Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 117-120. (Budapest, 1987)
TANULMÁNYOK - Le Calloc'h, Bemard: Orvos volt-e Körösi Csoma Sándor? (francia nyelven)
tibétaine, la rédaction du Quadruple Traité au Bouddha. Pourtant, un seul fait suffit à démontrer l'invraisemblance de cette attribution. Le Bouddha a toute sa vie condamné l'abattage des animaux, sauvages aussi bien que domestiques, et dénoncé la consommation de la viande comme la source inévitable d'un mauvais karma. Or, au paragraphe 16 du deuxième livre du Rgyud- bzi, il est question de la meilleure façon de manger la viande! Il n'empêche que Sakyamouni, sous l'aspect du Bouddha de médecine ou Sangye Menla, fait l'objet d'une vénération générale et d'un culte admis par toutes les sectes et écoles de pensée du lamaïsme. Représenté en couleur bleue sur les thankas, tenant dans sa main gauche un bol de potion et dans sa main droite la Pura, onguent de plantes médicinales, il est resté jusqu'à nos jours la source d'où procède toute guérison. C'est ce qui explique qu'à côté de recettes thérapeutiques proprement dites telles que pilules, tisanes, ou onguents, la médecine tibétaine a toujours fait largement appel à des rites, charmes et interventions magiques. Religion, astrologie et médecine ont de tous temps été confondues. Accomplir des circumambulations autour d'un lieu réputé saint tels qu'un temple ou chôrten (tib.: mchod-rtan), réciter son rosaire, se prosterner des centaines de fois, faire tourner un cylindre à prières, sont des ,,remèdes" jugés beaucoup plus efficaces que les prescriptions médicales. En fait, aux yeux des Tibétains, le respect scrupuleux de la voie bouddhique, ou dharma, est le meilleur des moyens de guérison puisque la maladie est considérée comme ayant son origine dans de mauvaises actions et non pas dans quelque agent pathogène précis. C'est pourquoi ne pas omettre ses devoirs religieux, ,,renoncer aux dix actions immorales", comme le prescrit par exemple le Rgyud-bzi au treizième chapitre du deuxième livre, sont les premières des conditions pour recouvrer la santé, dès lors qu'elles contribuent au rééquilibre mutuel des trois humeurs. Même les préparations pharmaceutiques ne sont pas jugées efficaces par elles mêmes. Elles n'acquièrent de véritable valeur thérapeutique que si le médecin y incorpore ,,la force des mantras", ou formules sacramentelles. Il doit ,,imprégner de pouvoir médical", ,,charger de puissance bénéfique", les ingrédients dont il compose ses médicaments, les enrichir par le pouvoir de l'incantation. Seuls les remèdes ainsi ,,consacrés", comme l'est l'hostie par le prêtre pendant la messe, sont supposés avoir pouvoir de guérir. Et cela explique pourquoi la plupart des médecins sont des moines. Le Quadruple Traité a été rédigé au Cachemire au cours du VlII-ème siècle de notre ère par un moine interprète, un lotsava (tib.: lo-ca ba), nommé Vairocana, à partir d'un original sanscrit, avec l'aide d'un pandit spécialement versé en médecine de l'Ayurveda. A son retour au Tibet, Vairocana l'offrit au roi Tirong Detsen (tib. : Khri-sronlde bcan) qui régna de 756 à 797 et est fameux dans l'histoire de son pays pour avoir institutionnalisé le bouddhisme en le proclamant religion d'Etat, sous l'influence du maître tantriste Padmasambhava. Le roi donna à son tour l'ouvrage à un savant médecin nommé Gyu-thog, qui était allé lui aussi au Cachemire. Puis, ,,à travers treize générations", nous dit-on,il parvint jusqu'à un autre Gyu-thog, que la tradition surnomme ,,le jeune" pour le distinguer de son ainé. Gyu-thog-le-jeune améliora quelque peu le livre, dont il contribua à propager la connaissance. Cela se passait au Xl-ème siècle. Dans sa présentation du Quadruple Traité, Csoma ne fait pas référence à la tradition selon laquelle le Rgyud-bzi aurait été caché par Padmasambhava dans le couvent de Samyé (tib. : bSamyas), fondé par lui et Sankarakshita, pour n'être découvert que deux siècles plus tard, conformément à une variété de légende qui, dans l'histoire du Tibet, porte le nom de terma (tib. : gTer-ma) ou ,,révélation". Cette tradition, ou plus exactement cette interprétation des faits, réels ou imaginaires, est née à la suite des persécutions exercées contre les moines sous le règne de Langdarma (tib.: gLari-dar-ma), mort assassiné en 842, mais n'a aucun fondement historique. Gyu-thog-lejeune n'est pas un terton (tib.: gTer-ton), mais plus certainement un compilateur. Alexandre Csoma ne précise pas non plus que, dans la rédaction qu'il a connue — celle que Sangye Phuntsog avait apprise par coeur — l'ouvrage avait fait l'objet d'un remaniement général,