne permettait pas un dosage rigoureux, mais donnait en général d'assez bons résultats contre la plupart des „fievres" qui étaient le lot quotidien en Inde. En 1842, quand Csoma de Kőrös tombe malade à Dardjiling, le quinquina est donc familer aux médecins européens, et la quinine, dont l'emploi en thérapeutique courante a été assez long à se généraliser, leur est du moins parfaitement connue. Si l'on en voulait une preuve, il suffirait de mention­ner cette étude publiée en janvier 1831 dans le N°25 de la revue „Gleanings in science" par le naturaliste et climatologue Henry Piddington (qui sera plus tard l'un des dirigeants de la Société asiatique de Calcutta) sur „Le sol qui convient le mieux à la culture du Cinchona". Ou encore ce rapport présenté par­le docteur H. Mackenzie devant la Société médicale et physique du Bengale le 6 août 1831 au sujet de l'utilité de la saignée dans la lutte contre les fièvres intermittentes, où il rappelle que „la quinine n'est en aucune façon négligée pour autant; au contraire, elle a été employée avec le plus grand bénéfice en con­jonction avec la saignée et les purgatifs" 11 . Ou encore le témoignage de Victor Jacquemont, qui y fait allusion de façon précise dans son journal de voyage M . et remarque combien la quinine est efficace con­tre les fièvres intermittentes comme l'est précisément le paludisme. Ixs propriétés antipyrétiques du quinquina et de la quinine ne sont plus à démontrer et les praticiens sont unanimes à tenir la découverte de la quinine pour „la plus grande découverte de la thérapeutique moderne". Il serait donc inimaginable que le Dr Archibald Campbell en ait ignoré jusqu'à l'existence, lui qui, ayant fait toute sa carrière en Inde et au Népal, fut sans cesse confronté professionnellement au paludisme et aux diverses formes de ,.fièvres" tropicales. Si donc il ne prescrit pas à son ami hongrois de sulfate de quinine, c'est parce qu'il n'a pas diagnostiqué la malaria. A supposer qu'il n'en ait pas eu sous la main, il aurait eu recours au quinquina en décoction ou en teinture, ou tout simplement au vieux „remedé de Talbor". A supposer qu'il n'ait pas eu non plus de quinquina à sa disposition, il aurait fait appel à l'écorce d'angusture vraie, connue depuis 1788 des médecins des régions tropicales comme un bon fébrifuge, succédané du quinquina 29 . Certes, l'écorce de quinquina contenant plus d'une vingtaine d'alcaloides différents, les décoctions et teintures en usage à l'époque, très variables selon les espèces utilisées, avaient une efficacité quelque peu aléatoire. Elle 26 Plaistow est une banlieue située au Nord Nord-Est de la cité'de Londres, à cinq miles de la cathéd-rale Saint Paul, où ont été édifiés en 1806 les docks destinés au commerce aves l'Inde (East India docks). 27 Compte-rendu publié dans le numéro du mois d'août 1831 de la revue „Gleanings in science" de Calcutta, page 261. On notera par la même occasion que le président de la Société médicale et physique était alors Horace Hayman Wilson, par ailleurs secrétaire de la Société asiatique. Wilson, qui était médecin, non seulement ne renonça jamais à sa vocation première, mais il déploya toujours une grande activité dans le domaine de la recherche médicale et scien­tifique. 2S Victor Jacquemont, Journal, 3-ème partie, volume II, page 485: ,J'ai remarqué que le sulfate de quinine agit avec bien plus de succès contre les fièvres intemvittentes que la quantité de quinquina supposée équivalente à la dose qu'on en prescrit" (28 février 1830). 2 ' L'angusture utilisée pour combattre la fièvre intennittente est dite „vraie" par opposition à l'autre angusture, dite „fausse", qui est une plante vénéneuse.

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