Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 117-120. (Budapest, 1987)

TANULMÁNYOK - Le Calloc'h, Bemard: Orvos volt-e Körösi Csoma Sándor? (francia nyelven)

l'Européen" qui lui était un beau jour de juin 1823 tombé du ciel, Sangye Phuntsog s'était mis à la tâche. Mais nous savons par le texte du colophon qu'il en éprouva quelque scrupule. Il voyait dans son action une sorte d'atteinte à l'intégrité d'un ouvrage réputé sacré, même s'il n'appartenait pas aux deux grandes encyclopédies du Canon. Réduire à l'état d'une ébauche un message censé avoir été dicté par le Bouddha lui-même, n'était-ce pas commettre une manière de sacrilège? Pouvait-on ainsi briser la belle harmonie de ce long poème, le dépouiller de sa valeur mystique en lui substituant de sèches enumerations? Et puis, lui qui en connaissait le texte par coeur ne pouvait pas ne pas trouver vexant de devoir procéder à des coupes qui défiguraient le texte initial . Bref, ce travail était indigne d'un lettré de son espèce. Il n'y voyait qu'un service rendu par obli­geance à un étranger trop exigeant. Dans l'introduction à l'analyse qu'il en a donnée, Csoma de Kőrös reconnaît, d'ailleurs, expres­sément qu'elle n'est pas vraiment de lui, mais simplement la traduction d'un texte rédigé par son maître à son intention. Néanmoins, jugeant qu'elle pouvait être „interessante pour ceux qui sont curieux de la littérature tibétaine ainsi que de l'état de la pratique médicale dans cette partie recu­lée du monde", il croit bien faire en la faisant connaître. Et il précise: ,,Le principal ouvrage de médecine du Tibet est celui intitulé Rgyud-bzhi (traité en quatre parties). Il est attribué à Shakya, bien qu 'il n 'ait pas été inséré dans les collections du Kandjour et du Tandjour. Lorsque j'étais au Tibet j'ai demandé au lama, mon instructeur dans la langue du pays, de me faire un résumé de son contenu, ce qu'il fit sous la forme d'une compilation abrégée, divisée comme l'original en quatre parties ... ". Il est donc vraisemblable que, si Csoma avait eu pour professeur un religieux ordinaire,il n'aurait pas eu l'idée de se pencher sur le Rgyud-bzi, d'en demander un résumé, et d'en faire par la suite la traduction, de manière à la mettre à la portée du monde occidental. Bien quil se fût interessé à la médecine en plusieurs circonstances de sa vie, il n'aurait sans doute jamais abordé de lui- même un domaine aussi spécifique, alors que ses travaux portaient essentiel­lement sur la philologie. Cela parait d'autant plus certain qu'il existe, de toute manière, des traités de médecine, d'astrologie et de botanique des simples à l'intérieur des écritures canoniques, dont on sait qu'il les lut et les étudia intégralement pendant ses séjours au Zanskar et à Kanam, traités que pourtant il n'a jamais traduits ni fait connaître sous forme d'un digeste. Mais la prédominance donnée par l'enseignement officiel au Quadruple Traité a fini par les rejeter dans l'ombre, quand ce n'était pas dans l'oubli. Celui-ci a du même coup eu tendance à devenir l'objet presque exclusif de la science médicale à Chakpori. On savait déjà vaguement avant Csoma qu'il existait au Tibet une tradition médicale particu­lière, née de la conjonction ou de la rencontre d'influences indiennes, iraniennes, chinoises et au­tochtones. Les missionnaires du XVIII-ème siècle, tels Ippolito Desideri ou Orazio della Penna, y avaient fait allusion dans les lettres qu'ils adressaient à leurs supérieurs à Rome, mais ces lettres étaient généralement demeurées confidentielles, et de toute manière ne contenaient que peu de détails. Ainsi, Desideri, si précis en principe, ne consacre que deux pages aux maladies et aux moyens de les soigner dans sa relation publiée par Filippo de Filippi en 1932 (XVI-ème chapitre du deuxième livre). En fait, aucun des grands missionnaires tibétisants de cette époque n'a songé à nous donner un aperçu complet du corpus médical tibétain, bien qu'ils en aient très certainement connu l'existence; pas même le capucin Domenico da Fano qui, tout au long de son séjour à Lhas­sa, pratiqua la médecine dans un but de prosélytisme. Il a laissé, il est vrai, aux archives du secré­tariat général des missions capucines, des „Instructions sur la médecine", qui ne représentent pas moins de cinq cents pages manuscrites, mais il s'agit de conseil tirés de l'expérience médicale européenne adaptée aux conditions particulières du Tibet, et non d'une étude sur le système médi­cal tibétain. Comme à son ordinaire, Csoma donne des faits bruts et non des commentaires. Il ne discute pas, par exemple, la question de savoir s'il est raisonnable d'attribuer, ainsi que le fait la tradition

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