Korner Éva - Gellért Andor szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 5. szám (Budapest, 1965)

alors. Bartók posait pour moi. L'appartement se trouvait à Budapest, XI e , au 2 de la rue Gyopár, dans la villa du directeur Lukács. Bartók était un homme infiniment ouvert et aimable. Je me souviens d'avoir été fort impressionné par la grandeur humaine et la conscience de sa puissance créatrice que la simplicité de ses manières révélait. Malheureusement, je ne détiens aucun exemplaire de cette estampe. Voilà le peu de documentation qu'il m'est possible de communiquer au bibliothécaire cle la Collection Bartók, Bien à vous (signé) János Kmetty. Budapest, le 15 avril 1962.» Au cours de l'entretien personnel que nous avons eu avec lui, János Kmetty a voulu ajouter à cette communication ce qui suit: Si ses souvenirs sont exacts, il alla voir Bartók à deux reprises. Il fit des esquisses, puis établit la gravure chez lui, dans son atelier, au burin sur une plaque de laiton, pour éviter le procédé à l'eau-forte. Il fut très impressionné de faire la connaissance de Bartók, dont il aimait la musique depuis sa jeunesse; tout comme certains de ses jeunes amis artistes, il le regardait comme le Cézanne de la musique. Pendant qu'il dessinait ses esquisses, il y eut un dialogue entre eux. Il se souvient seulement d'avoir demandé à Bartók s'il avait du sang slave dans ses veines. Bartók répondit qu'une de ses grand-mères était d'origine polonaise. Il ne se rappelle plus le reste de leur conversation, mais il fait remarquer qu'il y avait, dans la pièce spacieuse où il dessinait Bartók, do très belles «cruches». (Kmetty fait certainement allusion à la splendide collection do céramiques de Bartók, signalée également par le poète József Erdélyi parlant aux auditeurs do la Radiodiffusion Hongroise 39 de la visite qu'il avait faite à Bartók, concer­nant la traduction de la Cantate Profane.) Kmetty déclara enfin qu'aux Éditions Rózsavölgyi, ce fut Lajos Szenes qui insista en faveur de la gravure. A notre demande, Lajos Szenes a bien voulu nous com­muniquer les précisions suivantes: 40 Il entra aux Éditions Rózsavölgyi en 1920, après la chute de la République Hongroise des Conseils. Bartók venait souvent place des Servîtes, au bureau de la maison. Ayant fait sa connaissance, il soumit à son patron l'idée de faire établir, en dehors des portraits des grands composi­teurs étrangers classiques, celui de Bartók. Il envisageait de faire appel au concours de János Kmetty, dont il avait fait la connaissance dès 1911, à Paris, et pour lequel il avait beaucoup d'estime. Jenő Sugár, le gérant de la maison, informa Bartók de ce projet qui avait reçu l'approbation du patron et convint avec Kmetty des détails do l'affaire. 53. Ervin Voit (1882-1332): Caricature de Béla Bartók. 1902-1903. Voit Ervin (1882-1932): Bartók Béla karikatúrája. 1902-1903. Lajos Szenes croit se souvenir que les Éditions Rózsavölgyi offraient ces feuilles à titro gracieux, à leurs meilleurs clients. En ce qui concerne l'analyse de ce portrait gravé, nous bénéficions encore d'un concours de circonstances favora­bles. Dans un numéro de 1921 cle la revue Nyugat (L'Occi­dent), c'est-à-dire au lendemain de sa parution, Arthur Elek lui consacre, en effet, un article. 41 (Nous tenons à signaler ici l'erreur que fait Kmetty, en indiquant, dans sa lettre, la date approximative de 1925-26, car tout porte à croire que la gravure vit le jour au cours du second semestre de 1920.) Voici ce qu'on lit dans cet article d'Arthur Elek: «Janos Kmetty vient de faire ses débuts de graveur, par un portrait de Béla Bartók, lancé par la maison Rózsa­völgyi . . . Toujours ambitieux, l'artiste, en dépit des dimensions restreintes, n'abandonne pas son idéal; le burin du graveur à la main, il s'efforce néanmoins d'exprimer un message monumental. C'est ainsi que, sous sa main, la tête ascétique de Béla Bartók devient héroïque; héroïques, les formes travaillées avec tant d'énergie et résumées par quelques traits durs, de sa tête. Le problème de la ressemblance est

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