Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)
contemporaine dût son rang à l'activité des orfèvres. Le célèbre saint Georges qui se dresse maintenant au I Iradsany à Prague, ce chef-d'œuvre de la statuaire, œuvre des frères Kolozsvári, Márton et György qui l'ont exécuté en 1375 après s'être distingué dans la technique du bosselage d'argent, a devancé la Gattamelata de Donatello par le réalisme de la représentation du cavalier et de la monture et par l'authenticité de la conception. De même, les bustes admirables du roi saint Ladislas, l'un au Trésor de la cathédrale de Gyor, l'autre à Trencsén (Trencin) sont eux aussi plus que des réussites éloquentes du bosselage ou du moulage : dépassant largement les limites de l'artisanat, ils marquent une étape importante dans l'histoire de la sculpture. D'une manière étrange, l'orfèvrerie avait pris à nouveau un grand essor sous la domination turque. Nous l'avons déjà noté qu'à cette époque il avait été interdit d'exporter du métal noble non façonné. A l'époque où les batailles et les attaques par surprise étaient de tous les jours sur nos frontières, les objets d'art en métal noble facilement transportables aidaient leurs propriétaires à sauver leurs fortunes. Les pièces d'orfèvrerie très nombreuses qui furent exécutées en Hongrie aux XVI e et XVII e siècles portent pour la plupart les marques du style gothique ou du style Renaissance. Parfois, nous croyons voir y apparaître aussi des formes à la turque. Le style baroque fit son apparition assez tard, dans la deuxième moitié du XVII e siècle et au XVIII e . Il en fut de même pour l'art du textile et l'art du mobilier. Les édifices dans les villes, les intérieurs des églises, les châteaux trahissent une tendance à créer une atmosphère classique et semblent parler le langage d'une sorte de Renaissance provinciale tardive. Dans la partie du pays sous domination turque, plusieurs édifices en style proche-oriental, mosquées, djamis, minarets ont été trouvés intacts après la libération de ce territoire. Les objets en métal faits à l'époque (coffrets, brocs, armes, gobelets) et les céramiques rappellent eux aussi la présence très longue en Hongrie de la civilisation islamique. C'est un problème intéressant et pour que nous puissions y voir clair, nos turcologues auront encore à procéder à des recherches approfondies. L'art de la contre-réformation et de l'absolutisme, le baroque s'était répandu assez tard en Hongrie. Il y était apparu la première fois au XVII e siècle sur le territoire contrôlé par les Habsbourg et avait gagné les autres régions du pays seulement après le départ des Turcs. Le protestantisme s'était si bien enraciné dans les provinces septentrionales et orientales que seule la variante bourgeoise de caractère rationnel du baroque pût s'y introduire. Les meilleurs représentants hongrois de ce style, les peintres Jakab Bogdány et Ádám Mányoki ont cultivé les genres le moins ambitieux de l'art flamand et ont acquis une certaine réputation à l'étranger. C'était au XVIII e siècle que le style baroque proprement dit, jouissant de la faveur de la cour, était devenu une tendance dominante en Hongrie aussi quand les Habsbourg accéléraient le rythme de la reconstruction du pays dont les villes et les villages étaient tombés en ruine au cours de la guerre incessante menée contre les Turcs. La cour impériale de Vienne ne disposait pas d'autres moyens pour posséder une colonie, parce qu'à l'encontre des grandes puissances occidentales, l'Autriche n'avait pas d'accès aux mers, par conséquent, elle ne pouvait pas exploiter des peuples d'outre-mer. La Hongrie ou, plus exactement, la province hongroise attachée à la couronne des Habsbourg s'était mise à reconstruire son économie et elle faisait cela pour servir les intérêts d'un pays étranger. Sous le règne de Marie-Thérèse d'Autriche d'importantes constructions tant religieuses que profanes avaient commencé en Hongrie : beaucoup d'architectes, peintres, sculpteurs et spécialistes du stuc autrichiens arrivaient dans les villes hongroises, dans les résidences archiépiscopales et épiscopales, dans les grandes propriétés des magnats pour y élever et décorer des palais, châteaux, églises, couvents et édifices publics. Des maîtres célèbres prenaient part à ces travaux : Franz Anton Maulpertsch, Georg Raphael Donner, Paul Troger, Johann Lucas Kracker, Francz Sigrist. Beaucoup de constructions grandioses, fresques, monuments et autels de haute qualité gardent le souvenir de leur activité en Hongrie. Les maîtres indigènes, peintres et sculpteurs hongrois devaient accepter, en raison de l'insuffisance de leur formation professionnelle, des commandes bien plus modestes émanant de la petite noblesse et de la bourgeoisie moins aisée. Les peintres peignaient pour des manoirs à la campagne les portraits des aïeux des propriétaires, décoraient des églises. Les tailleurs de pierre exécutaient des calvaires, des pierres tombales, des christs, des saint Jean Népomucène pour des clients pauvres de ressources. C'est au XIX e siècle seulement qu'un art national était né en Hongrie dans une situation troublée par des conflits d'intérêts politiques et économiques. L'oppression coloniale qui avait succédé aux guerres menées contre les occupants turcs avait limité l'évolution du pays à l'agriculture, ce qui avait considérablement ralenti le développement du capitalisme par rapport à ce qui se faisait alors dans la plupart des autres pays d'Europe. La nouvelle classe, la bourgeoisie, se constituait lentement et d'une manière trop inégale pour pouvoir devenir une force sociale autonome et, à vrai dire, elle n'est jamais parvenue, pas même au XX e siècle, à s'imposer, à jouer un rôle décisif dans la vie politique dominée par la classe des grands propriétaires. Il est vrai que sous l'influence du siècle des lumières et de la Révolution française un mouvement de libération s'était manifesté à la fin du XVIII e siècle parmi les intellectuels hongrois, mais les Habsbourg réprimèrent avec violence la conjuration républicaine de Martinovics et de ses compagnons qui s'étaient unis pour répandre en Hongrie les idées de la révolution bourgeoise. Le porte-parole de la littérature nationale, pionnier de la réforme de la