PALOTAY GERTRUD: OSZMÁN-TÖRÖK ELEMEK A MAGYAR HÍMZÉSBEN / Bibliotheca Humanitatis Historica - A Magyar Nemzeti Múzeum művelődéstörténeti kiadványai 6. (Budapest, 1940)
PARTIE DESCRIPTIVE
- 97 L'ancienneié de notre nappe se Irouve appuyée aussi par la eirconstance que nous voyons parmi les ornements les trois boules, ornement d'origine cliinoise appelé dans la lilléralure d'art décoratif ornement tchine. Et cet ornement, á en juger des broderies sur toile et sur soie de Turquie, figure seulement sur des travaux clu XVII C siécle. Parmi les broderies turques subsistant chez nous c'est encore sur le fichu de Monor, menlionné j)lus haut, que nous trouvons cet ornement. Du resle sur ce fichu comme sur le précédent, entre les quatre ornements de coin plus accenlués, les ornements de cőté de moins d'importance penchent aussi vers le milieu, et plus en dedans de petites fleurs parsemées remplissent l'espace. La solution de la partie du milieu est intéressante: en dedans de la surface encerclée — qui. malheureusement est déchirée ä beaucoup d'endroits — nous voyons l'ornement chinois de bände de images qui — sur les textiles turcs aussi bien que sur les perses — accompagne en général les trois boules. D'ailleurs, nous considérons aussi comme bände de images la ligne ondulée entourant les dessins de coin. Dans le passé, c'était l'usage consacré par la tradition chez les Turcs d'employer ces fichus avecun milieu en tour é. pour en couvrir les turbans chez soi. de l'acon ({lie la surface en forme de cercle couvrait la partie supérieure du turban. (Voir la structure pareille des napperons des fig. 18, 20, et 39.) S il est curieux que le napperon de Győi\ tout en étant un fichu d'accordailles, serve ä un usage ecclésiastique, il n'est pas moins surprenant qu une des nappes de la Sainte Table du temple calviniste de Dányán (fig. 11) ait pu étre employée auparavant dans le cérémonial mahométan. Ses inscriptions sont toutes des citations du Coran, des «sourates . De pareilles broderies étaient employées dans les mosquées et il est bien possible qu'en dehors des inscriptions, les ornements présentent aussi certains rapports avec le culle, par ex. l'étoile á six branches, 22 9 qui figure aussi parmi les symboles de la religion juive. Sur la base des inscriptions turques — dont le style fixé par la tradition accuse un certain caractére stéréotypé — la date de la production du fichu ne pourrait étre établie. Cependant l inscription de langue hongroise entourant la partie du milieu indique la date de la donation (fig. 11/a). Yoei son texte: NADUDYART ISTVÁNÉ KULCSÁR ERSERET ADTA AZ R. NEMES ECCLESIANAK 1704: EN. (Cadeau oí'ferl au noble temple calviniste par Mine. István Nádudvari née Erzsébet Kulcsár, en 1704.). II ressort de ceci qu'en 1704, c'est-á-dire bien aprés l'époque 22 9 Nous voyons la mérne éloile sur un fichu Iure du temple calv. de Szendrő, certainement oride la domination turque, le travail turc était considéré encore comme beau et propre á servir d'appareil du culte. De plus, l'inseription en hongrois indique — du moins par approximation — l'áge de la nappe: á notre avis eile ne serait antérieure á la date de donation que de vingt á trente années au plus, car on n'aurait pas deslinée ä la Sainte Table une broderie déteinte ou considérée comme usée pour une raison quelconque. La nappe de Dányán est une preuve de ce que la circulation des biens de la civilisation ne peut étre nettement délimitée par la fin de l'époque de la domination turque. Quant aux ornements de la nappe, le dessin remplit la surface ici également dans la disposition décrite plus haut. Au-dessus de la fleur de coin, en forme de grenade, nous trouvons un ornement bizarre: une feuille dentelée avec, á l'intérieur, des signes graphiques. Cette feuille dentelée est un ornement fréquemment employ.é non seuleinent par les broderies turques, mais aussi par les broderies hongroises anciennes, et l'inscription placée á l'intérieur montre un trait caractéristique de la composition turque qui consislait ä placer a l'intérieur d'ornements plus grands des ornements plus petits alisolument indépendants des premiers. C'est une maniére par excellence turque d'articuler le dessin, parfaitement inconnue dans la broderie d'Europe Occidentale, mais d'autant plus fréquente dans les dessins des brocarts et carreaux de fa'ience turcs. C'est ainsi qu'ils désunissent, désarticulent la surface des grands ornements, ä bord—en général—inarticulé. La nappe se trouvant en possession du Icmple calviniste de Magyarkecel différe beaucoup des trois autres nappes portant une inscription turque. Sur cette nappe, c'est entre les ornements que nous voyons des signes graphiques de style turc. (Fig. 12). La disposition des ornements est déterminée par la forme du fichu: comme nous I'avons dit plus haul, les pechguirs ne présentent d'ornements qu'aux deux bouts les plus étroits, avec un dessin ä ornements se répétant. (Pour illustrer la disposition des ornements des pechguirs. nous présentons sur la fig. 24 la nappe du temple calviniste de Ilosdát qui est également un pechguir turc original.) Sur chaque bout de la nappe de Magyarkecel, la mérne branche de fleurs se répéte trois fois et les lacunes entre ces ornements sont remplies par les signes graphiques de style lure altérés jusqu'ä l illisibilité sans doute pour des raisons d'ordre technique. Non seulement la disposition, mais aussi le dessin des ornements est un modéle turc généralement connu et employé depuis des siécles: les deux bouts des tiges ginal, passé depuis peu en propriété du Musée des Aris Déeoralifs de Budapesl.