PALOTAY GERTRUD: OSZMÁN-TÖRÖK ELEMEK A MAGYAR HÍMZÉSBEN / Bibliotheca Humanitatis Historica - A Magyar Nemzeti Múzeum művelődéstörténeti kiadványai 6. (Budapest, 1940)
PARTIE DESCRIPTIVE
- 124 mais une broderie turque beaucoup plus bigarrée que les brocarts turcs. Nos broderies populaires n'ont ])as adopté l'alternance des couleurs dans la maniére turque indiquée, pas mérne lorsque cette maniére subsist ait encore, probablement, sur les broderies seigneuriales qui leur servaient de modéles. Cela s'explique aussi par la circonstance que le peuple execute les broderies pour la majeure partié, d'une seule couleur. (de rouge ou de bleu), ce sont pour ainsi dire seulement les Sicules qui emploient les deux ensemble, mais cela, comme nous verrons plus bas, pas ä la maniére turque, mérne sur les ornementations turques. Cependant, il esi caractéristique pour le sens des couleurs du peuple qu'il cherche ä rendre 1' articulation, oblenue sur les broderies seigneuriales par lalternance des couleurs, par des raies non brodées (intercalées entre les détails des ornements). Ainsi sur fig. 176 les parlies des fleurs et des feuilles sont préservées de la fusion par des raies percant du fond. Nous avons déja mentionné plus haut — a propos de la fig. 3 — cette caractérisliciue hongroise du style lure d'alternance des couleurs et qui consiste ä colorer l intérieur des fleurs autrement (pie les pourtours extérieurs. Parmi les broderies turijues ancien nes conservées chez nous, ce sont les fig. 26 et 27 qui fournissent des exemples de cede composition de couleurs. Parmi nos broderies seigneuriales anciennes, c'est eellc de la fig. 47 dont la brodeuse a pu sinspirer pour le coloris des fleurs. et qui porte des broderies turques semblables. Un bel exemple de cetle répartilion des couleurs se trouve sur rornementation de la fig. 63, sur laquelle nous voyons de nouveau I'application ä la maniére turque de couleurs occidentales. Les fig. 71 el 72 cherchent ä obtenir, d'une fayon un pen plus lourde il est vrai, des effels provoqués par les meines alternances de couleurs. Par contre, les ornements du coin et du milieu du cőté de la fig. 108 sont, au point de vue artislique, plus parfaits en matiére de coloris également, car lalternance des couleurs est résolue d'une fayon exlrémement ingénieuse, mais loujours en observant l alternance des couleurs de style lure, á 1 aide de trois couleurs seulement : le lie de vin, For et Fargent. Le remplissage de la surface qui lienl de 1 échiquier ou du damier n est vraimenl pas de style turc, mais l alternance des divers effets de coloris ainsi obtenus trahissent pourlant une conception turque. Étant donné que des fails négatifs sont également caractéristiques pour des manifestations artistiques, nous ne voulons pas passer sous silence la fig. Ill dont l'ornementation de caraclére inconlestablement turc est colorée non pas ä la maniére Orientale, mais d'une facon essenliellement Iransylvaine. L'applicalion au remplissage des surfaces, des couleurs et de leurs ombres par des raies fort enchevétrées se rencontre loujours seulement sur des broderies transylvaines, — et cela pour les ornemenlalions de style turc aussi bien que pour Celles présentant un dessin Renaissance ou baroque. Une ornementation de dessin turc el colorée á la maniére transylvaine se trouve par ex. fig. 133 et la fig. 52 montre des caractéristiques analogues. Sur la fig. 124 nous voyons ä nouveau, en matiére de coloris. ^'application á la turque des couleurs européennes. Parmi nos broderies populaires, nous n'avons trouvé jusqu ici qu'un ouvrage saxoil (se trouvant aussi chez les Sicules) qui — Irés rapproché des ornemenlalions des broderies seigneuriales anciennes en matiére de dessin également — a adopté aussi celle particularité de coloris consistant ä remplir d'une couleur différente le noyau et les pourtours des fleurs (fig. 158). Ici encore, on aspirait seulement á rendre les effets du coloris, car les couleurs elles-mémes ne sont plus Celles des broderies seigneuriales. Les grands oeillets dessinés de profil out élé brodés de fil rouge, l'intérieur des pélales de bleu. Ces parties brodées de bleu ont été laissées vides par endroits, sans doute exprés. Ce phénoméne — élrange au premier regard — s'exlique par une régle du coloris populaire dont 1 importance, jusqu'ici, n a pas été appréciée; le peuple ne cherche qu'á rendre les effets du coloris (s'il veut copier Fouvrage seigneurial servant de modéle), mais ne copie pas les couleurs-mémes. Dans un cas semblable, les parlies laissées en blanc entre les surfaces brodées de rouge contrastent avec celles-ci de mérne que si elles avaient été brodées de bleu. Celle régle du coloris populaire est facile á démontrer surtout sur les broderies oü la paysanne hongroise a brodé d'une seule couleur le modéle Iure polychrome. Ici c'est uniquement par les parlies laissées vides entre la broderie rouge (ou bleue) qu'on a rendu le contraste des couleurs. On en trouve un bon exemple dans le coloris des feuilles de la fig. 159 : le milieu des feuilles brodées d'une seule couleur est resté en blanc, tandis que les memes feuilles, sur des broderies turques balkaniques du siécle dernier, sont brodées de vert et leur milieu de fils d'or. 30 1 C'est suivant le mérne procédé qu'ont été faites aussi les fleurs de cette ornementation. Ce coloris populaire est encore caractérisé par le remplissage des cyprés de la fig. 164, et le mérne procédé a aussi été appliqué aux cypres des fig. 151 et 153. Sur la fig. 157 nous voyons un exemple montrant une autre caractéristique du 30 1 Cf. Broderies Turques, Bibliothéque DMC. Mulhouse, sans dale. fig. 13 et 45-