Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)
101. Lajos Vajda (1908-1941) : Composition. 1940 Vajda Lajos (1908—1941): Kompozíció. 1940 leaux une forme amorphe, rappelant celle du cercle;, enferme des motifs divers et semble être en môme temps une tête indiquée par un socle en forme de cou. Un visage qui n'est pas un visage nous regarde. Klee parsème ce visage de petits signes; Vajda semble mettre; à l'intérieur ele la bande 1 horizenitale les cenitours d'une ligure allongée 1 ejue l'on pourrait aussi prendre pour deux yeux et un nez cachés derrière le dos de la figure 1 couchée. Dans l'œuvre de; Vajda, les éléments chaotiques paraissent s'unir en un système strict, par contre, Klee donne une; existence propre; à chacun des éléments épars, au marteau, à la croix, au cercle, etc. A cette époque, Klee et Vajda ont peint tous les deux des tableaux en forme; de masques ayant un contenu et aussi une ambiance semblables. Si nous considérons le fait que le point de départ avait été différent pour teais les deux et que leur manière de 1 s'exprimer devenait la même à une certaine époque, nous avons le sentiment que cette rencontre a été probablement déterminée 1 par le choix du même sujet. Si, dans l'œuvre des deux artistes la môme; oppression sociale 1 et polit iejue 1 faisait apparaître, dans les mêmes années, le même thème, le visage humain torturé, il était nécessaire que les artistes d'une même sensibilité exprimassent au moyen des mômes sujets ou par ces sujets, le même sentiment de la vie. L'horreur à son paroxysme, puisque c'est elle qui inspirait leurs tableaux, s'exprime le mieux par le visage humain qui jadis revêtait, dans l'œuvre de Klee, une certaine légèreté et était empreinte d'une ferveur médiévale 1 dans celle ele Vajda, ce visage humain qui a fini par se tordre en un rictus sauvage 1 et amer. Dans ces années-là, c'est l'homme qui a changé et c'est à l'égard de; l'homme et de la collectivité que Klee et Vajda ont perdu toutes leurs illusions en exprimant les horreurs de leur époque. Les deux visages em'ils ont peints sont empreints d'angoisses et inspirent en même temps l'horreur qui fait frémir : l'homme est affolé, il s'est perverti, il y a en lui quelque chose ele 1 profondément et irrémédiablement changé. Ce qui se lit maintenant sur les visages modelés jadis avec humour ou avec respect, ne conserve plus rien d'humain : il a un caractère bestial. La peur est animale et la déformation de ceux qui répandent la terreur est également animale. Dans cette époque, les normes ont disparu, elles n'ont plus de 1 sens et ce; grand changement, c'est le regard bestial du visage 1 humain qui l'exprime 1 en nous faisant frémir. Les formes de Vajda s'éloignent de plus en plus de la réalité, elles se libèrent de toutes entraves et finissent par devenir à peine fixables. Le plus souvent, les yeux n'ont plus une existence autonome;, ils font partie de 1 la silhouette et c'est de là, à dami cachés, qu'ils nous regardent (Équilibre dynamique, Crâne avec l'oiseau) [Fig. 99.]. Ces dessins expriment plus que la peur, ils sont plus que la simple représentation de l'horreur par l'œuvre d'art. Nous avons l'impression que; Vajda voulait se détacher des horreurs d'une certaine époque et qu'il cherchait en les surmontant à exprimer un message grandiose et universel. Les tableaux expriment à la fois le dégoiit, la nausée, la peur