Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 117-120. (Budapest, 1987)
TANULMÁNYOK - Le Calloc'h, Bemard: Orvos volt-e Körösi Csoma Sándor? (francia nyelven)
décoration, parce qu'il était le seul ladakhi de son temps à avoir atteint un aussi haut degré de connaissances médicales théoriques. En vérité, il ne parait pas qu'il ait beaucoup exercé son métier. Il aurait fallu, en effet, que: — en tant que médecin-chef il résidât à Leh, près de la cour royale, et non au Zanskar, région totalement isolée du reste du royaume pendant près de la moitié de l'année, en raison de l'enneigement des cols et de l'état impraticable des chemins d'accès; — qu'on ne lui demandât pas de se consacrer entièrement à son élève européen, comme il le fit en 1823—24, puisque aussi bien nous savons qu'il demeura enfermé avec lui pendant un an et quatre mois au monastère de Zangla, afin de l'initier à tous les aspects de la civilisation tibétaine; — qu'il ne quittât pas le territoire national pendant trois ans, comme il dût le faire entre juin 1827 et juin 1830, lorsqu'il alla rejoindre Alexandre Csoma de Kőrös au monastère de Kanam, dans le haut Bishawar, en Inde anglaise; — qu'il ne dût pas exercer aussi d'autres fonctions officielles, alors qu'il était, nous dit Csoma, une manière de Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, chargé de rédiger pour le gouvernement du Ladakh la correspondance adressée au Dalai-lama et au Panchen-lama. Le peu que l'on sait sur Sangye Phuntsog nous inciterait à penser qu'il avait appris la médecine plus par goût de la connaissance que par désir de soigner ses congénères. D'ailleurs, dans les lettres où Csoma parle de son maître, il ne fait nulle mention de sa pratique médicale. Il insiste sur le fait qu'il connait bien son art, mais non pas qu'il l'exerce. On peut pourtant imaginer que, compte tenu des conditions déplorables de l'hygiène, du froid intense, de la très haute altitude, de la mauvaise nourriture, de l'extrême pauvreté générale, les patients potentiels ne devaient pas manquer parmi les habitants du Zanskar, sinon du Ladakh tout entier. Mais Sangye Phuntsog, malgré tout son savoir théorique, devait raremant être appelé au chevet d'un malade ou d'un mourant, puisqu'il donnait tout son temps à son élève. Certes, lors du deuxième séjour de Csoma au Zanskar, quand il s'installe à Phuktal, nous avons la preuve que le lama néglige, au contraire, beaucoup son élève et s'en va par monts et par vaux au premier prétexte. Mais Csoma ne nous dit jamais que c'est pour prodiguer ses soins à ses compatriotes, ni davantage pour accomplir des cérémonies religieuses. Il semble que ce soient plutôt ,,les affaires" et ,,la politique" qui l'aient retenu souvent loin de son élève. De toute façon, il faut savoir que, dans les pays himalayens, jusqu'à l'époque actuelle, il n'y a pas eu de médecins professionnels, à l'instar de ceux qui ont de tous temps existé en Europe. Au Tibet, médecine et religion se confondaient. On ,joignait" beaucoup de maladies avec des prières plutôt qu'avec des remèdes. La population croyait plus volontiers en l'efficacité des cérémonies et des rites magiques qu'en celle de médications à caractère pharmaceutique. C'est bien pourquoi les médecins étaient toujours des moines. Pourtant, le docteur James Gilbert Gerard, dans sa lettre à William Fraser datée du 21 janvier 1829, nous révèle un trait interessant au sujet du maître de Csoma. Il souligne que, lors de sa visite à Kanam, fin septembre 1828, le lama s'est montré curieux de la vaccination anti-variolique et qu'il s'est porté volontaire pour être inoculé. Cette confiance en la science médicale de l'Occident pourrait surprendre s'il s'agissait d'un moine ordinaire. Mais Sangye Phuntsog est un religieux de haut niveau, et il est de plus instruit de la tradition médicale tibétaine. Il a au moins entendu parler de la variolisation chinoise, qui consistait à insuffler dans les narines du patient la lymphe provenant des pustules d'un enfant légèrement atteint, mélangée à du camphre. Cette méthode empirique, mais assez efficace, avait été introduite dans son pays par des médecins chinois. Elle était peu répandue, il est vrai, dans une population qui se méfiait beaucoup de ce genre d'intervention humaine dans les décrets de la providence, d'autant que les résultats n'étaient pas toujours concluants. Mais son attitude prouve qu'il avait confiance en les possibilités de guérison qu'offrait