PALOTAY GERTRUD: OSZMÁN-TÖRÖK ELEMEK A MAGYAR HÍMZÉSBEN / Bibliotheca Humanitatis Historica - A Magyar Nemzeti Múzeum művelődéstörténeti kiadványai 6. (Budapest, 1940)
PARTIE DESCRIPTIVE
- 96 ehez nous, celle de Kecskemét figurant sur la fig 32. Toute la fleur se penche d'un cőté, ce qui est encore un aménagement fréquent de la broderie turque. L'ornement du milieu du cőté nest pas moins caractéristique. Ici, ä la suite du dessin trés stylisé des fleurs, ce n est que l'oeillet du milieu qui est reconnaissable avec certitude. La fleur bizarre de gauche était, ä ce qu'il parait, trés en vogue au XYII e siécle, en dehors des broderies, elle figure sur les carreaux de fa'ience lures de cette époque et aussi sur la nappe de Kecskemét susmentionnée. Dans la partié du milieu des napperons carrés lures nous retrouvons assez souvent l'ornement en forme de «rose tournante,» a six ou huit branches pour la pluparl, et ceci est important de notre point de vue du fait que cet ornement (bien que souvent dans une disposition noil centrale) a élé adopté et recherché aussi par la broderie hongroise ancienne. (Cf. les dessins de la planche XXXII.) D'ailleurs, parmi les nappes turques conservées en Hongrie, la nappe turque du temple calviniste de Monor présente le meine dessin du milieu. 22 6 II est caractérislique pour les quatre petils ornements que les tiges sortant de la mérne souche s'entrecroisenl. Nous reconnaissons 1'original lure d'aprés nombre de dessins de broderies hongroises. Quant aux délails, la petite feuille sortant (ou plutőt poussant) derriére les fleurs est un motif des plus recherchés de rornementation turque. Par rapport au coloris, cette broderie présente une couleur commune ä la céramique et á la broderie turques et trés fréquente: le rouge de hol inconnu dans la broderie européenne. Sur cette nappe (et trés souvent ailleurs aussi) ce sont les pétales de l'oeillet qui sont brodés de cette couleur. II est caractéristique que les tiges soient brodées de soie brun foncé et c'est de meine couleur que sont brodés les contours de certains ornements de couleur claire. Le procédé de broder les contours d'une couleur tranchant sur le fond caractérise la broderie turque. Sa technique (le point) est celle du point plat turc, inconnu dans la broderie de l'Europe Occidentale mais — précisément ä la suite de l'influence turque, — fréquent sur les travaux hongrois. (V. la fig. p. 127.) Pour finir, nous mentionnons l'ornement de la nappe le plus précieux au point de vue de son authenticité: l'inscription brodée et formánt le cadre. Nous donnons ici la traduction fran^aise libre du texte en bon élat, facile ä lire: 22 7 22 6 Sa pholographie se Irouve dans la collection du Musée Etnographique de Budapest, au no. de linventaire F. 78.693. 22 7 Nous sommes redevables de la traduction en Chaque fois que je le vois mon coeur se remplit de joie. Que la Providence le rende heureux. O mon glorieux Sultan* O mon coeur ne le donne pas á la premiere beaulé venue Si tu veux aimer cherchc égalemenl la noblesse du coeur. Je t'aimerais si j'étais sür que tu me reslerais fidéle. J'ai peur que lu ne me voles mon coeur et qu'ensuile tu ne me fasses souffrir. Comme il ressort du texte, quelqu'un envoie le fichu ä la femme élne de son coeur. Les deux derniers vers nous permellent de conclure que cette nappe aura servi jadis de fichu des accordailles. Si les fleurs figurant sur le fichu ont une signification symbolique sous ce rapport, — nous l'ignorons. Toutel'ois, en tenant comple des rapports exislant chez les mahométans des Balkans enlre cet espéce d'ornementation el la poésie populaire, nous ne le croyons pas impossible. II est, certes, curieux que le fichu destiné primitivement sans doute á un usage profane, se trouve en possession du temple calviniste de Győr. Vu qu'ä ce sujet nous ne disposons d'aucun document ni de tradition orale, il faut supposer qu'il y est parvenu — sans la connaissance du texte turc — par un donateur hongrois. Selon les experts turcs, l inscription contenant des expressions archaiques et dialectales d'une part, rornementation d'autre part, indiquent que le fichu daterait du XVII e siécle. Quant ä la disposition des ornements et ä la divison de l'espace, le napperon turc de Haute Hongrie figurant sur la fig. 10 présente une parenté proche avec la nappe de Győr. Ce napperon est aussi encadré d'une inscription qui. cependant, n est plus lisible. Quanl ä l'époque de 1'adoption des signes graphiques par l'ornementation — fait assez général également dans la broderie et le tissage de l'Occident — nous n'en savons rien. Toutefois il est probable qu'il ne s'agit pas ici d'une imitation inintelligente du brodeur hongrois, mais bien d'une altéralion survenue en Turquie mérne, car tous les délails du fichu présentent les caractéres du type des broderies turques anciennes. Ce type de broderie est caractérisé par les tiges rigides, d'une épaisseur disproporlionnée, avec des petites fleurs placées sur les liges. Deux nappes brodées trés ressemblanles ä ce fichu se trouvent aussi au Musée Topkapu Serail d'Istambul et datent du XVI e siécle. D'aulre part, Wace présente deux broderies de la collection de Mrs. Cook, appartenant au mérne type, et datées par Lauteur du commencement du XVII e siécle. 22 8 frangais du texbe ä Mme. Me lek Celäl. * A l'époque, terme de Batterie vis-ä-vis d'une femme. 228 Wace. op. c. grav. 97 et 102.