Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)
et d'apprécier ? Mais pour cela il est nécessaire d'avoir la maîtrise du dessin. Et les dessins de Munich nous renseignent bien sur le résultat des études faites dans ce sens par Csontvary. C'est en 1894, quatorze ans après avoir entendu la voix mystique et âgé de 41 ans qu'il s'est fait inscrire à l'Académie de peinture et de dessin de Simon Hollósy à Munich. Il y a passé six mois travaillant avec zèle. Auparavant, il possédait pendant dix ans une pharmacie à Gács et le loyer de cette officine lui permettait de payer ses études et ses voyages. Il est certain que déjà à Gács il a dessiné sur le vif parce que chacun des dessins de Munich montre déjà une adresse, une technique qu'un débutant en dessin si doué qu'il soit n'aurait pu posséder. Nous savons qu'il a peint des oiseaux empaillés dont les tableaux ont été exposés en 1908 à une exposition au Hall de l'Industrie. Entre temps, il a vu beaucoup de choses. Malgré ses ressources restreintes, il est allé à Rome pour voir les oeuvres de Raphaël qu'il aurait dû dépasser en gloire d'après la prédiction. A Munich il s'est mis à travailler sous la direction de Simon Hollósy. Parmi les sept dessins je ferai connaître d'abord celui dont l'originalité est de nous révéler, avec un recul de 75 ans, non seulement l'œuvre, mais aussi l'homme. Ce dessin de Csontvary représente une tête de jeune fille avec une plasticité toute particulière. (Fig. 75.) fa souplesse et les contours flous de la natte en couronne autour de la tête soulignent le travail minutieux du visage vu de profil, avec ses reflets lumineux et les yeux présents sous les paupières closes. Les narines gonflées, les lèvres un peu charnues en demi-teintes mettent en relief la fraîcheur juvenil«; du visage. Csontvary n'idéalise pas, mais il caractérise le portrait. Le dessin de la tête et du visage témoigne d'une parfaite connaissance de l'anatomie. Quand il s'agit du portrait d'une jeune fille, une telle exécution met à rude épreuve l'artiste. D'autant plus que dans le dessin la forme de la coiffure ne faciliterait en rien un travail de masquer les détails difficiles à rendre (la ligne du menton, la courbe du cou, les oreilles). Dans chaque partie du portrait le talent et le sens des nuances de l'artiste doivent se manifester. Si nous observons le carton du haut en bas, c'est-à-dire en sens inverse, nous voyons que Csontvary avait voulu primitivement dessiner son modèle en profil fuyant. Les contours restés visibles après l'effacement du fusain attestent que ce dessin était aussi bon dans sa construction, mais la partie inférieure du visage, compte tenu de l'inclination de la tête, serait apparue en raccourci. Cette feuille nous offre d'autres motifs aussi, ce qui était une raison de plus pour moi de la faire connaître la première. En effet, on voit à droite et en haut, à gauche et en bas, deux figures en pied. Ces dessins montrent Csontvary debout travaillant devant son chevalet ; comme 76. Tivadar Csontvary Kosztka (1853-1019) : Femme en se renversant. 1894. Munich Csontvary Kosztka Tivadar (1853—1919): Hátradűlő nő. 1894. München portraits ils sont aussi excellents. Xous les devons à Alfréd Lakos, camarade de Csontvary à Munich. Tibor Pólya a bien fixé dans une caricature les caractéristiques de l'extérieur de Csontvary : forme de la tête, front dégagé et traits du visage. Les deux dessins de Lakos nous confirment avec une fine légèreté, sans aucune déformation, tout ce que la caricature de Pólya a saisi et représenté d'une manière si frappante. (Reproduction dans la monographie de Csontvary par Ferenc Lehel, publiée en 1922.) On lit distinctement la signature mise tout près du pied de la figure d'en bas : Lakos Alfréd (894). La place de la signature; souligne le fait que Lakos no signe que les dessins représentant Csontvary. Dans la partie supérieure de la feuille, à droite, Lakos a dessiné une étoile rayonnante au-dessus de la tête de Csontvary. il n'est pas exclu que Csontvary ait parlé aussi à Lakos de la voix mystique qui se serait fait entendre quatorze ans auparavant et que le camarade raisonnable ait voulu s'en moquer un peu en posant cette étoile. Sur le premier dessin dont nous pouvons définir avec certitude la date, nous lisons le texte suivant, écrit de la