Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)

56. József Egry (1883-1951) : Autoportrait à planche à dessin, 1904 Egry József (1883—1951) : Önarckép rajztáblával, 1904 le talent d'Egry a été de nouveau remarqué et reconnu par les chroniqueurs. Cette fois, ses tableaux étaient accro­chés à côté de ceux de Dezső Czigány et ce voisinage a donné lieu à plus d'un parallèle d'ailleurs justifié. La syn­thèse à grande allure et pourtant intime des données de l'expérience, le rôle légèrement décoratif des contours et surtout l'effort de diviser organiquement le champ du tableau sont communs aux deux artistes. Un excellent exemple de ce style constructif se mani­festant à cette période de l'activité du jeune Egry nous est offert par un autoportrait 22 (Fig. 59) peint en même temps que la toile Devant Vasile. Nous découvrons dans celle-ci aussi, dans le visage d'un personnage à l'air résigné, une variante du portrait de l'artiste peint par lui-même. A droite, au premier plan de la composition, l'artiste au visage ouvert regarde hors du tableau. Il est vêtu comme le sont ses compagnons prolétaires. Cependant, sur l'auto­portrait il porte un costume plus soigné. La tête et la figure se détachent sur les deux tableaux grâce à la juxtaposition de valeurs nuancées soigneusement choisies. Par contre, dans la représentation du vêtement et du dos de la main il n'y a aucune trace de cette sensibilité picturale. La cons­truction du tableau est bien intéressante. Ce qui saute aux yeux, c'est l'accent mis sur les verticales formées non seu­lement par la position de la tête et du corps et des formes du vêtement mais aussi par les lignes de la fenêtre et, au-delà de la fenêtre, par les formes géométriques d'une architecture dénudée. Par rapport à l'importance donnée aux verticales, celle des horizontales est minime, sans parler des diagonales. L'artiste s'attache à suivre le plan formé par la surface du tableau. Il se représente à contre-jour en se mettant tout près de la fenêtre qui laisse entrer la lumière ; ainsi, sa figure apparaît plate dessinée seulement par sa sil­houette ; l'espace est également indiqué par des plans, par ceux des murs apparaissant au-delà de la fenêtre et for­mant presque un angle droit avec le spectateur. L'enseigne­ment de l'art de Cézanne et de la (teinture après Cézanne y est visible, mais il se manifeste moins directement et moins nettement que chez les contemporains d'Egry avec qui il exposait et qui passaient alors pour les disciples de Cézanne et de Matisse (Czigány, Márffy). En réalité, c'est aussi une sorte de tâtonnement, de recherches difficiles en vue d'aboutir à une conception moderne de la peinture, mais ces recherches se développent d'une manière organique et sous l'aiguillon des impressions immédiates de la vie. Cet autoportrait de 1907 marque la rupture définitive du jeune Egry avec l'art traditionnel de la peinture par tons et annonce l'engagement de l'artiste de continuer dans l'esprit d'une nouvelle conception de la peinture. Au début du mois de juillet 1907, une exposition, Jeu­nesse, s'est ouverte au Salon Könyves Kálmán. Egry, Gulácsy, Czigány, Márffy, István Nagy et quelques autres artistes y présentaient leurs œuvres. Egry avait envoyé neuf tableaux. Hélas, aucun n'en est connu aujourd'hui. De plus, on ne parle guère de cette exposition qui a eu, en son temps, un grand retentissement. Le courriériste artistique de la revue Hét (La Semaine) 2 '' y a trouvé l'oc­casion de faire remarquer à ses lecteurs qu'entre les jeunes exposants et les membres de la génération précé­dente un divorce s'était produit qui, en s'affirmant davantage, serait, à son avis, la cause d'une rupture défini­tive qui ferait reléguer au passé des peintres comme Károly Ferenczy et même József Rippl-Rónai, ces précurseurs remarquables de la peinture hongroise qui s'était renou­velée grâce à leur activité. Cette constatation nous paraît bien hardie, mais elle n'était pas gratuite. D'autres faits étaient là pour l'appuyer. Nous n'en mentionnons qu'un seul qui s'est produit en mai 1907 et qui devait intéresser Egry au plus haut point. Dans les salles de l'Uránia deux peintres ont présenté leurs œuvres : Lajos Gulácsy et Ödön Márffy. Cette exposition aussi a fourni l'occasion de parler de divorce et de rupture. Les deux artistes ont (trouvé que l'on pouvait organiser une bonne exposition dans les salles d'un établissement plutôt modeste, ne jouissant d'aucune aide des milieux officiels et que l'esprit d'entreprise et les intentions honnêtes seuls

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