Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)

partager sans réserve le point de vue de ceux qui consi­dèrent l'art naïf comme un phénomène indépendant du temps, comparable; à l'art des enfants, à l'activité artis­tique des aliénés supposée dépourvue de tout fondement social et historique ce qui est inconcevable et ce dont des recherches spéciales ne manqueront pas de démontrer le contraire ? Nous croyons qu'il y a lieu d'établir une; différence très nette entre l'existence d'une motivation, la présence de facteurs instinctifs dans l'activité artistique d'une part et l'apparition dans le temps, à une époque donnée, la révé­lation historique de l'art naïf, d'autre part. En se bornant à expliquer l'origine de l'art naïf par le; simple désir de créer, par la volonté de mettre au jour une œuvre d'art, on arriverait à la notion que dans la théorie de l'art nous avons l'habitude de désigner, d'après Alois Riegl 5 , par le mot allemand Kunstwollen. Dans ce cas, nous désignerions par le mot Kunstwollen l'art lui-même, l'art tout court, puisqu'il n'y a pas de créa­tion sans volonté artistique. Dans l'expression art naïf, seul le mot art peut servir à désigner un élément qui est aussi ancien que l'humanité et qui doit principalement son existence au Kunstwollen, à la volonté. Cette volonté artistique ne peut pas être considérée comme le> elem particulier de tel ou tel individu ; elle est, sans aucun doute, la conséquence de l'existence sociale de l'homme. L'œuvre naissante va devenir non seulement la création de l'artiste mais aussi la création de toute une commu­nauté. Cependant, ce fait ne devient pas conscient dans les esprits à toutes les époques de l'histoire. 11 y a des périodes dans l'histoire de l'art dans lesquelles la commu­nauté, sans participer d'une; manière concrète à la création d'une œuvre d'art, adopte intégralement cette œuvre. Dans d'autres périodes, l'individu et la communauté créent, d'un commun effort, une œuvre d'art, mais la communauté ne la considère pas comme lui appartenant, edle l'attribue à l'individu comme sa production personnelle exception­nelle. Pour l'existeme'e; de l'art le' pire- c'est ejue le public, trouvant l'œuvre ne';e de la volonté artistique de l'individu trop étrangère à son goût, la repousse en bloc, sans rien en accepter. En apparence, le public décide' au hasard quelle forme de l'expression lui convient, mais une fois qu'il aura manifesté son hostilité à une œuvre, il ne pourra plus être question d'adoption, d'assimilation. Alors, l'ex­pression personnelle pourra revêtir des formes étranges et aboutir, dans la recherche de sa propre voie;, à des aberrations bizarres, mais toujours personnelles. La prin­cipale raison en est à chercher nem pas dans le déséquilibre manifeste de l'individu créateur, mais dans la crise que traverse la société. Dans quelles conditions la volonté spontanée artistique peut-elle paraître le propre d'un domaine spécial et dans

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